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Iqbal Masih, enfant esclave affranchi à 10 ans et assassiné à 12

Iqbal Masih, enfant esclave affranchi à 10 ans et assassiné à 12

Iqbal Masih n'était encore qu'un tout petit enfant pakistanais lorsque ses parents l'ont vendu pour éponger la dette familiale, contractée lors du mariage de son frère. A quatre ans, Iqbal rejoint une de ces fabriques de tapis qui exploitent déjà huit millions de gosses honteusement exploités dans son pays pour la finesse de leurs doigts aptes à réaliser les fameux tapis d'Orient. Pendant six ans, il travaille comme un esclave, les chevilles blessées par de lourdes chaînes. A dix ans il a déjà une tête de vieillard et les mains ravagées d'avoir noué douze heures par jour et pendant 6 ans de précieux tapis revendus à prix d'or en Occident. Un jour de 1993, son calvaire prend fin grâce à Eshan Khan, président de la ligue contre le travail des enfants (BLLF). Lors d'une réunion qu'il organise dans le village d'Iqbal, Eshan découvre le jeune enfant blotti dans un coin de la salle, littéralement effrayé. « Il était émacié et ressemblait à un vieil homme » dira Eshan.
A l’âge de 10 ans, son libérateur l'arrache donc de son métier à tisser pour lui redonner le goût de vivre et la rage de se battre. Iqbal devient alors le symbole de cette jeunesse martyrisée. Il rejoint le Front de Libération du travail des enfants et participe à leur campagne devenant bientôt le porte-parole de l'enfance exploitée. Orateur de talent, il parcourt le monde pour alerter l'opinion internationale sur les conditions de travail inhumaines imposées à des millions d'enfants du Pakistan, de l'Inde, du Bangladesh et d'ailleurs. « Nous nous levons à 4 heures du matin et travaillons enchaînés durant 12 heures… n'achetez pas le sang des enfants ! » s'écrie lqbal dont l'appel bouleverse les consciences.
En janvier 1995, il participe à une Convention contre l'esclavage des enfants à Lahore. Il se rend en Suède et aux États Unis, où il reçoit un prix de la firme américaine Reebok et déclare vouloir utiliser cet argent pour suivre des études d’avocat.
Sous la pression internationale, le gouvernement pakistanais ferme plusieurs dizaines de fabriques de tapis et trois mille petits esclaves sortent ainsi de l'oubli. « Je n'ai plus peur de mon patron, déclare Iqbal qui se rend désormais à l'école de son village, maintenant c'est lui qui a peur de moi » … Mais l'enfant n'aura pas le temps de goûter à sa liberté.
Alors qu'il n'a que 12 ans, l meurt assassiné sur son vélo, le corps criblé de plomb gisant sur la lande de Chapa Kana Mill, près de Lahore (Pakistan). Il avait reçu des menaces de la "mafia de l'industrie du tapis" comme l'affirmait Eshan Kahn. La police pakistanaise écrira dans son rapport : "l'assassinat résulte d'une dispute entre un paysan et Iqbal". Histoire sordide d'un porte-parole qui devenait gênant. Les pistes de ce meurtre sont brouillées alors que la Commission des droits de l'homme du Pakistan a "adopté" la version de la police. 
Départ à la fois prématuré et harmonieux d'un petit prince de lumière qui a donné sa vie pour éterniser, dans l'esprit des nations, le souffle de vie, de vérité, de justice et de courage qu'il avait répandu. Grande âme au sourire d'enfant, Iqbal a réussi sa mission d'Amour : nous pouvons aujourd'hui nous appuyer sur lui pour avancer. « Il était si courageux, disait Khan, vous ne pouvez imaginer »…
Permettra-t-on que le combat d'Iqbal ait été vain ?
 


Archives du journal « l’humanité » (31 mai 1995)

Le combat d'Eshan et d'Iqbal

Eshan Ullah Kahn, président du Front de libération contre le travail forcé des enfants au Pakistan, se souvient du jour où il a rencontré Iqbal, lors d'une tournée dans les villages. « Il était blotti dans un coin de la pièce. Il avait dix ans à l'époque et travaillait depuis l'âge de quatre ans. » Cet ancien journaliste de quarante-sept ans, qui mène la lutte depuis 1967, et qui, par douze fois, fut emprisonné, se souvient du visage émacié de l'enfant et de son souffle asthmatique ressemblant à celui d'un vieillard. « Je l'ai pris à côté de moi, je lui ai parlé. Il fallait lui redonner confiance. »
Eshan arrache le garçon à son enfer. En deux ans, l'enfant parcourt son pays et le monde pour dénoncer l'esclavage. « Il réussit à affranchir trois mille gosses », nous dit Eshan, non sans fierté. « Il faisait preuve d'un courage étonnant malgré les nombreuses menaces de mort qu'il recevait. Il animait des groupes allant à son tour de village en village pour convaincre les familles et les enfants de ne plus accepter leur sort. » Le combat d'Iqbal avait produit ses effets. Sous la pression internationale, Islamabad avait dû fermer quelques dizaines de fabriques de tapis.
Iqbal a été tué dans son village de Muritqe, près de Lahore, mais les autorités refusent de reconnaître que le crime est politique. « Les mensonges des policiers sont flagrants », affirme Eshan. « Les rapports de police sont faux et ne mentionnent pas que le corps a été criblé de balles. L'enquête veut conclure que l'assassinat résulte d'une dispute insignifiante entre un paysan et Iqbal. »
Pour Eshan Ullah Kahn, il est fort probable que les commanditaires du crime ne sont autres que des membres de cette « mafia du tapis », que dénonçait le garçon, la toute puissante Association des fabricants et exportateurs de tapis du Pakistan. Une soi-disant « Commission des droits de l'homme » pakistanaise se débat beaucoup à l'heure actuelle pour faire accréditer la thèse de l'accident. Cette démarche n'étonne pas Eshan. La vice-présidente de cette commission n'a-t-elle pas publiquement déclaré que « le tissage des tapis fait partie des traditions nationales » et qu'« il serait imprudent d'appliquer la loi (interdisant le travail des enfants) dans les conditions de concurrence internationale ».
« Iqbal est mort mais son symbole est vivant », nous confie Eshan, qui avoue aussi « craindre pour sa vie ».


Communiqué de presse d’amnesty international (juin 1995)

Pakistan - Une enquête impartiale doit être menée sur l'assassinat d'un enfant militant contre le travail forcé

Les autorités pakistanaises devraient enquêter sur l'homicide d'Iqbal Masih – ce garçon de douze ans militant pour la cause des enfants – qui serait imputable à des propriétaires de fabriques de tapis agissant avec l'aval du gouvernement.
« Ayant joué un rôle important dans la lutte contre le travail forcé des enfants-esclaves du Pakistan, Iqbal Masih a vraisemblablement été tué pour s'être exprimé en faveur des droits fondamentaux de ses semblables, a déclaré Amnesty International. Il a de nouveau été fait usage au Pakistan des deux instruments utilisés dans le monde entier pour réduire au silence les défenseurs des droits de l'homme : la peur et la violence. »
Iqbal Masih a été abattu le dimanche 16 avril alors qu'il circulait à vélo dans son village de Muridké, dans la province du Pendjab. Autrefois enfant-esclave dans une fabrique de tapis, il était devenu un militant qui aidait les enfants partageant le même sort que lui à connaître leurs droits et recouvrer la liberté.
L'Organisation pense que cet homicide s'inscrit dans le cadre d'une collusion entre des familles puissantes dans le milieu des affaires, des groupes politiques et les autorités policières locales, qui a déjà donné lieu à des menaces et des meurtres de ce genre.
Amnesty International croit comprendre qu'une arrestation a eu lieu en relation avec la mort d'Iqbal Masih. Cependant, pour l'Organisation, toutes les personnes respon-sables de cet homicide, y compris celles qui en auraient donné l'ordre, devraient être traduites en justice. Une enquête exhaustive, impartiale et indépendante devrait également être ouverte sur les allégations selon lesquelles les autorités seraient impliquées dans les mauvais traitements infligés à des défenseurs des droits de l'homme.
Le fait que le gouvernement pakistanais ne traduise jamais en justice les responsables de tels homicides vient renforcer l'hypothèse selon laquelle les autorités consentiraient officiellement à ce que des violations des droits de l'homme soient commises.
Selon Amnesty International, « le gouvernement fait rarement ouvrir des enquêtes sur ces homicides. Très peu de personnes étant jugées, reconnues coupables ou condamnées, les gens ont le sentiment qu'ils pourront se soustraire à la justice ».
En raison de ses activités, Iqbal Masih avait reçu plusieurs menaces de mort au cours des derniers mois. Selon un porte-parole du Bonded Labour Liberation Front (BLLF, Front de libération contre le travail forcé), l'assassinat du jeune garçon pourrait être l'œuvre de ceux que sa lutte dérangeait. Pour le BLLF, le fait qu'Iqbal soit parvenu à libérer d'autres enfants de l'esclavage affectait la rentabilité de l'industrie du tapis locale.
Amnesty International exhorte le gouvernement pakistanais à prendre des mesures pour garantir la sécurité des enfants qui militent contre le travail forcé et de tous ceux qui les accompagnent dans cette lutte.


Poème de Boris Brentchaloff

Il s'appelait IQBAL
vivait au Pakistan
il est mort d'une balle
ce n'était qu'un enfant

IQBAL était esclave
depuis l'âge de quatre ans
enchaîné à l'ouvrage
vendu par ses parents

Un beau jour libéré
il porta témoignage
ignorant le danger
porté par son courage

La mafia du tapis
ne l'a pas supporté
ils lui ôtèrent la vie
pour le prix à payer

Il s'appelait IQBAL
avait juste douze ans
il est mort d'une balle
ce n'était qu'un enfant !


Bibliographie :

  • Richard Werly : Iqbal l'enfant esclave
  • Georges Berton : Iqbal Masih, 12 ans
  • Dominique Torrès : Esclaves
  • Francesco D'Adamo : "Iqbal ,un enfant contre l'esclavage"

Filmographie :

  •  Iqbal, téléfilm de Cinzia Torrini, Italie, 1998 ; fiction inspirée de la vie de Iqbal Masih, enfant esclave au Pakistan.

 


Sources :

L'article dans sa niche : Iqbal Masih, l’enfant esclave

 


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35 réactions à cet article    


  • antyreac 30 mai 2013 15:33

    La mort d’un enfant à mettre sur le compte sur le dos de la famille, de l’état pakistanais,la rapacité des hommes


    • antyreac 30 mai 2013 16:05

      En France on produit des objets,on a des syndicats qui critiquent les patrons et pour autant on ne tue pas les travailleurs

      Ces genre d’événement est bien à mettre sur le dos de ce pays arriéré.
      Il ne faut pas oublié que c’est aussi dans ces pays qu’on pratique les crimes d’honneurs
      et on peut les imputer qu’à la tradition sanguinnaire de ce pays

    • antyreac 30 mai 2013 16:47

      Nous ne sommes pas réellement responsables de ce qui se passe dans certains états ,c’est très très difficile d’y interférer dans la pratique

      Par contre on peut boycotter tel où tel produit on peut faire des compagnes de pression mais les pays concernés souvent contournent ces pressions et ces boycottes les consommateurs se lassent très souvent des ces compagnes et on revient au point de départ 

    • appoline appoline 30 mai 2013 18:58

      Tous les panous-panous du monde n’y pourront rien changer sans revoir sa propre consommation. Rassurez-vous cela ne pourra pas durer encore bien longtemps, nous avons déjà presque tout pompé, la planète va se débarrasser de ses puces très certainement


    • Surya Surya 30 mai 2013 16:16

      Une seule solution : boycotter les produits fabriqués par des enfants, boycotter les marques qui se fournissent chez des employeurs exploitant les enfants. On n’est pas toujours au courant, lorsqu’on achète un produit (sauf pour les tapis, tout le monde le sait) qu’il a été fabriqué par un enfant, mais à partir de l’instant où l’on devient informé, on porte un peu la responsabilité du sort de ces gamins si l’on continue à acheter. Comment c’est possible d’acheter un tapis, même si ce tapis est magnifique, si l’on sait la souffrance qu’à été sa fabrication pour un enfant ?

      Sur cette page, on peut voir une liste de produits (des produits en général, pas des marques, y compris la pornographie !) fabriqués par des enfants.

      J’ai la naïveté de croire que si l’on boycotte les produits fabriqués par les enfants, au final les exploiteurs arrêteront de les exploiter. Et qu’on ne vienne pas me dire que le travail des enfants est une nécessité dans les pays pauvres, qu’ils ne peuvent pas faire autrement.


      • Gabriel Gabriel 30 mai 2013 16:24

        Que peut-on dire d’une société qui assassine ses enfants dans le but de faire des bénéfices sur l’esclavage de ceux ci ? J’ai peur de ne pas avoir le temps d’atteindre les toilettes pour vomir …


        • rocla (haddock) rocla (haddock) 30 mai 2013 16:29

          OK  OK OK 


          Ces fabricants exploiteurs sont des salauds . 

          Mais les premiers salauds sont les gens faisant des enfants pour les 
          vendre .

          Sachez le . 

          • appoline appoline 30 mai 2013 19:01

            C’est pourtant vrai


          • lulupipistrelle 30 mai 2013 17:53

            Dans les années 90 Daniel Mermet avait réalisé de très beaux reportages sur l’esclavage des enfants...en Inde et au Pakistan où des petites filles de 5 ans , sans état civil, travaillaient jusqu’à la mort (précoce) dans des briquetteries...

            A cette époque ma soeur employée par le CICR était là-bas, et elle m’a confirmé. 

            • antyreac 30 mai 2013 18:06

              Ici une intervention des états est possible 

              on peut intervenir en Inde car elle très lié l’économie mondiale alors qu’au Pakistan etat quasi fasciste c’est plus délicat

            • lulupipistrelle 30 mai 2013 18:25

              Le Pakistan est peut-être un état fasciste, mais c’est surtout un de nos bons clients... via les sous-marins qu’on leur a vendu, et Thompson-Thalès leur équipementier électronique qui assure la maintenance.. 


            • antyreac 30 mai 2013 18:38

              D’être bon client de la France 

              ne changera malheureusement rien à la nature de ce régime

            • lulupipistrelle 30 mai 2013 18:45

              .Je voulais juste dire ’il ne faut pas compter sur notre Etat français pour être sourcilleux quant aux droits des enfants au Pakistan parce que ce sont de bons clients... 


            • newsnews 30 mai 2013 18:04

              Merci à l’auteur de nous rappeler les tristes réalités de notre monde. (

              certaines réactions parlent de boycotts..... je me demande si ce ne serait pas pire. SI personne n’achète ces produits, que deviendront ces gosses ? Ils seront probablement exploités pour faire autres choses dans leur pays ou un autre ou alors, ils crèveront comme des chiens (entre la peste et le cholera, que choisir ?)

              Pour moi, les 2 principaux problèmes sont « le système économique » et « l’Homme »

              Le systeme économique, car il se fout complètement du bien-être humain

              et l’Homme, qui se fout de son prochain (sachant que les 3/4 de l’Humanité croit en Dieu, ca laisse songeur)

              vous pouvez changer le système et en établir un qui sera bénéfique pour l’Homme, mais tôt ou tard, il sera pervertis par les plus pourris d’entre nous. Le pourri gagne toujours, car il n’a aucune limite, aucune barrière morale...

              bref, pour moi, le problème est impossible à résoudre.

              ’j’espère ne pas vous avoir pourri le moral avec mes idées noires


              • antyreac 30 mai 2013 18:30

                D’en parler et prendre conscience c’est déjà beaucoup.

                Malheureusement des injustices criantes sont si nombreuses à travers le monde qu’il est souvent très difficile de se fixer une priorité.
                D’autant plus qu’il y a souvent des intérêts croisés avec tous les autres états qui n’ont rien à faire de la vie de ces pauvres enfants.

              • francesca2 francesca2 30 mai 2013 18:36

                C’est vrai que c’est plutôt dépressif mais je crois que vous avez raison.

                Le boycott n’est pas spécialement efficace : seuls le plus aisés peuvent se le permettre.
                Le salut passe par la scolarisation de ces enfants, il faut absolument soutenir les parents qui scolarisent leurs enfants. 

              • Surya Surya 30 mai 2013 18:47

                Et que deviennent plus tard ces enfants, s’ils ont la chance de survivre ? Peut être des adultes que personne ne voudra embaucher parce qu’embaucher un adulte revient plus cher qu’embaucher un enfant. Impeccable pour plonger quelqu’un dans le désespoir et la misère, et le voir peut être ensuite vendre ses propres enfants pour survivre, si toutefois il en a un jour. Ou basculer carrément dans la violence.
                Il ne s’agit pas d’enfants aidant leurs familles dans les champs parce que les gens sont trop pauvres pour envoyer leurs enfants à l’école et ont besoin de cette main d’oeuvre. Ici, on parle d’enfants maltraités et réduits en esclavage. Iqbal avait des chaînes aux chevilles ! Vous parlez de situation pire si l’on boycotte, je ne suis pas sûre que ce soit le cas. La pression internationale à la suite de l’histoire d’Iqbal a réussi à faire libérer de nombreux enfants. Ne pas boycotter, c’est accepter leur situation. Sinon, autant dire aux mecs qui partent dans les pays pauvres pour se trouver des fillettes, bah, allez-y, sinon la situation de ces gamines risque d’être pire, que vont-elles devenir, les pauvres, si vous boycottez leurs services ?


              • antyreac 30 mai 2013 18:51

                Le salut passera par une véritable démocratisation de ces états et une prise de conscience des opinions publics des ces états sans parler évidement d’un développement économique nécessaire pour se passer du travail des enfants


              • Surya Surya 30 mai 2013 18:52

                Francesca, scolariser ces enfants, c’est les soustraire au monde du travail, ou pire, à leur esclavage. Ce ne sera possible que s’il n’y a plus de demande pour ces tapis (ou autres produits) achetés très bon marché par les pays riches. Et tant qu’il y aura de la demande, il y aura des exploiteurs. Et pour qu’il n’y ait plus de demande, il faut une prise de conscience chez nous que nous contribuons, par nos achats, à empêcher la scolarisation de ces enfants. Après tout, c’est nous qui réclamons ces tapis !! Et qui dit prise de conscience, dit décision d’arrêter d’acheter ces produits, donc boycott. Comment appeler ça autrement ?


              • antyreac 30 mai 2013 19:05

                Qui boycottera ces produits qui sont autant destinés à l’étranger qu’au marché local.

                C’est comme en Inde où les briqueteries travaillent exclusivement pour les marché local
                Alors une prise de conscience en occident d’accord mais surtout dans les pays concernés.

              • francesca2 francesca2 30 mai 2013 19:06

                Surya, le boycott est un plus, pas une solution. 

                La scolarisation des enfants doit être subventionnée par l’aide internationale, on le fait déjà dans certains Pays africains il me semble et et les résultats sont prometteurs. 
                Bien sûr, le travail des enfants ne va pas disparaître du jour au lendemain, mais un enfant instruit a des possibilités d’une vie meilleure. 

              • Surya Surya 30 mai 2013 19:27

                Ok antyreac et Francesca.
                N’oublions pas cependant qu’il ne s’agit pas seulement de travail des enfants, qu’il faudrait en effet éliminer, même progressivement, par des aides à la scolarisation, mais ici ça va au delà, c’est de l’esclavage accompagné de torture. Et là, il y a carrément urgence.
                En bref, nos pays pas hypocrites du tout acceptent en toute connaissance de cause d’avoir comme partenaires économiques des pays qui ferment les yeux sur le fait que des exploiteurs torturent chaque jour, parfois jusqu’à les faire mourir, des enfants.
                Décidément, on les veut vraiment, nos beaux tapis pour décorer nos beaux petits salons confortables...


              • newsnews 30 mai 2013 19:47

                « La pression internationale à la suite de l’histoire d’Iqbal a réussi à faire libérer de nombreux enfants. Ne pas boycotter, c’est accepter leur situation. Sinon, autant dire aux mecs qui partent dans les pays pauvres pour se trouver des fillettes, bah, allez-y, sinon la situation de ces gamines risque d’être pire, que vont-elles devenir, les pauvres, si vous boycottez leurs services ? »

                Et que sont devenus ces gosses libérés ? nous n’en savons rien,et ne croyant pas aux contes de fées, ils ont probablement été repris/exploités par d’autres ateliers. Voire pire, circuit de prostitution,vol, etc....

                Je n’accepte pas la situation, mais aucune action de ma part n’y changera rien. Cette situation nous révolte probablement autant tous les deux, mais il ne faut pas se leurrer, ca ne changera rien en boycottant. Faites le tous, et ce mal ira ailleurs, dans un pays limitrophe, et dans 5 ans, vous boycotterez ce pays limitrophe etc....

                Quant aux topos sur les gamines exploitées sexuellement : je pense que vous cous emportez. Ce n est pas la même chose. Dans le cas des ateliers de tapis, vous pouvez boycotter l achat de tapis de ces pays. Dans le cas de l exploitation sexuelle de gamines, si vous n etes pas un pervers sexuel, vous faites quoi ? que voulez vous boycottez ? ne pas partir en vacances ( en touriste respectueux) dans ce pays ? et vous punirez les habitants du pays tout entier, qui seront en core plus pauvre, et seront encore plus enclin à prostituer leurs gosses.... cercle vicieux....

                il ne faut pas tout mélanger



              • Surya Surya 30 mai 2013 20:01

                newsnews, chaque fois que j’ai lu qu’un pervers sexuel s’était fait prendre et était jeté en prison, la condamnation venait du pays pauvre où il était venu se servir, pas du pays d’où était originaire le bonhomme.

                Ce que je veux dire, c’est que bien sûr les autres ne sont pas des pervers, mais quand on ferme les yeux sur une situation, c’est comme si on l’ accepte.

                Alors certes, je m’emporte peut être, mais je ne pense pas tout mélanger. Du reste, ce n’est pas le pays tout entier qu’il faut boycotter, juste le produit s’il est fabriqué par des enfants.

                Eh bien oui, si j’ai connaissance du fait qu’une marque, par exemple de vêtements, se fournit à l’étranger dans un atelier qui emploie des enfants, je boycotterai cette marque, et ce ne sera pas un boycott temporaire dont je finirai pas « me lasser », mais ça sera définitif.

                Le problème, c’est que les boycotts ça marche tant qu’on fait de la pub pour que les gens contribuent, et dès qu’on arrête, les gens laissent tomber.

                Vous connaissez beaucoup de gens qui continuent à donner de l’argent à la recherche contre les maladies génétiques, une fois que le Téléthon est terminé ?

                Je me trompe peut être, mais j’ai pas envie de participer à ça, en contribuant par mon achat à créer une demande, à maintenir la demande, et donc contribuer à empêcher la scolarisation de ces enfants. Voilà, c’est tout.


              • Surya Surya 30 mai 2013 20:04

                Vous allez me dire que je mélange encore tout : le boycott et le téléthon, c’est juste que l’idée m’est venue du téléthon, dans le sens où là encore on parvient à mobiliser des gens, mais de façon temporaire, à l’occasion d’un événement pour lequel on a fait de la pub.

                Rassurez vous je ne mélange pas le téléthon et boycotter des produits faits par des enfants.


              • newsnews 30 mai 2013 20:18

                @SURYA

                « [...] mais quand on ferme les yeux sur une situation, c’est comme si on l’ accepte. »

                je ne pense pas. Pour moi, ce n est pas de l acceptation, mais de l impuissance face à une perversité d’un système et au bout du compte, le boycotte est pour nous une façon de se donner bonne conscience (ne prenez pas cette phrase comme une attaque personnel, c est un simple constat)

                « Du reste, ce n’est pas le pays tout entier qu’il faut boycotter, juste le produit s’il est fabriqué par des enfants. »

                OK, mais dans le cas de l exploitation sexuelle, que voulez vous boycotter . Dans le cas de la Thailande par ex ? Les pervers sexuels ne font pas boycotter leur vice (ou perversion) ! et nous, que boycotte-t-on ?

                quant au boycotte de produits fabriqués par des enfants, je pense que malheureusement, ca ne résout pas le problème mais ca le déplace seulement (les racines du pb sont trop profondes). SI je devais faire une comparaison, c est comme les caméras de surveillance.... EN Angleterre (pays où il y a le plus de caméra au monde), la criminalité, délinquance se déplace simplement là où il y a moins ou pas de caméras.... donc, ca ne résout pas les causes de cette délinquance ou criminalité.

                et ca permet à un crétin de politiciens de se faire mousser en disant qu’il a résolu le problème alors qu’il a refilé le pb à quelqu’un d autre, qui va s empresser de mettre des caméras de surveillance.... et ainsi de suite....


              • Surya Surya 31 mai 2013 09:23

                Bonjour newsnews,

                Désolée de ne pas avoir répondu hier soir pour cause de déconnection d’internet.

                Je ne crois pas à l’impuissance face à une situation, quelle qu’elle soit. On ne peut pas changer le monde à notre niveau, là je suis d’accord, mais on peut y contribuer. Chaque goutte d’eau finit par former un océan comme dirait le proverbe. 

                Même s’il s’agit de se donner bonne conscience lorsqu’on boycotte, ce que je ne pense pas mais tant pis si d’autres le pensent, je préfère malgré tout cette attitude à celle qui consiste à dire « ça me choque, c’est horrible, les pauvres petits... mais que voulez vous que je fasse ? Non seulement j’y suis pour rien, mais si j’arrête d’acheter leurs tapis, de toute façon, ils feront autre chose » et là, on se donne bonne conscience de continuer à acheter le tapis.

                Je sais que vous n’avez pas dit dans vos coms plus haut « je n’y suis pour rien », je ne parle pas de vous mais des discours qu’on entend régulièrement. En plus c’est faux qu’on y est pour rien. Les tapis sont peut être également destinés au marché local, mais n’est-ce pas vouloir mettre la tête dans le sable que de dire « de toute façon, les tapis sont également destinés... »

                De toute façon... Rien que cette expression montre bien qu’on n’a pas envie de faire face à nos responsabilités. En gros, pas la peine qu’on se remette en question, puisque « de toute façon »...

                Si les exploiteurs savent qu’ils ne pourront plus exploiter les enfants parce que cela provoquera un boycott des produits proposés, ils finiront par traiter les mômes autrement. Je ne dis pas que le travail des enfants s’arrêtera du jour au lendemain, mais au moins que les gosses commencent par travailler dans de bonnes conditions, et ne soient pas réduits en esclavage ! Qu’ils ne soient pas enchaînés et battus !! 

                Alors non, je ne considère pas le boycott comme une action destinée à se donner bonne conscience. Ou alors ça suppose qu’on avait, quelque part, mauvaise conscience d’acheter ces produits... Dans ce cas, si nous avons mauvaise conscience de les acheter, pourquoi forcer ensuite notre tête à entrer dans le sable pour ne plus rien voir ?

                Franchement, je ne vois pas du tout où se situe la bonne conscience dans tout ça. Je boycotte parce que la situation me révolte (n’est-ce pas en fait positif de « s’emporter » dans de pareilles situations ?) et non pour me donner bonne conscience.

                Nous bien sûr, à notre niveau, je ne sais pas ce qu’on peut faire contre la prostitution des fillettes en Thaïlande par exemple, mais nos Etats, eux, ils peuvent parfaitement dire aux pays concernés (qui luttent contre cela, voir les condamnations des criminels, ne pas croire qu’ils prennent leur taxe au passage, ou alors si c’est le cas...) on accepte tel contrat commercial avec vous, mais à condition que vous acceptiez de prendre telle ou telle mesure.

                Un peu comme la marque de vêtements dont je parlais plus haut. Ne me dites pas que les dirigeants de cette marque ne savent pas, et pas besoin de s’être rendus sur place pour le savoir, que leurs vêtements sont fabriqués dans des ateliers où les gens, et pas seulement les enfants, bossent dans des conditions épouvantables. Ces marques ont parfaitement les moyens d’investir un peu pour améliorer sur place les conditions de travail des gens qui bossent POUR EUX. Mais ils ne le feront pas. Parce que soit ils s’en fichent, soit « de toute façon »...

                En Angleterre il est beaucoup plus courant qu’en France d’avoir des caméras de surveillance dans les grands magasins par exemple. C’est annoncé à l’entrée, « CCTV ». La différence avec la France, c’est que vous n’avez pas systématiquement une armée de vigiles qui vous accueillent avec un regard immédiatement soupçonneux dès que vous avez le malheur de mettre les pieds dans le magasin. Dans la ville où je me trouve, il n’y a AUCUN vigiles. J’en ai pas vu un seul. Certes vous êtes à priori filmés si le magasin est équipé, et donc tout le monde est filmé, mais en contrepartie on vous fiche une paix royale pendant vos achats. Même si on se sait filmé (et personnellement je m’en fiche, je ne suis pas une voleuse, donc qu’ils me filment si ça peut leur faire plaisir, je n’ai rien à cacher) on ne se sent pas du tout soupçonné. Il n’y a pas de regards hostiles en guise d’accueil, ce qui est tout de même un comble. En France, vous entrez dans un magasin, vous êtes client, et le tout premier accueil qu’on reçoit, c’est un regard hostile. Excusez moi mais ça change la vie d’entrer dans un magasin et être accueillie par des gens souriants et pas par des sbires.

                Quant aux caméras dans la rue, s’il y en a, et il y en a sûrement, je ne les ai jamais remarquées, et je n’y pense même pas. Personnellement je pense que ça aide, mais ça ce n’est que mon opinion personnelle. En plus, si le délinquant se déplace pour aller commettre son délit ailleurs, c’est bien la preuve que la caméra le gêne et qu’il veut commettre des délits là où il n’y en a pas. Donc ça montre bien que les caméras sont dissuasives.

                Le mec de La Défense, il n’a pas été repéré grâce à la caméra ?

                Il m’est arrivé à Londres d’oublier de fermer mon sac à main (je suis très tête en l’air), et d’aller comme ça dans le métro, dans la rue, partout, et quand je m’en suis rendu compte, forcément j’ai paniqué, mais en fait il y avait encore tout dans le sac, le porte monnaie, tout. 

                Et puis à l’heure où tout le monde se filme en permanence avec de petits téléphones portables discrets, où de simples citoyens mettent sur internet des scènes dont ils ont été témoins, et jouent donc le rôle de caméra de surveillance, c’est un peu drôle de râler contre des caméras de surveillance sous prétexte que là, ce sont les autorités qui les ont installées.


              • voxagora voxagora 30 mai 2013 19:29

                Et cet Eshan Khan,

                il ne savait pas qu’en instrumentalisant cet enfant 
                pour sa propre gloire, il le condamnait à mort ?


                • newsnews 30 mai 2013 20:03

                  je me suis dit la même chose en lisant l’article. Je me suis même demandé si sa famille n’aurait pas voulu le tuer « pour laver leur honneur » 

                  Eshan Khan aurait pu s’arranger pour le faire adopter dans un pays étranger par ex....(mais bon, on n en sait rien, il lui a peut être proposé, et le gosse a peut etre refuser...)


                • antyreac 30 mai 2013 20:47

                  N’oublions pas qu’on France au 19ème siècle on faisait aussi travaillait les enfants dans les usines et dans les mines

                  Les combats des hommes syndiqués ou pas ont permis d’interdire graduellement les travail des enfants
                  On voit par ce exemple que seul la responsabilisation des hommes a permis de faire disparaître cette infamie qu’était le travail des enfants

                  • Benoît RIVILLON Benoît RIVILLON 31 mai 2013 10:05

                    Je voudrais te remercier pour ce si bel article qui rappelle l’horreur humanitaire du travail des enfants, que ce soit dans les mines de Kaolin, dans les cuves des méthaniers où ils s’abîment les poumons, ou dans les fabriques de tapis. Il rappelle aussi et de belle manière (et la beauté sauve face à de si tristes événemets) l’exemplarité de cet enfant, donnant encore à ceux qui doutent la force d’espérer en un bonheur possible.

                    Je me souvensais il y a quelques semaines justement de ce garçon, dont la télévision française avait parlé lors de son passage à l’Unesco et quelques semaines plus tard de son assassinat. J’en avais pleuré de rage.

                    On se demande pourquoi certaines églises, si promptes à fabriquer des saints prestigieux, n’aient pas cité ce véritable petit Christ en exemple, et pourquoi celui-ci n’est pas devenu une icône brandie par l’Unesco à la face de ceux qui, armés jusqu’aux dents, profitent de leur travail et ferment les yeux sur leur propre humainté.


                    • Ruut Ruut 31 mai 2013 14:09

                      Comme si nous avions encore la possibilité d’acheter du 100% fabriqué en France de qualité.


                      Même le Fabriqué en France ne garantie pas le 100 % fabriqué en France.


                      • Ruut Ruut 31 mai 2013 14:11

                        J’attend un système d’exploitation Français et une marque française de conception et de fabrication d’ordinateurs.

                        Si vous savez, je suis intéressé.
                        Pareil pour tout équipement multi média.
                        J’ai beau chercher en grande surface rien....
                        Si des fois des bonbons et du PQ.



                        • Isis-Bastet Isis-Bastet 2 juin 2013 15:58

                          Autre histoire d’esclavage d’enfant : « Ma vie d’esclave » par Mende Nazer, soudanaise. Un livre que je recommande.


                          • passtavie passtavie 8 janvier 2014 20:48

                            J’avais lu l’histoire d’Iqbal qui m’avait ému. Je l’ai toujours gardé en mémoire. Il mérite d’être connu et donc qu’on le fasse connaître. 
                            Je me dis parfois que sans protection de l’enfance, nous aurions nous aussi notre lot de bourreaux d’enfants. Je me dis que au vu de ce qu’un humain peut faire subir à un autre être humain, tout en étant sûr de son bon droit, il faut rester vigilant et ne pas laisser glisser les lois vers le « laisser faire ».
                            Comment encenser ceux qui vont chercher à réduire les coût en utilisant, indirectement, ces enfants comme main d’oeuvre. Comment ne pas oublier qu’au 19 ème siècle, ce sont nos aïeux, enfants, qui étaient traités de la sorte. Honte à ceux qui bousillent des vies, des destins par cupidité.

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