Bienvenue au parc archéologique d’Alésia
Cinquante millions d’euros sont en train d’être investis à Alise-Sainte-Reine par le département de la Côte-d’Or, l’Etat et leurs partenaires, sur un grand projet de parc archéologique. À partir de 2010-2011, les visiteurs pourront ainsi comprendre le contexte et le siège de 52 av. J.-C. en se plaçant tantôt du côté des assiégeants, tantôt du côté des assiégés. Après cinq années d’études et de multiples concertations, les grandes lignes du programme, tracées sur la base des préconisations d’un conseil scientifique, ont été adoptées le 21 juin 2004 (alesia.com).

"Multiples concertations", vous avez bien lu, entre archéologues et responsables politiques peut-être, mais où sont les latinistes, où sont les militaires qui auraient pu apporter leur caution à ce projet qui, il ne faut pas l’oublier, sera financé par le contribuable ?
Les 10 juin, 12 et 26 août 2001, j’ai publié trois articles pleine page dans le journal régional Le Bien public pour mettre en garde les responsables du projet. Aucune réaction, ni pour ni contre. Trois coups d’épée dans l’eau alors qu’au minimum un débat s’imposait.
Les 22 août et 15 septembre 2006, j’ai publié sur Agoravox deux articles dans lesquels j’ai donné une interprétation contraire aux interprétations toujours en cours, et sur les retranchements césariens et sur le déroulement de la bataille. 27 votes, 77 % d’opinions favorables pour le premier ; 87 votes, 91 % d’opinions favorables pour le deuxième. Le ministre de la Culture était aux abonnés absents.
Travaux de César autour d’Alésia (mon article du 22 août, extraits de mes ouvrages).
Les numéros donnent l’ordre dans lequel les travaux ont été réalisés. Les fossés ont probablement été creusés à la pioche, la terre enlevée avec des pelles, et aussi à l’aide des casques. Le terrassement a été réalisé avec des mottes d’herbe que les légionnaires ont découpées avec leurs épées dans le sol ; lorsque l’herbe a séché, les deux mètres de hauteur se sont réduits à quelques centimètres de bonne terre que les paysans ont ensuite nivelée. Les fouilles récentes de la Romisch-Germanische Kommission confirment mon interprétation du texte de César. Le fossé contigu au rempart garde les traces de l’ancienne mise en eau. Il a été comblé par la terre descendue de l’agger. L’emplacement du terrassement a conservé les pierres que les légionnaires ont apportées dans les mottes d’herbe. La trace des poteaux des tours, plantés à travers ces mottes jusque dans la terre ferme, a été retrouvée, ainsi que les trous des aiguillons et des fleurs de lys, mais aussi l’argile qui a calé la base des pieux.
Aujourd’hui, 23 juin 2008, je confirme ma traduction du texte de César telle que je l’avais résumée sur ce croquis.
2. César mène à bien un fossé de 6 mètres de large. Fossam pedum viginti directis lateribus duxit, ut eius fossae solum tantundem pateret quantum summae fossae labra distarent, à 120 mètres des retranchements (de ses grands camps de la plaine) Reliquas omnes munitiones ab ea fossa pedes quadringentos reduxit.
3. Il mène à bien deux fossés de 4,50 mètres de large et d’égale profondeur. Duas fossas quindecim pedes latas, eadem altitudine perduxit, et dérive l’eau de la rivière dans le fossé intérieur, quarum interiorem campestribus ac demissis locis aqua ex flumine derivata complevit.
4. Derrière ces fossés, il construit un agger et un vallum de 3,50 mètres de haut. Post eas aggerem ac vallum duodecim pedum exstruxit.
5. Il revient - rursus - sur ses ouvrages pour les renforcer. Quare ad haec rursus opera addendum Caesar putavit... Itaque truncis... cippos appelabant. On les appelle "cippi", les colonnes de la mort.
6. Devant, on place les fleurs de lys. Ante hos... illium appellabant.
7. Devant, on enterre les aiguillons. Ante haec... stimulos nominabant.
Cet ordre est à l’inverse et très différent de celui que proposent les archéologues.
En outre, je donne 2 mètres à la hauteur du retranchement au lieu de 3,50 mètres de l’archéodrome de Beaune (1,50 mètre de profondeur au fossé/vallum plus 2 mètres au retranchement/agger). Je ne donne qu’un étage aux tours et réduis leur hauteur. Je traduis loricam par palissade de pieux, pinnas par panneaux de branches tressées et supprime les créneaux imaginés par les archéologues. Enfin, au lieu de branches fourchues en forme de bois de cerfs (cervi), je traduis le mot cervis par branches d’épine noire (mes chevaux de frise du croquis), m’appuyant sur la ressemblance de ces branches avec les épines de cerf qui poussent en altitude.
Le déroulement de la bataille (mon article du 15 septembre).
Les archéologues hésiteraient-ils à reprendre leur misérable explication de la bataille ? Etonnant, cette façon d’en parler sans entrer dans le détail ! Car c’est une erreur monumentale que de penser que les Gaulois de l’armée de secours se seraient enfuis de leurs camps sans combattre. Fit protinus hac re audita ex castris Gallorum fuga. La bonne traduction est la suivante : "Le signal de la retraite (donnée par Vercingétorix) ayant été entendu, se fait la fuite des Gaulois en sortant des camps" et non "se fait la fuite des Gaulois hors de (leurs) camps". Les camps dont il s’agit sont les camps romains dont César a parlé au début de son récit (que les Gaulois avaient investis) et non des camps gaulois qui n’ont existé que dans l’imaginaire des archéologues. Et cela change tout. Au lieu de "à l’échelle des historiens, un épisode totalement secondaire" du livre Alésia : l’archéologie face à l’imaginaire, c’est une des plus grandes batailles de l’Antiquité qu’il s’agit d’expliquer aux touristes.
Documents joints à cet article

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