Trotte trotte sur mon bidet
Un sujet essentiel évacué par le débat
Nous serons éternellement reconnaissant à la maîtresse du Roi, notre chère marquise de Pompadour pour ce qu'elle a permis d'apporter à l'art de vivre à la française. N'oublions jamais sa passion incommensurable pour le légume turgescent qui en cette époque, était blanchi, non pas sous le harnais, mais bien sous une capote qui n'avait rien de préservative. L'asperge lui doit ses lettres de noblesse tant la dame en était gourmande au-delà du raisonnable.
Sans relation aucune, quoiqu'il ne faille pas y mettre sa main au feu qu'elle avait en endroit qui explique son apport essentiel à l'hygiène de ce séant en grand danger de se consumer. Constatant qu'il lui fallait de temps à autres calmer les ardeurs de cette pyromane zone gourmande, la dame conçut un bain de siège pour des ablutions intimes.
C'est en 1710 que les annales retiennent la parution de ce meuble de confort qui fit un temps la gloire de l'industrie sanitaire tricolore. La courtisane de cour désirait laver à grandes eaux son jardin secret pour y recevoir dignement son monarque adoré. Rien n'est du reste précisé sur l'état du plantoir royal lors de ses parties de jambes en l'air.
Nous savons seulement, de sources invérifiables, que le bon roi ayant des mœurs fort cavalières surtout dans le choix de la posture, rapidement ce petit meuble devint le Bidet, un petit cheval de poste pour qui avait flamme en cet endroit pour un service au porteur. Les mauvaises langues ajoutent aussi sournoisement que grivoisement que le verbe Bider qui signifiait à l'époque : trotter, rendait compte de la précipitation à la hussarde du grand Prince.
Toujours est-il que dame Pompadour, après son ouvrage, désirait prolonger le plaisir en trempant l'objet du délit dans une cuvette. Monté sur pied, ce réceptacle permettait assurément de le prendre en dépit des performances décevantes du galant amant. Rapidement, pour honorer malgré tout, le pourvoyeur de généreuses offrandes, la forme en poire fut adoptée pour le susdit Bidet, au nom d'un curieux raccourci langagier.
Désirant sans doute rappeler la mythique ceinture de chasteté, élément plus que douteux mais qui ne cessa de mettre en branles fantasmes et fariboles, le bidet en hêtre, muni d’un bourrelet de cuir pour rappeler sans doute des pratiques qui cinglent les chairs avec un fond en étain et équipé d'une charnière pour évoquer la liaison trop brève, avait pour un usage exclusif une fermeture dotée d'une serrure.
Installé dans la chambre nuptiale ou coquine, l'objet en fut chassé avec l'invention de la plomberie qui imposa un déclassement vers la salle de bain. Les transports amoureux en somme n'étaient rien d'autre que ce trajet de la chambre aux sanitaires pour enfourcher un élément qui longtemps provoqua interrogation et moquerie chez nombres de touristes en visite hexagonale.
Avant la loi sur le contrôle des naissances, le bidet avait réputation de participer grandement à la contraception par une toilette intime grandement arrosée de savon de Marseille. Si pour certaines, le succès fut au rendez-vous, pour d'autres hélas, force est de constater que les espoirs tombaient lamentablement à l'eau.
Au fil de ce XX° siècle de toutes les révolutions, le bidet connut des fortunes diverses. Relégué au rang de lave pied, il descendit soudain de son piédestal avant que de n''être le plus souvent que l'abreuvoir préféré du chien de compagnie. Au fil du temps, il devint un objet parfaitement obsolète, le stigmate lointain d'une époque où la sexualité n'était pas aussi libre.
Le bidet n'est plus, il a déserté les salles de bain comme il avait disparu jadis de la chambre à coucher. Il demeure le témoin d'une époque où le bain de siège avait encore la côte. Une nouvelle tendance ; venue du Japon, lui permettra peut-être un retour en grâce en envisageant une nouvelle pénétration dans les WC par le truchement d'une toilette bidet pour remplacer le papier.
Au bout du rouleau après les différents épisodes sanitaires, en totale pénurie du papier hygiénique, il est assuré que les naufragés du PQ sauront réclamer pareille installation pour faire la nique aux agioteurs des grandes surfaces. La Pompadour y verrait là une belle revanche et une juste réhabilitation de sa réputation.
À contre-jour.
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