Le Petit Troll est mort, conte des temps nouveaux
Il était une fois un troll.
Un petit troll.
Comme tous les trolls il était laid, acariâtre, grisâtre, velu et sans âge. Son visage ovale dans le sens de la largeur faisait rire tout le monde :
---- Ha ha ha ! Voyez comme il est laid !
Disaient et pensaient les gens sans pitié.
Mais un jour il disparut, et bizarrement tout le monde le regretta. Pas lui bien sûr, on ne pleure pas un troll. Mais on avait fini par s 'habituer à sa nuisance exiguë.
Ce méchant petit troll dénonçait tout le monde sur le web, par plaisir. À toute heure du jour et de la nuit, patient et besogneux, à l'abri derrière 5238 pseudos différents, il écrivait sans relâche des longs discours remplis de gros mots.
Chez le troll faut il encore le rappeler, le bonheur n'est pas dans le pré, mais plutôt au fond d'une décharge publique remplie de détritus. D'ailleurs, ce petit troll ressemblait à Détritus, le vilain personnage de la Zizanie, tout aussi laid et grisâtre.
Une des caractéristique frappante du troll, entre autres avanies dont leur misérable existence est affublée, est l'imbécillité agressive.
Souffrant atrocement depuis la nuit du temps maudit où l'existence de leur race malfaisante de cloportes virtuels fut avalisée par un consortium de technocrates interstellaires décatis et désoeuvrés, les trolls sont devenus méchants aigris.
Le profil psychologique de cet être singulier venu du fond des âges qu'est le troll, s'apparente à celui des blattes et des rats en terme de goûts alimentaires métaphorisés.
De telle sorte que les restes putrides qu'on trouve dans les ordures peuvent être traduits de façon subjective par des idées nauséabondes guidant en permanence leur réflexions trollesques.
Le vilain petit troll n'échappait pas à la règle.
Du fond de son antre pestilentielle, environné de grimoires parcheminés et de sales dossiers stockés sur 12 220 clefs Usb 30 Gb, il se régalait à faire du mal aux gens, en cliquant des pavés compulsifs de mauvaise intention.
Ce n'était d'ailleurs pas exactement ni tout à fait de sa faute. Oui, un avocat même commis d'office n'aurait pas eu de mal à lui trouver circonstances atténuantes.
Humilié dès l'enfance, pas très intelligent, incontestablement disgracieux. Même pour un troll, engeance pour laquelle l'apparence et l'esthétique ne sont pas exactement considérées comme valeurs essentielles à la réussite sociale.
Chez le troll la beauté est inutile, voire malvenue. Mais celui là était simplement horrible, hideux. Il faisait fuir tous les petits enfants et parfois leurs parents. Même les bébés trolls pourtant courageux de nature et indifférents à la peur du noir, ne voulaient rien avoir à faire avec sa présence.
Les chats se jetaient à l'eau et nageaient à contre courant, même sous l'eau pour échapper à cette vision insoutenable. Les chiens, tétanisés par la peur hurlaient à la mort à son approche et le voyant détalaient rondement brisant chaînes et laisses de peur. Quand il jasait, c'était pire qu'une chanson d'Assurancetourix. Ou même de Patriik Ruelle... Bon, là j'exagère. Mais c'est pour dire.
Les hérissons grimpaient sur un monticule et se jetaient en boule le plus loin possible, s'abandonnant au hasard plutôt qu'à sa rencontre effarante autant qu'effrayante.
Les araignées abandonnaient leur toiles et s'arrachaient au bout d'un fil de soie lancé dans le vent.
Même les chauves souris s'enfuyaient à tire d'ailes à sa vue !
Seuls les rats, les crapauds et les cafards géants n'étaient pas effrayés par l'atroce petit troll. Au contraire.
Ces animaux repoussants s'étaient faits amis amis avec lui et le suivaient par amour, sentant que lui aussi était un paria parmi les hommes. En échange, le troll leur donnait des miettes de pain noir.
Sa meute de rats crasseux, de crapauds coassants et gluants, de blattes gigantesques de toutes les couleurs ; marron métal, noires, jaunes, rousses, qui formaient derrière lui un cortège dégoûtant, était un sujet de moquerie supplémentaire aux yeux de la foule :
---- Ha ha ! Mais regardez donc ce troll immonde, d'où sort-il ? Où va t-il ? Avec son équipage de rats d'égouts, de crapauds boutonneux et de blattes puantes, quelle horreur !
Disaient les gens en le voyant.
Paré de ces caractéristiques déplacées, Le petit troll démarrait dans la vie certes mal.
Esseulé et pourchassé, entouré d'animaux déplaisants et sales, il devint irrécupérable. Hargneux. Son état pathologique empira au fil des jours des mois des années. Complaisant envers l'autorité, pusillanime, n'hésitant jamais à dénoncer ses petits camarades mais pas malin, le petit troll souffrit intensément.
Ses complots et traîtrises étaient systématiquement découverts. Une cabale d'écoliers se forma contre lui.
Son quotidien n'était pas enviable.
Haï, roué de coups tous les jours à la sortie de l'école, puis par son père qui en avait marre de le voir déchirer ses habits tous les jours, il était protégé maintenant par les surveillants dans la cour de récréation, moyennant quelques menus travaux forcés. Sans quoi les élèves spoliés, privés de dessert et collés par sa faute l'auraient volontiers lynché.
Les forces de l'ordre de l'éducation nationale l'employaient donc gratuitement. Son job consistait à lessiver avec un gant de toilette de nain l'intérieur des immenses cheminées du lycée désuet. Ce travail était à peu près aussi irréalisable que rembourser la ''dette souveraine'' des états, vampirisés par les banques.
Finalement, le petit troll passait le plus clair de son temps dans le noir.
Les surveillants avaient trouvé ce moyen simple pour le soustraire à la vue des autres élèves qui voulaient toujours le frapper. Privé des cours d'instruction civique qui auraient pu lui inculquer les rudiments du savoir vivre en communauté, le malheureux hantait comme un fantôme les conduits sinistres et noir de jais.
Parfois, il rangeait et entassait également les sacs de charbon. À cause de la suie, son épiderme avait pris une teinte étrange, marbrée. On aurait dit un poulpe affolé modifiant sa couleur pour échapper à ses poursuivants.
Peu doué, il avait péniblement appris à lire à écrire. Laborieusement et sous la contrainte, au rythme du fouet plombé de son cruel papa troll qui n'était pas drôle.
Plutôt que d'apprendre à lire et faire ses devoirs, lui préférait rayer les portières des voitures avec son canif, torturer les insectes et mettre le feu un peu partout. Comme Alain Lamare, le gendarme fou.
Sa maman trolle était désespérée. Elle s'appelait Connette & ressemblait à Arlette Chabot. Par un malencontreux et rarissime caprice génétique, sa peau était jaune citron. Tous les jours elle se demandait ;
---- Mon Diable ! Mais qu'allons nous faire de lui ?
Connette, la maman du petit troll
Un jour, il alla jusqu'à se dénoncer lui même de choses qu'il n'avait pas commises, juste pour le plaisir de rapporter. Jusqu'à l'âge de cinquante ans, début de l'adolescence chez les trolls, il fut régulièrement puni, à chaque incartade. Battu, baffé, bâtonné et bafoué.
Ridiculisé en public par son méchant papa troll, qui l'obligeait tous les vendredis à s'agenouiller sur une planche à clous de fakir au milieu de la place du village où, sous les lazzis des paysans rigolards et peu charitables, à haute et intelligible voix il devait répéter 12 fois en levant les yeux au ciel :
---- Je suis un troll, un affreux troll ! Je comprends rien. En plus, je suis sale et méchant. Je suis un âne ! stupide et laid, je ne fais rien que des bêtises et j'ai la peau grise.
Ces souvenirs humiliants s'étaient imprimés à jamais dans le crâne du petit troll.
Sans qu'il le sache, il exportait son trauma sur la terre entière. Désormais pour lui l'écriture équivalait la souffrance.
Sans le savoir, il se vengeait à présent comme il pouvait en envoyant des posts agressifs au monde entier. Diffamants, injurieux et toujours anonymes grâce, par, et pour le Web. Il reproduisait ainsi le schéma noirci qu'il avait de la vie.
Il ne savait pas dire oui ni c'est bien.
Timide et peureux, il attendait la nuit pour déblatérer des tirades interminables où ses horribles souvenirs de troll martyrisé lui inspiraient de bien vilaines phrases, entrecoupées d'insultes, car il aimait ça les insultes.
S---pard, fu-ier, m—che à me-de, chi—toque, étaient parmi ses expressions favorites.
Il ne respectait rien ni personne, même pas lui. En ce qui concerne son âge, ou sa durée de vie, évaluée chez les Web trolls à à peu près ça, ou au moins à cela, il avait déjà largement dépassé l'âge de la retraite.
Perdu dans un océan de haine gratuite, très petit dans l'esprit et dans la forme, jugeant les uns, déterrant les pseudos casseroles des autres pour les étaler à la face du Net, cet affreux gnome psychorigide à tendance paranoïde se croyait très méchant et très fort.
Mais un jour, à force de tourner en rond dans sa pensée malsaine, il perdit le nord.
Nord qui bizarrement est situé au sud chez les êtres étranges que sont les trolls. A force de patauger dans l'ineptie verbale sans évoluer son apparence, un beau jour il coula au fond du fond du fond. Du fond.
Le nonante mars*, il croisa la route d'un terroriste izlaniste qui lui coupa net le bras droit.
*chez les trolls, il n'y a qu'un seul jour toute l'année ; c'est le nonante mars.
Déjà amputé d'un membre lors d'une précédente bagarre, où poursuivi par un rédacteur du web qu'il avait traîné dans la boue, il était passé sous un bus qui lui pulvérisa le bras gauche, il se retrouva bientôt raccourci encore un peu plus :
Alors qu'il rentrait tranquillement chez lui après avoir fait pipi dans la boîte aux lettres du voisin et glissé quelques sucres dans le réservoir de sa voiture neuve pour s'amuser, il se fit agresser à la machette par le cousin de l'oncle du demi frère du jardinier du potager de Ben La Dent.
Tout en proférant des insultes à caractère xénophobe, le vengeur afghan lui sectionna le bras droit au niveau de l'épaule en criant :
--- Ben La Dent avait raison !
De troll manchot il passa à troll tronc.
Il fut donc privé de rédaction.
Puis, son méchant papa troll l'éradiqua de la famille pour lui apprendre à vivre. C'est drôle, chez les trolls c'est comme chez les chevaux. Quand ils se cassent la patte, on ne leur met pas de plâtre on les achève.
C'est la coutume chez les trolls. On les euthanasie. Proprement ou non, suivant leurs économies évidemment.
Les riches trolls partent en Suisse, où ils avalent une dernière soupe empoisonnée à l'Or du Diable, qui les envoie directement dans l'enfer du Grand Troll, où ils sont préalablement giflés et fessés. Ensuite ils sont marqués au fer rouge ou blanc selon leur rang. Et enfin empalés et exposés au pilori éternel, sans manger ni boire.
Ça peut vous paraître un peu exagéré comme punition, voire cruel. Pourtant, c'est la peine plancher chez les trolls qui sont intransigeants en matière de réinsertion. Ensuite, selon leur collaboration et leur bonne conduite, des modules de sévices adaptés leurs sont proposés.
Mais le papa du petit troll était très pauvre et n'avait jamais connu la Suisse. Il avait déjà du mal à entretenir sa petite famille en Trollie, où la vie n'était pas chère. L'occasion inespérée d'avoir une bouche en moins à nourrir le plaça en joie.
Voyant le petit troll revenir un jour oscillant comme un culbuto, amputé des deux bras, ensanglanté, à outrance éclopé, il courut dans son atelier et revint avec un gourdin.
Comprenant ce qui allait lui arriver, le petit troll démanché tenta de s'enfuir, mais son papa vif le saisit prestement par la peau du cou et l'assomma.
Puis il le jeta dans un ravin.
Noyé sous une motte de trèfle, le petit troll se réveilla 3 heures plus tard et sortit la tête de l'herbe.
C'est là que Toto le Blaireau le trouva.
Le vorace animal attrapa le petit troll avec ses dents pointues et le noya dans la rivière, puis il l'emporta dans sa tanière pour le manger tranquillement.
Le petit troll fut d'abord bouilli pendant deux heures dans un grand chaudron de fonte noire, comme ceux où les cannibales mettent les explorateurs imprudents, car les trolls ont la peau dure. Puis il fut cuisiné à la croque au sel.
Avec des frites.
Considérant qu'il y avait à manger pour plusieurs, Toto le blaireau organisa ensuite un festin. Il invita tous ses amis de la forêt pour manger le petit troll, accompagné de pommes frites et d'oignons confits, avec du basilic.
Justin le Ragondin, Grégoire le Loir, Mimine L'Hermine, Dédé le Furet & Kaane l'Iguane engloutirent avec joie le petit troll si bien préparé. Kaane l'iguane trouva la viande de troll si succulente qu'il dévora la moitié du petit troll à lui tout seul et mit 15 jours à digérer.
Ainsi finit le petit troll.
Comme tous les trolls morts il rejoint l'enfer.
Il faut savoir que les trolls n'ont pas le choix, morts ou vifs ils vivent en enfer. Mais une fois morts ils sont recyclés en mobilier urbain ou en accessoire technologique pour le Grand Troll.
Sitôt arrivés dans l'enfer du Grand Troll, lieu sombre, glauque et infect, ils subissent d'abord un sévère examen, puis un interrogatoire approfondi afin qu'ils révèlent leur véritable identité, enfin ils sont triés et étrillés. Les cas particuliers sont directement reçus par le grand Troll.
Célèbre jusqu'Outre Tombe, le Petit Troll fut reçu par le Grand Troll ; Souverain de l'Enfer Hi tech, à la cruauté légendaire.
---- Ainsi c'est toi le fameux petit troll ?
---- Oui Grand Troll c'est moi, merci de me recevoir en cet enfer où il fait si chaud ! Je sens que je vais m'y plaire, cette ambiance infernale, agrémentée des hurlements des fautifs corrigés me correspond tout à fait.
---- ?????? Pour la chaleur t'inquiète, on va s'occuper de ton cas au fer blanc, tu m'en diras des nouvelles. Mais dis moi, il paraît que tu fais des tiennes en Bas, le monde entier se plaint de ta méchanceté. Toute la journée, même la nuit, je reçois des plaintes à ton sujet, il faut que ça cesse !
---- Mais Grand Troll je croyais bien faire, nous les trolls ne sommes nous pas de méchantes gens dont la réputation exécrable a envahi les 5 continents, de plus...
---- Tais toi ! Ici c'est moi qui parle, j'en ai assez de tes incartades stupides qui ne servent pas notre cause ! Bien sûr que les trolls ne sont pas bons, mais au moins ils sont rusés, normalement. Sauf toi. Comment cela est il possible, que t'es t-il arrivé ?
---- C'est tout simplement que je suis bête, Maître. Je suis un troll, un affreux troll ! Je comprends rien. En plus, je suis sale et méchant. Je suis un âne ! stupide et laid, je ne fais rien que des bêtises et j'ai la peau grise.
---- Maintenant que je te vois j'entends bien ! on m'avait prévenu mais tu m'étonnes. J'ai jamais vu ça ! Pourtant ça fait 120 000 nonante mars que je suis là. J'imagine à ton air chafouin de stakanoviste crétinisé, les Téta Bits d'insanités que tu a dû générer sur le Web, semant la discorde quand tes frères s'organisaient solidairement pour s'emparer du mental des honnêtes gens. Parle !
---- C'est vrai Grand Troll, je suis pas une lumière ! mon père me l'a suffisamment répété allez ! Je suis si vil que pas civil. Comme j'aimerais exterminer cette humanité, si différente de moi ! et même les autres trolls. Je suis jaloux de nature, envieux et stupide, c'est ma faute, c'est ma très grande faute.
----Ta bêtise me dérange, c'est insupportable ! depuis quand les trolls sont ils pris de remords, hein ? en enfer en plus ! Tu vas finir par nous faire passer pour des cons. J'en ai assez ! À part collectionner des insultes et inventer un soi disant complot contre ton imbécillité pathologique, tu sers à rien. Je vais te punir...
---- Non Maître, pitié !
---- Suffit ! Tu seras puni à hauteur de ton avanie. Karl ! Richter ! Saisissez vous de lui ! et martyrisez le consciencieusement, sans quoi vous prendrez sa place. Vous avez une semaine pour le rendre intelligent !
---- ??????????? x 2
---- Bon, en même temps, vu l'abruti que c'est, une semaine c'est un peu léger. Allez, je vous donne 15 jours !
---- Non Maître ! nous préférons mourir tout de suite. Bien qu'ici nous soyons déjà tous morts, mais quand bien même, ça fait rien. Torturez nous Ad Mortis Aeternam* tant pis ! Nous renonçons, car enfin, soyons lucide, ce dégénéré ne sera jamais intelligent.
*dans la mort éternelle
---- Je comprends mes braves, je ne vais quand même pas vous sacrifier au bénéfice de ce détritus, je vais le donner comme hochet mort vivant à Karoline Fouraie et les Fées-mens, il subira la Transconversion du Neo Ordo Sectorum...
---- NOOONN !!!! PAS KAROLINE FOURAIE & LES FÉES MENS !!!! NNOOONNN § !!
même les chauves souris s'envolaient à tire d'ailes à sa vue...
Indifférent aux hurlements du petit troll, le Grand Troll télépatha la sentence à la Reine des Femens :
---- Allo Karo j'ai un client pour toi, je te le téléporte immédiatement ; Bbzzffrrz.....pchit.*
* bruit de la téléportation
Le malheureux troll fut téléporté à la vitesse de la lumière noire chez la Démoniaque Femen.
Cette fois, le petit troll était cuit, frit & confit.
La terrifiante Karoline Fouraie s'approcha du malheureux petit troll :
---- À genoux chien !
---- Oui Madame.
---- Réponds ! Es tu pour ou contre le Mariage Gay ?
---- Je sais pas madame... En tout cas, moi j'étais bien content le jour de mon mariage, enfin, j'étais gai.
---- ??? Je comprends rien à ce que tu racontes, j'ai l'impression que tu mens, t'as pas l'air Gay, tu vas souffrir !
Impitoyable, Karoline Fouraie lui enroula autour du cou une laisse en fil de fer barbelé rouillé, puis lui tatoua ''Fuck God'' sur le front en lettres gothiques, aidée par ses Fées-mens, célèbres harpies sanguinaires déléguées par le N.O.M. Les néo barbarettes le remodelèrent ensuite selon leur idéologie sado post bobo oecuménique.
Malgré ses jérémiades, ses tentatives pitoyables de se faire passer pour une victime, le petit troll fut immédiatement mis au supplice pendant 15 jours. Torturé avec des méthodes modernes, raffinées, directement inspirées de celles d'O'bama's Guantanamo Bay, la célèbre Geôle du prix Nobel de la Paix.
Après son traitement spécial, maté, humilié mais toujours aussi con, il rejoint à quatre pattes le triste sort de sa communauté ;
Les trolls décédés sont séparés en fonction de leur dimension :
Les gros trolls sont employés comme amortisseurs et glissés sous le lit du Grand Troll pour améliorer son confort. Les petits trolls sont empilés comme des dattes dans des boites en fer. Puis un énorme rouleau compresseur les aplatit, jusqu'à ce qu'ils ne soient pas plus épais qu'une feuille d'ordinateur quantique.
Ensuite, ils naviguent par magie jusqu'à l'imagination mesquine des petites gens et y provoquent des idées stupides qui les transforment progressivement en trolls. Mais chut ! c'est un secret ;
C'est comme ça que les trolls se reproduisent
Mais revenons au petit troll ;
Un peu avant sa triste fin, par son intense activité maléfique, avec le temps il réussit à se faire un sac d'ennemis, impitoyables et infatigables. Souvent très jeunes, qui s'amusaient à le rendre fou.
Il en avait perdu le sommeil. Toutes les nuits, tel un Shadok malfaisant il postait des méchancetés. Il postait, il postait des insanités de plus en plus longues, les gens l'avaient surnommé le pigiste frappé.
Il collectionnait même les insultes, qu'il rangeait dans un grand classeur en peau de crocodile et les ressortait le moment venu.
Se croyant tout puissant sur la Toile, il comptait faire la loi mais il n'arrivait pas. Tout le monde se moquait de lui, surtout Jorge Youngus le Shintok.
La tête dans la fange verbale, le malheureux petit troll imaginait des punitions pour les autres, inventait des sanctions, rêvait des humiliations qui ne fonctionnaient plus du tout, ou alors à l'envers.
A présent les gens riaient de ses méchantises. Tout le Web se moquait de lui.
Par pure provocation, les flameurs lui envoyaient des messages antipathiques, juste pour le plaisir de lire ses réponses toujours involontairement drôles.
Engoncé dans un délire paranoïaque, le pauvre petit troll n'arrivait même plus à faire la différence entre un compliment et une moquerie. Systématiquement, il insultait les intervenants quels qu'ils soient.
Le matin, pour se mettre de bonne humeur, il suffisait de lire ses trouvailles nocturnes démentielles, suivies des moqueries des incriminés pour être pris de fou rire.
Par le fait et paradoxalement, le haineux petit troll était donc précieux. Le jour où il disparut, dévoré par Toto le Blaireau et tout ses amis, les bloggers le regrettèrent amèrement. Amèrement j'exagère, mais le souvenir de ces web-joutes inénarrables entre lui et Jorge Youngus le Shintok, son ennemi de toujours, hantèrent les mémoires plaisantines devenues tristes et même sinistres.
Il fallut contacter le Grand Troll afin qu'il ressuscite le petit troll.
Les bloggers se réunirent et confrontèrent leurs avis divergents. Certains étaient bien contents de la mort du petit troll. D'autres ne pouvaient pas se passer de cette distraction quotidienne qu'était la lecture auto-conflictuelle hilarante que le petit troll pondait tous les jours, ou plutôt toutes les nuits, avec son clavier ensorcelé par Fernand le Serpand*.
Après un débat acharné et un vote à patte levée, une délégation virtuelle de trolls diplomates contacta par missive intranet le seul être de l'Univers visible et invisible capable de dénouer la situation ; Le Grand Troll.
Le Grand Troll était rusé, il comprit vite le parti qu'il pourrait tirer de la situation. Il proposa à la population désespérée, prête à tout pour récupérer le petit troll, de l'échanger contre un sac de noisettes violettes acidulées. Fruits merveilleux dont il raffolait, mais qui n'existaient pas dans son univers de troll. Ni ailleurs d'ailleurs.
Seul le Chaman Jorge Youngus le Shintok, extralucide doté de pouvoirs paranormaux, connaissant les terribles secrets des sorciers africains, savait où trouver les noisettes violettes acidulées. Il fut délégué en tant qu'ex ennemi numéro 1 du petit troll pour glaner ces noisettes déca-dimensionnelles dans la forêt magique.
Puis, un collectif de trolls repentis dont Antiquon, Red Bloodie et Agorano Myne de Crayon, allèrent apporter le sac de noisettes violettes intra-mentales au Grand Troll.
Méfiant, le Grand troll goûta une noisette violette immatérielle, fronça le sourcil gauche, puis arbora une expression sereine.
Kaane l'Iguane digérant le petit troll
Repu de transcendante pitance, le Grand Troll condescendit à la demande générale. Il déplia le petit troll, déjà aplati au rouleau compresseur et stocké dans la Rom-Giga-Mainstream-Memory ; bibliothèque médiatico-invisible destinée à abrutir la population naïve grâce à un complot universel ourdi par les élites mondialistes Néoparacryptogochofachojudeocathoçoniques.
Douze chirurgiens trolls redonnèrent forme au méchant petit troll par biologie de synthèse, science que les trolls maîtrisent depuis la nuit des temps. Puis ils le renvoyèrent sur la terre, mais transformé en zombie gentil.
Facétieux et rusé, le Grand Troll avait mit cette condition au renvoi du petit troll sur la terre, à présent il serait GENTIL. Malgré lui.
Le comble pour un troll.
Libéré de l'enfer, réactivé sur terre en tant que web-zombie obéissant pour amuser la Web galerie, le petit troll renaquit de ses cendres, et put continuer ainsi son activité étrange mais à l'envers.
Reconditionné positivement, défragmenté grâce à douze mille électrochocs hémisphériques, il faisait désormais des compliments et des mots gentils à tous les posteurs, même à Jorge Youngus le Shintok, qui tout étonné, reçut un jour ce mail de Rissmoë, le petit-zombie-troll :
---- ''Jorge, comme vous écrivez bien, votre dernier article est enchanteur, vraiment ! Quelle perspicacité ! Quelle distinction dans votre verbe acide ! Face à vous, je ne suis qu'une larve, un mesquin petit écrivaillon rapporteur. Si votre critique à mon endroit est souvent acerbe et parfois cruelle, elle n'en est pas moins constructive et m'éclaire sur le chemin larmoyant de ma destinée ingrate''
Il savait à présent dire des choses adorables, en lieu et place des insultes et dénonciations anonymes dont il était coutumier.
Il était devenu BON.
Hélas, l'étrange et nouveau comportement du petit zombie troll apparut comme étant beaucoup trop cool, et presque swag, donc très suspect aux yeux des internautes. Ces nouvelles manières furent très mal interprétées par les bloggers, vexés depuis trop longtemps.
Ses imprécations habituelles transformées en compliments doucereux ne convainquirent personne.
Personne ne le crut. Les bloggers pensèrent :
---- ''C'est bizarre, c'est pas normal, vraisemblablement, Rissmoë tente de nous manipuler avec des compliments fourbes, ou alors il est devenu complètement fou.''
C'est le jour où il voulut souhaiter la Bonne Année à tout le monde que le temps se gâta. Le gentil-petit-zombie envoya sans malice une News-Letter à tout le monde, dans laquelle il souhaitait à tous les posteurs :
Une bonne année 2013, une bonne santé, avec amour gloire & beauté.
Aussitôt les bloggers réagirent, sidérés par son audace :
---- QUOI ? BONNE ANNÉE ????? Il OSE nous souhaiter une bonne année ! TROP C'EST TROP ! Maintenant c'est sûr, IL NOUS PREND VRAIMENT POUR DES CONS !!!
Dès le lendemain, convaincus de son hypocrisie, 12 trolls geeks formèrent un groupe cabalistique qui réussit facilement à trouver son identité véritable, son téléphone et son adresse.
Les bloggers conjurés l'appelèrent un soir, pour lui proposer des jolies maquettes d'avions de guerre secrets, sachant qu'il n'y pourrait pas résister. Puis ils l'attendirent dans une rue sombre, l'assommèrent et le jetèrent au fond d'un puits.
C'est ainsi que Rissmoë, le petit-zombie-troll vindicatif se noya encore une fois et retourna, définitivement cette fois ci dans l'enfer des trolls, d'où jamais il n'aurait dû sortir.
Epilogue : des bruits courent sur le Web comme quoi le Grand Troll, apitoyé par le triste sort de Rissmoë, sorte de Joë Dalton du Net, sera amnistié dans 1000 ans, une paille pour un troll. À condition qu'il se calme du fond de son enfer. Et surtout qu'il s'amende honorablement, en écrivant chaque jour un poème, un compliment, un encouragement à tous les posteurs.
*Fernand le Serpand est un Black Hat Reptilus Hacker qui vole les recettes des Geeks Oniriques, afin d'intrusionner le mental des gens prédisposés à la méchanceté, en court-circuitant les secteurs neuronaux dévolus à la bonté. Le malheureux Rissmoë est une de ses victimes sur lesquelles le sortilège a particulièrement bien réussi.
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