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La cape

Elle me botte.

À l'heure où des esprits éclairés s'échinent à trouver un uniforme bon marché pour niveler les différences dans notre école prétendument républicaine, voilà bien un vêtement qui aurait l'avantage incontestable de gommer toutes distinctions fripières. La cape aurait de plus l'immense mérite de laisser croire aux écoliers que la théorie du ruissellement n'est pas un leurre au sein de l'ascenseur social.

Ne doutons pas que la capuche recevrait l'assentiment de toute une partie de la jeunesse qui aime à dissimuler d'une manière ou d'une autre son visage. Certes, il ne faut pas se voiler la face, cet élément dissimule le cou et le crâne en laissant le visage partiellement visible. Il se peut alors que certaines communautés trouvent à redire à propos de ce léger inconvénient.

La cape se détermine depuis l'antiquité par son absence de manche. Voilà bien un avantage indéniable dans un contexte général où se retrousser les manches à l'instar de notre bon président, va devenir un impératif incontournable pour assurer le redressement tant de fois espéré. En anglais elle se dit « Cloak » ce qui forcerait les esprits les plus lettrés à la distinguer du cloaque dans lequel se trouve notre école.

Ce serait encore l'occasion de faire un peu d'histoire et même de sémantique en précisant que ce cloak vient du vieux françois « cloque » qui évoque la cloche, non pas celle qu'on se tape mais bien plus, pour les besoins de l'enseignement, celle qui résonne. D'autre part, cette cape qui dissimule toutes les formes et cache le corps éviterait de tomber en cloque à celles qu'on prétend aujourd'hui provocantes.

L'idée pourrait faire son chemin et permettre de plus à tous nos écoliers à venir malgré tout à l'école lorsque des précipitations intempestives contraignent les pouvoirs publics à interdire les transports en commun. Une jeunesse qui se remet en marche par tous les temps, voilà une véritable révolution dont nous aurions à nous réjouir.

Poursuivons l'origine du mot puisqu'il puise encore ses racines dans le norrois Hootr qui évoque la capuche, élément de la cape que grecs et romains ont imposée. Ce serait ainsi une belle opportunité pour relancer l'étude de ses langues mortes. Toutes les idées sont bonnes à prendre dans le désastre éducatif actuel.

L'objectivité me contraint à émettre une petite réserve. La cape aime à faire équipe avec l'épée. Dans le climat de violence larvée qui couve dans nos établissements, il serait bon de supprimer des programmations télévisuelles tout ce qui peut renvoyer aux aventures de Zorro. Un petit inconvénient qui serait vite gommé.

La cape n'est pas nécessairement de pluie. Il est permis d'envisager une gamme de capes qui tienne compte de la saison ou de la pluviométrie. De cette diversité, l'adhésion des élèves serait vite obtenue d'autant plus du reste que rapidement, ces chers enfants découvriraient rapidement combien il est aisé de cacher sous la cape un téléphone ou un ordinateur pour continuer à rester en contact avec le monde extérieur.

Notons au passage que la cape fait déjà partie de la panoplie d'un grand corps d'état. L'uniforme d'apparat de nos préfets est constitué d'une cape. On peut songer que ce rapprochement pousserait les jeunes gens à plus de discipline puisque nos Académiciens en portent une également, elle pourrait aussi pousser à une certaine forme d'élitisme qui trancherait avec les résultats actuels au classement PISA.

Voici tous mes arguments, je vous laisse juge de leur pertinence pour peu que vous ayez envie de soutenir ma campagne pour couvrir tous les élèves d'une cape !

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16 réactions à cet article    


  • juluch juluch 26 avril 15:06

    on ne voit plus la cape de nos jours sauf chez superman !!!


    • C'est Nabum C’est Nabum 26 avril 15:09

      @juluch

      Et chez les cyclistes et les marcheurs


    • Seth 26 avril 15:22

      @C’est Nabum

      J’ai moi-même une grande cape de laine neuve qui fit autrefois partie du fourniment des facteurs et descendant à mi-mollet.
      Je ne m’en sers pratiquement jamais mais on m’arrête toujours pour me demander où je l’ai trouvée. smiley

      C’est un vêtement bien pratique.

      Cloak en anglais désigne de façon générale toute les manteaux en tout genre, une cape à proprement parler se disant tout simplement « a cape ». Mais l’ami Julian va certainement me contredire.  smiley

      Sur la pub de LU, c’est une pèlerine (que portait aussi les poulets, sans doute pour pouvoir courir... smiley).

      Sans oublier que dans un souci de boycott, on n’achète plus la marque LU, maintenant dans les mains des yankis.  smiley


    • Seth 26 avril 15:26

      @C’est Nabum

      On trouve aussi la cape chez les pensionnaires de l’EHPAD du quai Conti.


    • babelouest babelouest 26 avril 18:41

      @C’est Nabum
      Ah oui, je me souviens de ces lourdes capes à capuche, imperméables à force de caoutchouc, dont ont m’affublait quand, minot, j’allais à l’école. Que sont ces capes devenues ?
      Quant aux galoches, leur semelle se devait d’être en bois, et ce n’était pas discret !


    • C'est Nabum C’est Nabum 27 avril 01:16

      @Seth

      Merci pour toutes ces précisions fort utiles


    • Seth 27 avril 14:27

      @babelouest

      J’ai porté ce genre de vêture quand j’étais au CP dans les années 60.

      C’était affreux : quand on avait le malheur de sortir les mains par les fentes prévues à cet effet, outre le fait qu’on avait l’impression d’avoir 2 scies autour du poignet, toute l’eau de pluie vous coulait sur les mains qui étaient trempées du coup et vous gelait les doigts, tout comme elle vous coulait sur les jambes nues puisqu’on portait des « culottes courtes » jusque dans les chaussures.

      En plus on semblait être dans un sauna tant on y transpirait et ça pesait un âne mort : une torture.


    • babelouest babelouest 26 avril 18:47

      Le pont sur le chemin de fer, à Nantes, est toujours nommé par les vieux Nantais « le pont Lu-Lu », du fait qu’autrefois il séparait deux des bâtiments de l’usine de biscuits. Pour les piliers de comptoirs, ils restent le soir « beurrés comme un p’tit Lu » quand ils retournent rejoindre pour la nuit leur logement — si du moins ils le retrouvent !


      • C'est Nabum C’est Nabum 27 avril 01:17

        @babelouest

        Je l’ignorais


      • Lonzine 26 avril 18:52

        on appelait cela des pelerinnes chez nous


        • Lonzine 26 avril 18:58

          @Lonzine
          avec un seul « n » désolé, pélerines donc


        • C'est Nabum C’est Nabum 27 avril 01:17

          @Lonzine

          Pour les marcheurs croyants


        • babelouest babelouest 27 avril 08:35

          « Elle me botte..... »

          Voilà qui me fait drôle.... j’avais un grand copain au collège, ses parents étaient très amis avec les miens. Il disait très souvent « Ça me botte ! »

          Et puis nous nous sommes perdus de vue, il habitait les bords de Loire, et puis un jour il a disparu. La Loire a été draguée entre Tours et Orléans, en pure perte.

          Trente-cinq ans plus tard la voiture a été retrouvée par hasard... dans la Sèvre Niortaise, pas loin de chez ses parents. Il ne dira plus « Ça me botte.... » Là où le véhicule a été repêché, le fond est à 4 ou 5 mètres même en été : pas étonnant si on ne l’a pas remarqué plus tôt !


          • C'est Nabum C’est Nabum 27 avril 18:20

            @babelouest

            Un fin tragique


          • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 27 avril 09:27

            Mettre à la cape son navire  verbes capéer ou capeyer se dit quand on ne peut pas tenir le cap et faire route aussi vite et bien qu’on le voudrait à cause d’un vent trop fort et d’une houle dangereuse.

            On distingue la cape courante et la cape sèche.

            L’inverse de la cape c’est la fuite. La cape parfois difficilement tenable, est moins dangereuse que la fuite qui est toujours possible mais plus dangereuse que la cape, surtout quand on est au vent d’une côte et que le vent y pousse, situation qui rend la fuite suicidaire.

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