Tourner autour du pot
Sans la moindre hésitation.
La sagesse prétendument populaire ne cesse de nous recommander, à tout propos et en maintes occasions de ne jamais tourner autour du pot avant que de nous lancer promptement dans l'action. Si le conseil semble avisé, il n'en demeure pas nimbé d'une terrible imprécision que me laisse circonspect, incertain et pourquoi ne pas le dire, parfaitement dubitatif !
Tourner serait donc l'exact contraire de se jeter à l'eau afin de se mettre en branle. Si cette hypothèse tient la rampe, elle demeure implicitement porteuse d'incertitude quant à la nature même de ce pot qui la plupart du temps ne sent pas le rose. Se jeter à corps perdu dans un pot, voilà curieuse manière d'encourager toute prise d'initiative.
À titre personnel, j'eus préféré que l'on me conseille de contourner le pot, de faire en sorte de lui tourner le dos, de le voir d'un mauvais œil même s'il est équipé d'une lunette. Ce pot qu'il soit de chambre ou bien d'édicule, ne doit pas vous faire tourner au ridicule. Tergiverser à son approche, ce serait faire preuve d'indécision au moment même d'y déposer votre offrande.
La rétention en la matière n'est pas plus bonne conseillère qu'elle ne saurait être salutaire. Il convient bien mieux de lâcher la bride, de vider son sac sans coup férir. Ce pot quoique peu commun désormais puisque l'usage contemporain en fait un lieu éminemment intime, mérite néanmoins plus de respect. Mettre au pot suppose donc de le faire dans le secret d'une démarche personnelle, d'un dépôt qui échappe aux regards inquisiteurs.
Il n'y a donc pas lieu de tourner autour de ce pot à moins qu'il ne soit occupé par un tiers. Si d'aventure, ce tiers prend son temps et que l'envie vous tenaille, vous devinez aisément que l'attente risque fort de tourner en eau de boudin. Vous percevez alors que tout ceci risque de fort mal tourner, ce qui donne toute sa dimension à l'expression qui jusqu'alors, se refusait à ma compréhension.
De là à rédiger un papier, vous aurez beau jeu de prétendre que je pousse un peu loin et certainement bien trop fort un bouchon dont je me refuse à déterminer la nature. Je consens à admettre mon manque de délicatesse à si souvent ramener au premier plan ce pot qui m'obsède. Il n'est pas d'usage dans notre société si bien policée de mettre sur le devant de la scène ce qui relève de l'arrière-cour ou du fond du jardin.
C'est alors que je prends soudainement conscience de ma méprise ? Ce pot là n'est pas, en dépit des apparences culotté. Il n'est pas de ces vieux ustensiles dont on fait les meilleures marmites. Le cul qui accroche en la circonstance n'est pas de nature à entraver sa fonction, bien au contraire à la magnifier, à lui donner tout le sel qu'il mérite.
Cette méprise atteste à l'évidence de mon penchant pour la confusion, mon incapacité à prendre au pied de la lettre l’acception qui convient sans aller quérir une étymologie incertaine. Rendons donc au pot culinaire l'usage d'une expression qui n'a rien à voir avec sa dimension sanitaire. Cette fois, sans risque de m'étouffer, je peux plus aisément tourner ma langue sept fois dans ma bouche, fut-elle d'égout pour me remettre en selle.
Je demeure impardonnable et retombe une fois encore dans ce travers détestable que l'on nomme scatologie. Ceci mériterait une analyse approfondie, un examen plus sérieux d'une prose que j'ai tendance à pondre plutôt qu'à mijoter à petits feux. Au final, le sujet finit par mal tourner et vous laisse un arrière-goût en bouche.
Je referme cette réflexion sans fondement dans laquelle je me suis vautré avec complaisance. Je vous en demande pardon.
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