De quoi perdre la boule... de cristal

De Nostradamus à Madame Irma, en passant par de vrais charlatans, et de faux scientifiques, ils sont nombreux à nous proposer l’avenir qu’ils ont lu dans le marc de café, ou la boule de cristal, mais les prédictions de John Elfreth Watkins ne cessent d’intriguer.
C’est en décembre 1900 que cet ingénieur civil américain avait publié dans « The Ladies’ Home Journal », quotidien qui tirait à l’époque à un million d’exemplaire, et qui existe toujours, un article au titre évocateur : « qu’est-ce qui va arriver dans les cent prochaines années ».
Il n’avait pas de boule de cristal, et ne prétendait pas avoir des dons surnaturels, et pourtant ses prédictions résonnent étrangement plus d’un siècle après la publication de son article, article pour lequel il avait consulté des scientifiques.
Sur des sujets mineurs, il annonce, entre autres, l’arrivée de plats cuisinés affirmant : « des plats cuisinés seront vendus par des établissements similaires aux boulangeries d’aujourd’hui. Ils achèteront des matières premières en énormes quantités et vendront des plats déjà cuisinés à des pris très inférieurs à celui des plats cuisinés individuellement »...mais aussi l’arrivée de la clim : « l’air chaud et l’air froid seront fournis par des robinets qui permettrons de réguler la température des maisons... (...) les maisons n’auront plus de cheminées car elles ne produiront plus aucune fumée ».
Mais il y a mieux...
Il a annoncé la réalisation de trains à grande vitesse, roulant à 240 km/h, et même si cet ingénieur s’était passionné pour la conservation de la John Bull, cette locomotive mythique, il fallait tout de même une certaine acuité pour annoncer l’arrivée des TGV.
Il est vrai aussi que c’est en 1900 qu’apparaissaient les premiers moteurs électriques de forte puissance, et la première locomotive électrique datait de 1837.
Une autre de ses prédictions concerne l’image.
Il annonce tout simplement que « les photographies seront télégraphiées sur n’importe quelle distance (...) les photographies reproduiront toutes les couleurs de la nature ».
Et s’il est vrai que l’ancêtre de la photo date de 1839, que le premier Kodak a été lancé en 1888, la couleur ne sera commercialisée qu’en 1907, et il fallait une bonne dose d’anticipation pour annoncer la propagation des photos instantanées et sur n’importe quelle distance.
De la photo à la TV, il n’y a qu’un pas que Watson franchit allègrement.
Il annonce : « l’homme verra le monde entier. Les personnes et les objets de tous types seront mis dans le champ de caméras connectées électriquement avec des écrans à l’extrémité... »
Or s’il est vrai qu’en 1900, le cinéma en est à ses 1er pas, les frères Lumières ayant présenté leurs 1ers films en décembre 1895, (vidéo) que le cinéma parlant ne viendra qu’en 1923, ce n’est qu’en 1926 que l’écossais John Baird réalisera la première retransmission télévisuelle à Londres.
Sur le chapitre de la consommation, Watson annonce purement et simplement la prochaine arrivée dans nos maisons des réfrigérateurs.
Bien sur, l’idée était dans l’air, puisque les ingénieurs étudiaient dès 1851 des procédés de réfrigération fondés sur la détente de l’air, suivis en 1854 par la compression de vapeur (James Harisson en Australie), l’absorption de Ferdinand Carré en France, et la compression de l’ammoniac de David Boyle aux USA en 1872.
Watson écrivait donc : « des réfrigérateurs liquide à air conserveront de grandes quantités de nourriture fraîche sur de longues périodes ». lien
Allons un peu plus loin...
Ce cher Watkins annoncera dès 1900 rien de moins que l’arrivée du téléphone portable.
« Des téléphones partout dans le monde, le téléphone sans fil et les circuits télégraphiques se répandront dans le monde entier (...) par un signal automatique, ils se connecteront à n’importe quel circuit dans leur localité sans l’intervention d’une opératrice ».
Bien sur, il est vrai que le téléphone est exploité aux USA dès 1900, qu’il se développe en France à partir de 1879, mais si le téléphone sans opérateur apparait dès 1891, il ne sera généralisé qu’à la fin des années 1970.
Au-delà de ses prédictions qui finalement n’étaient que du bon sens, basées sur ce qu’il sur ce qu’il avait appris, qui aujourd’hui pourrait nous dire que notre monde dans un siècle ?
Même si quelques uns pour le moins optimistes sont convaincus que la menace climatique sera enfin prise au sérieux, et que les énergies propres auront remplacé tout l’arsenal des énergies sales et fossiles, il est probable que les progrès réalisés seront infimes, et qu’il faut s’attendre au pire.
En 2100, nous serions 12,5 milliards, et les investissements dans les énergies renouvelables auront été largement insuffisants, au fil des COP qui se seront succédées.
Au final la concentration en dioxyde de carbone aura plus que doublé, rendant notre air irrespirable dans les mégas cités.
De nombreuses espèces animales et végétales auront continué de disparaitre, l’eau des océans aura continué de grimper mettant en danger quelques iles, mais aussi les mégapoles côtières comme New-York, Londres ou Tokyo...lien
C’est du moins le scénario n°4 proposé par le magazine « New Scientist »...les 3 scénarios précédents étant largement plus optimistes, à défaut d’être crédibles. lien
En effet, en 2015, les scientifiques ont constaté pour ces 20 dernières années, une élévation du niveau des océans de 7cm, bien plus que ce qui était supposé, même si, comme l’explique Anny Cazeneuve, spécialiste des océans, « si la mer monte partout, elle ne monte pas de manière uniforme sur le globe », et ainsi le Pacifique est plus impacté que les autres océans.
Il y a 20 000 ans, d’après les chercheurs, le niveau des océans était 130 mètres plus bas qu’actuellement, et si au cours des 3 derniers millénaires, la montée était modestement de 0,5 mm par an, le rythme s’est accéléré au 20ème siècle soit de 18,7 cm entre 1901 et 2011.
Une projection pour le siècle à venir permet d’affirmer qu’en 2100, les océans pourraient monter de 45 cm, allant jusqu’à 82 cm. lien
À Londres, ils sont près de 8 millions d’habitants vivant 20 petits mètres au dessus du niveau de la mer. lien
Mais restons optimistes, et tablons que les cerveaux de nos chercheurs auront fait avancer les technologies, bien au-delà de ce que nous connaissons aujourd’hui.
Certains affirment que dans un siècle, nous aurons à disposition des robots de chair et de sang, à notre image, qui s’occuperont de tous les travaux pénibles.
La société Hanson Robotic vient de dévoiler sa dernière création, une humanoïde prénommée Sophia, plus vrai que nature.
Équipé de caméras au niveau des yeux, les mécanismes de son visage peuvent reproduire plus de 60 expressions faciales, et elle peut comprendre notre langage, tout en se rappelant des visages rencontrés.
Comme elle est couplée à des algorithmes, le Dr Hanson affirme : « cela va lui permettre de devenir plus intelligente avec le temps. Notre objectif est qu’elle soit aussi consciente, créative et capable que n’importe quel humain ». lien
Déjà, au Japon, il existe un hôtel presque entièrement géré par des robots, et à Singapour, Nadine, un robot humanoïde, est devenue la réceptionniste d’une université. lien
À Lyon, un laboratoire a déjà réussi à fabriquer de la peau, grâce a une imprimante 3D, et comme l’explique Christophe Marquette, l’un des acteurs de ce laboratoire, « dans cette encre-là, il y a des composants qui font que les cellules vont se développer et fabriquer une peau par elle-même une fois que ça a été imprimé ». lien
Les scientifiques sont convaincus que, sous peu, grâce à d’autres imprimantes 3D, il sera possible de fabriquer des reins, un cœur, un foie, des vaisseaux sanguins, des os...et des lors les robots humanoïdes pourraient profiter de ces avancées. lien
Quand à nos moyens de transports, nos voitures et autres tgv seront probablement désuets dans un siècle.
La SNCF a déjà investi dans l’une des inventions d’Elon Musk, le fondateur entre autres de Paypal, l’Hyperloop, consistant en une capsule de 3 tonnes, propulsée dans un tube quasi vidé de son air, qui atteindrait 530 km/h, (voire plus tard 1200 km/h) ce qui mettrait Paris à 40 minutes de Marseille. lien
Et quid de ce stylo électrique qui laisse présager d’étonnants développements ?
Nul doute que les voitures sans pilote se seront généralisées, même si elles connaissent quelques difficultés ces temps-ci, puis elles voleront, feront de la lévitation
Les avions hybrides, voire solaires,
décolleront et atterriront en mode électrique...les tramways seront aériens, poussés par un champ électromagnétique. lien
Quand à nos voyages dans l’espace, la Nasa est convaincue que le vaisseau spatial du futur fera des sauts temporels (lien), à l’instar de la compagnie japonaise Otuska qui prévoit d’envoyer une capsule temporelle sous la forme d’une canette. lien
Et puis, il faudra bien s’échapper de notre planète devenue probablement invivable, à condition d’en trouver une qui veuille bien nous accueillir.
Mais comme dit mon vieil ami africain : « si perçante que soit la vue, on ne se voit jamais de dos ».
L’image illustrant l’article vient de « flashmagonline »
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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