Avez-vous connu le « zizi de Pépé » ?
Avec sa vénérable halle du 16e siècle et ses maisons en granite posées en sentinelle à l’entrée est de la Côte des Légendes, elle est bien tranquille, la petite ville de Plouescat. Il y a 27 ans, un attentat inqualifiable y a pourtant été commis...

Un attentat, certes, mais un attentat légal, perpétré par les hommes de main du premier magistrat de la ville, M. René Dincuff, maire conservateur de Plouescat au moment des faits.
Il faut dire qu’il en avait sans doute assez, ce brave maire, des plaintes récurrentes qui lui étaient adressées par certains de ses administrés : les culs-bénis, les mal-baisées (si, si, il paraît qu’il en avait à Plouescat !) ou les pères-la-pudeur (il y en avait également !). Bien que Plouescat se soit développée en bordure du Bro Pagan, ce pays païen dont chacun sait qu’il commence dans la commune voisine de Tréflez, de simples quidams étaient d’avis que l’on était allé trop loin...
Le fait est qu’il avait fière allure, ce fameux zizi de Pépé, et constituait l’une des attractions majeures de la plage de Porsmeur. Et pour cause, ce n’est pas tous les jours que l’on peut admirer une telle représentation phallique de deux mètres de hauteur. Les jeunes garçons, dépités, comparaient ce fier membre viril avec leur propre chipolata, et les jeunes filles, soudain prises de chaleurs au bas-ventre, se prenaient à fantasmer en lorgnant sur cette impressionnante érection. On a même été jusqu’à dire que des jeunes femmes en mal d’enfant allaient nuitamment se frotter à ce vit de granite pour vaincre une infertilité persistante.
Bref, monsieur le maire était irrité et n’était pas loin de penser que ce zizi exhibitionniste attentait à l’ordre public. Mais que faire ? Les semaines, les mois, les années passaient, et le zizi de Pépé continuait d’alimenter les critiques de quelques grenouilles de bénitier et d'un quarteron de bourgeois bien-pensants qui estimaient que l’image de Plouescat était brouillée par cet appendice minéral un peu trop évocateur.
Encore n’avait-on pas tout vu. En 1975, un groupe d’étudiants, armés de brosses et d’un pot de peinture, avait coloré de rouge le gland provocateur. Dès lors, la réputation du zizi n’avait cessé d’enfler, si l’on ose dire. Et cela d’autant plus que, tous les ans, cet insolent membre, triomphe de la virilité masculine, retrouvait en début d'été la belle couleur rouge de son gland, quelque peu mise à mal par les grains et les tempêtes de l'hiver léonard.
Bien qu'il n'y ait jamais eu la moindre plainte officielle contre le zizi de Pépé, c’en était trop pour le maire « divers droite » René Dincuff. Le 12 juin 1987, il faisait dynamiter le rocher sans autre forme de procès et sans même demander l’avis de son conseil municipal. Une décision ridicule qui a peut-être soulagé quelques pisse-froid et une poignée d'impuissants frustrés, mais qui a surtout déclenché des protestations outrées de la population. Non seulement à Plouescat, mais dans toute la Bretagne où la nouvelle de ce dynamitage s'est répandue comme une traînée de poudre explosive.
Exit le zizi de Pépé, par la volonté dictatoriale d’un boutiquier à écharpe tricolore. Il y a décidément des coups de pied au cul qui se perdent. Mais laissons la parole, sur cette plage de Porsmeur, à ceux qui ont connu le zizi de Pépé (vidéo). Ce sont eux qui en parlent le mieux !
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