Basta cosi, Covid
Pass, anti-pass, contre-pass, les « nan, moi jamais, tu m’connais, chuis un vrai résistant, un guerrier de la fronde » (avant 19.30 du moins , parce qu’après y’a Pastis, faut pas déconner quand même...). En face, le club des « deux injections, sinon rien », les parcours complets de l’aiguille, la revanche des seringues qu’ont plus assez de junkies à garrotter pour le trainspotting express en route vers le Père Lachaise. Et l’autre rappeur bouffon, grand Croix de la résistance à l’oppression sanitaire, qui hurlait avec les loups à la tête du front du refus : ben, finalement rattrapé à La Timone par la patrouille virale, et hospitalisé aux frais de la Princesse (la Ripoublique, quoi…).
Et puis les bac moins 12 qui tentent de tromper l’ennui et la solitude des champs de blé en Beauce, bercés par le ron-ron des moissonneuses-batteuses, en entretenant depuis le Net -le nec moins ultra de la connaissance- des querelles de chiffres à quatre sous. « T’as vu mon variant en moyenne lissée/corrigée des variations saisonnières ? » « Et mes chiffres noirs (le « dark number », ils disent) qui viennent de sources tellement secrètes que je ne peux les citer ? Tu les veux dans le dentier ? » Toussa, quoi. Des solitudes estivales. Des tristesses surannées, des ongles un peu noircis.
Hey les mecs (mais comme d’habitude, les filles ne sont pas en reste...) vous n’en avez pas marre ? Vous n’avez pas autre chose à vous caser dans le demi-cervelet qui reste, avant qu’il ne serve de repas au vieux Al Zeimer et à son équipe de gros bras ?
Hein ? Allez, je vous emmène en ballade anti-Covid par l’itinéraire Bis. Mettez le casque à fond. C’est de la bonne.
Oui, je vous raconte : figurez-vous que je m’étais exilé à Londres pour réviser ma grammaire. Avec une jolie blonde. Voyage financé par Astra Zeneca pour me remercier de mes deux contributions – très pointues, je dois dire- à la grande frénésie de la seringue. Mais tout à coup, appel dans la nuit.
Un night call, qu’ils disent là-bas.
Pas moyen de dormir. C’était une fille qui me disait :
« There is something inside you
It’s hard to explain
There is something inside you
And you are still the same
I am gonna tell you something
You don’t want to hear
But have no fear »
Vouais, c’est pas faux, mais je suis pudique. Je ne veux pas parler de mes traumas…
Elle avait beau crier « Hey now », j’ai quitté Londres et les leçons de grammaire, puisqu’on m’avait démasqué.
Je suis allé me cacher en Grèce, vers Thessalonique. Il y avait des incendies partout, mais sur une scène discrète et underground, j’ai rencontré une chanteuse à s’asseoir par terre, le genre à déclencher des incendies ailleurs que dans la garrigue et le Mont des Oliviers. En plus, elle m’invitait dans sa maison du soleil Levant. « Je suis conquis, j’tadore », ai-je murmuré.
Mais elle était accompagnée d’un guitariste blond qui me courrait vaguement sur le piment rouge.
J’ai pensé l’écarter d’un magawashi- guéri à la base du nez, ou plus prosaïquement d’un coup de Zizou entre les deux yeux. Mouais. Il est grand, tout de même.
Alors j’ai envisagé d’arriver sur scène par-derrière, genre « soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien » (comme dirait Noir Dez), de l’endormir par un « j’aime beaucoup ce que vous faites », pour le finir en étranglement à la corde à piano. Mais ça peut vite devenir salissant si les carotides pètent.
J’ai renoncé et suis rentré à Paris. Je me pointe à la bijouterie Chaumet pour faire un petit cadeau à une vague copine (puisque GiFi est en travaux), mais je tombe nez à nez avec un Monténégrin en trottinette. Pfft. « Le temps, ça pourrit tout ». Les « bijou, bijou », c’est plus ce que c’était.
Les braqueurs non plus. Coincé dès le sur-lendemain dans un bus low cost Eurolines avec les camés et les pue-la-sueur… Branquignoles à tous les étages, en ce moment.
Dégoutté, je me dis que le mieux c’était encore de se tanker dans une caravane « in the middle of nowhere », loin de l’esprit de la rue, pour voir venir.
Mais bon, je suis tombé sur des jeunes un peu agités, pressés de « sortir de leur corps », voire de préparer les JO de 2053. Ils avaient une radio dans la tête, ces mecs.
J’ai applaudi pour la forme, puis je suis parti.
Pour une autre caravane.
Mieux tenue, celle-ci : par un ex. poids coq des ring chansonneux, un chanteur pour dames, icelui qui les rend toutes mouillées en moins de temps qu’il ne m’en faut pour faire Maillot/ Porte de la Muette un jeudi matin, pour gagner de quoi payer les pensions alimentaires.
Bon, la guitare était bonne, mais j’ai bien senti qu’il fallait que je revienne aux sources.
A la rivière.
Celle qu’on oublie pas, qu’on soit jeune, vieux, pauvre, riche. Celle où on revient tous.La machine à faire se dresser les poils. La tristesse calme et granitique.
Celle qui trimballe les malheurs, les trahisons, les virées du côté du réservoir dans la voiture du grand frère, Mary qui aujourd’hui« acts like she don’t care », son corps bronzé et mouillé qui fait que vous croyez bien être devenu un homme ce soir-là, alors que c’était juste un coup d’épée dans l’eau de la rivière, un coup de pisse sur le grand soir qui descend.
Yes, les trucs qui me font revenir à la rivière, même si je sais qu’elle est sèche.
Tout ça et le reste.
E basta cosi.
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