Rudolf Otto, Le Sacré
Rudolf Otto, Le sacré, l'élément non rationnel dans l'idée du divin et sa relation avec le rationnel, traduit de l'allemand par André Jundt, PBP, 1995
Table des matières :
Préface du traducteur - 1. Le rationnel et le non-rationnel - 2. Le numineux - 3. Les éléments du numineux - 4. A. Le "sentiment de l'état de créature" - 4.B. "Mysterium tremendum" : 1. L'élément du tremendum - 2. L'absolue supériorité de puissance - 3. L'élément d'énergie - 5. L'élément du mystère : 4. Le "tout autre" - 6. Hymnes numineux - 7. Le fascinant - 8. L'énorme - 9. Analogies : 1. - 2. La loi de l'association des sentiments - Schématisation - 10. Le "sanctum" en tant que valeur numineuse : 1. L'auguste - 2. Le péché, la propitiation, l'expiation - 11. Que faut-il entendre par l'irrationnel ? - 12. Les moyens d'expression du numineux : 1. Les moyens dircets - 2. Les moyens indirects - 3. Les moyens d'expression du numieux dans l'art - 13. Le numineux dans l'Ancien Testament - 14. Le numineux dans le nouveau testament - 15. Le numineux chez Luther - 16. Evolutions - 17. Le sacré en tant que catégorie "a priori" : première partie - 18. La catégorie du sacré dans son apparition fhistorique - 19. L'état du sentiment inculte - 20. Le scaré en tant que catégorie "a priori" : seconde partie - 21. La manifestation du sacré - La faculté de divination - 22. La divination dans le christianisme primitif - 23. La divination dans le christianisme actuel - 24. L'a priori religieux et l'Histoire - Appendice - Traduction des termes étrangers
Le livre :
L'ouvrage le plus célèbre d'Otto, Le Sacré, publié en 1917 sous le titre allemand Das Heilige - Über das Irrationale in der Idee des Göttlichen une seil Verhâtnis zum Rationalem (Du sacré - Sur l'irrationnel des idées du divin et de leur relation au rationnel. Il s'agit de l'un des plus grands succès de la littérature théologique allemande du XXème siècle. L'ouvrage a en effet toujours été réédité, et existe actuellement en plus de 20 langues. Otto y définit le concept de « sacré » comme étant numineux, notion qui fait référence à une « expérience non-rationnelle, se passant des sens ou des sentiments et dont l'objet premier et immédiat se trouve en dehors du soi ». Otto crée ce nouveau concept depuis le latin "numen" faisant référence à la divinité. Le numineux est ainsi un mystère(latin : mysterium), à la fois terrifiant (tremendum) et fascinant (fascinans). Otto propose ainsi un paradigme (modèle) pour l'étude des religions, se focalisant sur le besoin de réaliser le sentiment religieux, considéré comme non réductible et comme une catégorie en soi. Objet de multiples critiques survenues en 1950 et 1990, le paradigme d'Otto revient sur le devant de la scène avec la philosophie phénoménologique qui, par certains aspects, s'en rapproche. (source : wikipedia)
L'auteur :
Rudolf Otto (25 septembre 1869 – 6 mars 1937) est un théologien luthérien, également universitaire en religion comparée, de nationalité allemande. Rudolf Otto dans Le Sacré a proposé le terme de « numineux » pour qualifier cette sphère au-delà de l'éthique et du rationnel, qui se présente sous le double aspect d'un mystère effrayant et fascinant. Né à Peine près d'Hanovre, Otto, élevé dans la foi luthérienne, suit des études au Gymnasium Andreanum d'Hildesheim puis étudie aux universités d'Erlangen et de Göttingen, où il réalise une dissertation sur Martin Luther et le Saint Esprit. Il découvre les pensées d'Albrecht Ritschl et de Friedrich Schleiermacher. Il est ensuite distingué par une habilitation à la suite d'une étude sur Kant. En 1906 il devient « professeur extraordinaire » en théologie et en 1910 il reçoit un docteur honoraire à l'université de Giessen. Il s'intéresse alors à l'histoire et à la psychologie de la religion (en allemand Religionswissenschaft), dans une optique proche de celle adoptée par Jakob Friedrich Fries. En 1915 il devient professeur ordinaire à l'université de Breslau puis en 1917 il enseigne à celle de Marbourg, l'une des plus importante université protestante au monde. En 1911 et 1912, Otto réalise un voyage en Afrique puis en Inde et au Japon. Il travaille alors sur une comparaison des spiritualités orientales et des spiritualités occidentales, synthétisées dans deux ouvrages : Westöstliche Mystik en 1926 (Mystique d'Orient et mystique d'Occident, Paris, 1951) et Die Gnadenreligion Indiens und das Christentum en 1930. En dépit de plusieurs invitations d'autres établissements de renom, Otto décide de demeurer à Marbourg pour le reste de sa vie. Il se retire de toute activité professionnelle en 1929 et décède huit années plus tard, d'une pneumonie.
Quatrième de couverture :
"Le sacré : ce n'est pas exclusivement le "religieux", ce n'est pas non plus le non-rationnel, c'est un sentiment propre, isolable, spécifique, qui permet la manifestation de forces psychiques inconscientes où se mêlent, dans une alchimie particulière, le divin et l'humain, le rationnel et le non-rationnel ; c'est l'impression produite par l'objet religieux, le sentiment du mystère, du "tout autre", que l'auteur analyse ici dans ses multiples développements. Il propose une interprétation générale du concept, avant de présenter ses développements dans la tradition religieuse occidentale, et nous fait ainsi comprendre comment la religion, fondée sur le "sacré" qui est une production de la raison, permet de maintenir le lien avec le mystère.
Résumé personnel de l'ouvrage :
Rudolf Otto présente dans le premier chapitre la notion centrale de son ouvrage : le "numineux", un néologisme de son invention, qui désigne l'essence même des religions, leur "partie la plus intime", au-delà de leur aspect moral, rationnel, politique, social ou esthétique auquel on essaye souvent de les réduire. Otto crée ce nouveau concept depuis le latin « numen », la puissance agissante de la divinité
Il décline tout au long du livre les caractères spécifiques du "numineux" : le non-rationnel (le numineux est irréductible à la raison), le sentiment de l'état de créature provoquée dans la conscience par le sentiment de l'objet numineux, le "mysterium tremendum" : l'effroi mystique, l'absolue supériorité de puissance (majestas), l'énergie, le mystère, le "tout autre", le démoniaque, le fascinant, l'hyperbolique, l'énorme, le sublime, l'auguste... Tout ce qui provoque le sentiment du péché et le désir de propitiation et d'expiation.
Rudolf Otto s'intéresse par ailleurs aux moyens d'expression directs et indirects du numineux, à l'expression du numineux dans l'art et en particulier dans la musique, au numineux dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament, à la façon dont Luther a perçu le numineux et à l'évolution du numineux comme passage du démoniaque (daimonion) au divin (theion).
Selon Otto, le sacré est une catégorie a priori de la raison qui se manifeste dans le monde des phénomènes, mais qui échappe aux explications sensualiste et évolutionnistes : "Les idées rationnelles d'absoluité, de perfection, de nécessité et d'entité, et de même celle de bien en tant que valeur objective et objectivement obligatoire, ne procèdent d'aucune perception sensible, de quel genre qu'elle soit, et ne peuvent s'expliquer par une telle évolution" (p.160).
Il passe en revue les notions qui précèdent "comme un parvis" l'apparition historique de la notion de sacré, telles le pur et l'impur, le culte des morts, le culte des esprits, la magie, les mythes et légendes, l'adoration d'objets naturels, terribles ou surprenants, nuisibles ou utiles, l'idée de la "puissance", le fétichisme, le totémisme, le culte d'animaux ou de plantes, le démonisme ou le polydémonisme.
Il évoque "l'état du sentiment inculte" dans les religions primitives, et s'intéresse aux manifestations du sacré et à la "divination" dans le christianisme primitif et actuel : en quoi le Christ est-il Dieu ? Comment sa divinité est-elle perçue ?
Dans le dernier chapitre ("L'a priori religieux et l'histoire"), il revient sur la distinction entre "révélation interne" (spéciale) et "révélation externe" (générale) : "Toute religion qui prétend être quelque chose de plus qu'une simple foi traditionnelle reposant sur l'autorité, toute religion, comme c'est surtout le cas du christianisme, qui veut faire naître la conviction, la persuasion interne et personnelle, c'est-à-dire mener à la connaissance intime de la vérité qui est en elle, suppose nécessairement qu'il existe certains principes de connaissance (le témoignage immédiat du "spiritus sancti internum") en vertu desquels elle peut être reconnue comme vraie."
Le numineux :
"Le numineux est, selon Rudolf Otto et Carl Gustav Jung, ce qui saisit l'individu, ce qui venant « d'ailleurs », lui donne le sentiment d'être dépendant à l'égard d'un « tout Autre ». C'est « un sentiment de présence absolue, une présence divine. Il est à la fois mystère et terreur, c’est ce qu’Otto appelle le mysterium tremendum. » Le concept du « numineux » apparaît pour la première fois chez Rudolf Otto dans son livre Le Sacré, publié en 1917 sous le titre allemand Das Heilige - Über das Irrationale in der Idee des Göttlichen und sein Verhältnis zum Rationalen (Du sacré - Sur l'irrationnel des idées du divin et de leur relation au rationnel') L'expérience numineuse est pour lui l'expérience affective du sacré. Otto crée ce nouveau concept depuis le latin « numen », la puissance agissante de la divinité. Le numineux est compris comme mysterium tremendum. Les deux notions sont intimement liées dans le concept de numineux. Le tremendum est l’effroi ou la terreur de la divinité, dans tout ce qu’elle a d’incompréhensible et de mystérieux. Le mysterium est l’appréhension d’un tout autre, altérité radicale, qui nous paralyse et nous fascine. Il prend ainsi la forme du fascinans, celui qui « séduit, entraîne, ravit d’étonnement », emporte dans « le délire et l’ivresse ». Le numineux est alors pris entre le pôle d’attraction séduisante, presque dionysiaque du fascinans et celui de répulsion par l’effroi dutremendum, en présence permanente du mysterium. Cette double tension nous fait prendre conscience de notre impuissance et finitude par rapport au tout autre, devant lequel on s'abîme dans notre propre néant. Le sentiment religieux est donc sentiment de dépendance face à la divinité transcendante."
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