Les Chanterelles, c’est dans mes cordes !
La vielle, cet instrument ancien, connait bien la chanterelle, cette petite corde doublée, qui d’une manière lancinante et tenace, porte les autres cordes, et s’impose comme indispensable pour présenter la ligne mélodique.
Mais une autre chanterelle mérite aussi le détour, c’est ce champignon délicieux que l’on ramasse de la fin de l’été, voire avant, à la fin de l’automne.

La Vielle, cet instrument du folklore bourbonnais, berrichon ou auvergnat est revenu dans les années 70 au devant de la scène avec le renouveau du Folk, grâce aux Dylan, succédant à Woody Guthrie, Pete Seeger, suivis par les "folkeux" dits « soixante-huitards » qui avec Malicorne, Mélusine, Padygros, et de nombreux autres groupes ont redonné vie à cette musique jugée alors assez désuète.
Un certain René Zosso, que j’ai eu le privilège de connaitre, a porté l’instrument très haut, en se faisant non seulement l’un des chantres du renouveau du Folk en Europe, mais aussi en faisant intégrer cet instrument moyenâgeux dans la musique contemporaine, voire en l’utilisant pour défendre des chansons à texte. lien
René Zosso avait lancé à Genève un Hootnanny, sorte de cabaret libre, ou chacun pouvait proposer à un public curieux deux titres qu’il avait créé…lieu dont il m’avait passé le relais, et qui à permis de découvrir de grands artistes peu connus à l’époque comme Jacques Higelin, ou Alan Stivell, lesquels se sont produits devant une toute petite centaine de privilégiés. lien
Le groupe que j’ai créé alors, Aristide Padygros y a fait ses débuts avant de faire une jolie carrière en France, Belgique, et bien sur en Suisse. lien
Il a été le premier groupe français à chanter en public « travailler c’est trop dur » (lien) chanson Cajun de Zachari Richard qu’à repris bien plus tard avec le succès que l’on sait un certain Julien Clerc. lien
Mais revenons à la Chanterelle.
Les deux cordes de la chanterelle voisinent avec la mouche, le gros et le petit bourdon, et la trompette, et s’accordent différemment suivant les régions, et comme pour beaucoup d’activités humaines, tout est aussi dans le coup de poignet. lien
Cet instrument remonterait au 10ème siècle, avec l’apparition de l’organistrum, un instrument à cordes frottées par une roue en bois, joué par 2 musiciens.
Les 2 chanterelles sont les cordes mélodiques de l’instrument, et comme on le devine, ce sont elles qui dessinent la mélodie. lien
Quand au champignon du même nom, les mycophages le placent parmi les meilleurs du genre, et s’il est vrai que sa couleur jaune d’or le rend facile à repérer, il reste tout de même assez rare.
Récemment, après 2 heures de crapahutage sur un versant incliné dans la campagne environnante, glissant, et ronceux, je n’avais récolté que 3 jolies chanterelles, ainsi qu’une trentaine de trompette de la mort, champignon qui appartient à la même famille que la chanterelle, mais qui ne lui arrive pas à la cheville en terme gustatif.
Ma déception était grande.
Pourtant, une fois chez moi, heureux propriétaire d’une petite maison, mais surtout d’un grand bois de près d’un hectare qui entoure la maison, un bruit de tronçonneuse et de débroussailleuse signalait la présence de quelques forestiers, qui manifestement taillaient à tout va chez moi…
Intrigué, je repris mes bottes, et montais dans le bois pour comprendre de quoi il en revenait.
C’étaient bien des bucherons, mais ils œuvraient de l’autre coté de la propriété, débroussaillant de bon cœur.
En redescendant, il me vint à l’idée de faire un tour dans les broussailles, dans lesquelles je trouve régulièrement en début octobre une poignée de chanterelles.
La surprise fut de taille.
Sous les ronces et les broussailles, un tapis de chanterelles s’étendait quasi à perte de vue.
Devant la quantité visible importante du délicieux champignon, la présence d’un panier s’imposait, et au fur et à mesure que je le remplissais, je me suis décidé à les compter.
J’en ai récolté ce merveilleux 19 aout pas moins de 185… toutes de belle taille, qui ont fait le bonheur de ma table, et celle de nombreux amis… de mémoire je n’ai pas le souvenir d’en avoir trouvé autant.
Je ne sais pas si mon vieil ami africain possède des chanterelles dans ses bois, mais je suis sur qu’il aurait pu me dire : « pourquoi aller chercher si loin ce que l’on a si près ? ».
L’image illustrant l’article est de l’auteur.
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel.
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