Et maintenant la galette
Miettes d’agapes pour dindons de la farce.
La crise de foie a besoin de la grande saga de la nativité pour illuminer nos agapes par nos rendez-vous gourmands. Les rois mages viennent à leur tour apporter leur contribution au grand commerce pâtissier qui après les crottes et la bûche, décrète la galette comme patrimoniale. La pâte feuilletée rajoute une couche à nos pauvres estomacs en décrépitude mais rituel oblige, le porte-monnaie doit suivre notre fièvre d'achat.
L'hiver sonnant à la porte, il est préférable de fourrer la chose de tout ce qui peut apporter des calories supplémentaires. Le marron qui a garni la dinde doit laisser la place à la pomme, la pâte d'amende ou autre fantaisie qui alourdissent la digestion et le coût de l'opération. Rien n'est trop beau pour leurrer le gogo tandis que le prix du beurre va corser l'addition.
La fève a depuis longtemps laissé la place à des gadgets à l'esthétique douteuse, des suppléments manufacturés dans des pays où l'ouvrier ne reçoit que des miettes. C'est une forme de logique dans ce système tant la susse-dite galette aime à se disperser sur la table, à s'émietter à qui mieux mieux. C'est le paradigme de la société de l'éparpillement et du gaspillage.
La couronne nous rappelle à brûle-pourpoint que nous sommes en monarchie et que nous adorons nous incliner devant un monarque ou une reine. Ceindre son chef de ce ridicule carton dorée ne vous permet nullement d'échapper au ridicule mais puisque c'est la tradition, il faut en passer par là. Nous resterons éternellement les moutons de la crèche tandis que celui qui veut échapper à la farce passe pour l'âne de service.
Il convient de ne pas pousser le bouchon trop loin afin de ne surtout pas cracher sur ce qui fait lien. Curieusement ce lien passe toujours par une dépense, un achat qui resserre les liens d'amitiés et distend la ceinture. Preuve s'il en est que l'Épiphanie, tout comme les cérémonies des vœux, se plait à remplir l'agenda de tous les mois de janvier.
Malheur à qui a fait vœu de sobriété, la coupe de champagne, le verre de crémant ou la bolée de cidre le guette au coin de la salle des fêtes ou des salons des amis. Il faut oublier les promesses et les résolutions et trinquer à qui mieux mieux à une année nouvelle qui s'annonce particulièrement restrictive par la suite.
La galette sera en somme la cerise sur le fardeau, le clou du réceptacle à devise, la fin des haricots faute de fèves. Le pire sera à venir une fois l'indigestion consommée tandis que les médias continueront à vous bercer d'illusions. Les soldes prendront le relais avant que le pouvoir ne vous récompense d'une retraite sans solde en attendant vos 65 ans.
Puisque rien ne peut vous arracher à cet engrenage commercial, des fêtes en fêtes, vous célébrerez la défaite de vos droits et du modèle à la française. Il y a ceux qui tirent les rois et les moins nombreux, qui tirent les marrons du feu. Rassurez-vous, pour eux, tout va bien, ils se gavent tandis qu'ils vous mènent par le bout du porte-monnaie.
Il fut un temps où les têtes couronnées tombèrent. Ils étaient appelés le boulanger, la boulangère et le petit mitron. La chose n'est pas sans incidence sur les jours présents. La baguette est désormais patrimoine mondial d'une humanité où les gueux n'ont que le droit de marcher au pas vers le précipice dans lequel ce système nous conduit avec notre complicité active.
Bonne galette à tous, je ne vais d'ailleurs pas pouvoir y échapper moi-même tant la pression est grande et l'illusion parfaite. Sortir de cette farce n'est pas pour demain, hélas. Ce n'est pourtant pas avec un couteau et un verre à la fois qu'il conviendrait de tirer les rois.
À contre-fève.
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