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Accueil du site > Culture & Loisirs > Parodie > La fripouille sublime

La fripouille sublime

Prince en son royaume.

Le privilège de la naissance, il n'y a souvent que ça de vrai dans nos petites villes provinciales, confites dans la dévotion pour ceux qui portent un nom qui symbolise un pan glorieux de l’histoire locale. À ceux-là, tout est pardonné, plus encore : tout leur est permis ; car nul ne songerait à entraver la volonté et les désirs de ceux qui sont nés avec une cuillère en argent dans la bouche ou qui ont reçu un Louis d’or à leurs étrennes quand ils étaient enfants.

Il n’en va pas différemment à Saint Berdolin-sur-Loire, ville dont les édiles songent d'ores et déjà à attribuer un nom de rue à l’un des plus représentatifs de ses concitoyens, tout en lui octroyant un estaminet à grand frais sur le quai. À lui seul, il est le page et l’écuyer de l’héroïne de l’endroit, le bouffon des princes, l’amuseur public, la vitrine médiatique, le passeur Albatros et le raconteur d’histoires. Il brille des mille projecteurs que braquent sur lui les médias régionaux, avides d’une personnalité incontestable, consensuelle, lisse et merveilleusement télégénique.

Tout le monde est servi et personne n’est jamais déçu. Roi de la brosse à reluire, il pratique l'obséquiosité avec un art consommé, se montre toujours aimable pour qui détient pouvoir ou bien bourse pleine, en fait des tonnes dans le compliment dès qu’il s’agit de flatter celui qui peut aller dans le sens de ses intérêts. Il fait toujours bonne figure, en rajoute quelque peu au risque de paraître insincère, ce qu’il ne manque jamais d’être.

Mais, qu’il est de bonne compagnie ! Il plaît, il séduit, il envoûte même, pour peu qu’on dispose de renom, de moyens ou bien de services à lui rendre. Puis, l’usure aidant, il se détourne de sa dernière fantaisie, jette le grappin sur un nouveau pigeon qu’il exploitera jusqu’à la corde avant que de lui faire subir le même sort. Le cycle recommencera ainsi sans que personne ne puisse élever la plus petite protestation. Il est protégé et sans doute adulé.

D’ailleurs en haut lieu, on lui pardonne tout : ses frasques, ses plaisanteries douteuses, ses turpitudes, ses coups tordus, ses joyeuses arnaques et ses colères feintes. Quelquefois, il est boudé avant que de bien vite retrouver une célébrité incontestée en son royaume. Il peut tout se permettre et use à merveille de cette incroyable liberté. Il donne des leçons qu’il ne s’applique jamais à lui-même, il fait la Une et le chapeau, passe pour l'incontournable référence dans son petit bocal.

Pour le remercier, on lui accorde des passe-droits, des petits arrangements avec la règle commune, des facilités multiples. Il échappe à la contrainte, se permet bien des privautés, dispose de préférences. On ne repousse aucune de ses exigences ni le moindre caprice, il a pignon sur rue et porte l’histoire de l’endroit comme un fanion et un coupe-file. Il réclame, on lui octroie, la municipalité ne saurait entraver la volonté du célèbre personnage. Personne de s’indigner ni même de s’étonner, c’est ainsi depuis toujours, le nom vaut l’accord.

Pire même, tout ceci est rapporté par la presse, qui s’en félicite, sans jamais avoir le plus petit regard critique sur ce qui relèverait ailleurs d’un abus de position dominante, d’un privilège ou bien d’un injuste avantage. Émettre une critique à son encontre relève du crime de lèse-majesté, le pilori est promis au mal embouché qui dénonce les magouilles et les combines quand c’est la coutume ancestrale et qu’il convient de s’en accommoder.

Il veut, il obtient, il a envie, on devance son désir, il réclame, on se plie à sa fantaisie. Il est incontournable, admirable, exemplaire, merveilleux, sympathique… tous les adjectifs peuvent y passer pour ses adorateurs, souvent amnésiques, toujours disposés à lui servir la soupe. Pourquoi se gêner ? Je vous le demande, il a l’absolution de l'évêché, la bénédiction des élus, le soutien discret de l’opposition, le regard bienveillant des institutionnels, la plume complice de la presse régionale. Il a étendu sa toile d'araignée sur toute la cité, il en use avec une science consommée de l’opportunisme.

Naturellement ceci n’est qu’une fiction. Jamais pareille situation ne pourrait se produire dans un état de droit. Mais à bien y regarder, il est possible que de tels personnages existent ici ou là pour peu que ceux qui détiennent le pouvoir disposent des yeux de Chimène pour ce type de personnage ce qui naturellement, ne manque jamais d’arriver. Alors, si vous voulez débusquer de telles canailles, soyez un peu plus attentifs et vous ne manquerez pas d’en trouver près de chez vous. Personne n’a l’exclusivité d’une telle fripouille et c’est tant mieux, il convient de partager le fardeau.

Guinguettement sien.

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La fripouille sublime

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22 réactions à cet article    


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 20 novembre 2017 14:31

    Quel beau portrait de Sarkozy. Bruni et lui : l’art de berner le monde entier. Passez muscade,....


    • C'est Nabum C’est Nabum 20 novembre 2017 15:54

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      C’est à peu près ça


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 20 novembre 2017 14:47

      Carla et Nicolas.


      Lyrics

      On m’a vu dans le Vercors
      Sauter à l’élastique
      Voleur d’amphores
      Au fond des criques
      J’ai fait la cour à des murènes
      J’ai fait l’amour, j’ai fait le mort
      T’étais pas née

      À la station balnéaire
      Tu t’es pas fait prier
      J’étais gant de crin, geyser
      Pour un peu je trempais
      Histoire d’eau

      La nuit je mens
      Je prends des trains à travers la plaine
      La nuit je mens
      Je m’en lave les mains
      J’ai dans les bottes des montagnes de questions
      Où subsiste encore ton écho
      Où subsiste encore ton écho

      J’ai fait la saison
      Dans cette boîte crânienne
      Tes pensées
      Je les faisais miennes
      T’accaparer seulement t’accaparer
      D’estrade en estrade
      J’ai fait danser tant de malentendus
      Des kilomètres de vie en rose

      Un jour au cirque
      Un autre à chercher à te plaire
      Dresseur de loulous
      Dynamiteur d’aqueducs

      La nuit je mens
      Je prends des trains à travers la plaine
      La nuit je mens
      Effrontément
      J’ai dans les bottes des montagnes de questions
      Où subsiste encore ton écho
      Où subsiste encore ton écho

      On m’a vu dans le Vercors
      Sauter à l’élastique
      Voleur d’amphores
      Au fond des criques
      J’ai fait la cour à des murènes
      J’ai fait l’amour j’ai fait le mort
      T’étais pas née

      La nuit je mens
      Je prends des trains à travers la plaine
      La nuit je mens
      Je m’en lave les mains
      J’ai dans les bottes des montagnes de questions
      Où subsiste encore ton écho
      Où subsiste encore ton écho

      La nuit je mens
      Je prends des trains à travers la plaine
      La nuit je mens
      Je m’en lave les mains
      J’ai dans les bottes des montagnes de questions
      Où subsiste encore ton écho


      • C'est Nabum C’est Nabum 20 novembre 2017 15:55

        @Mélusine ou la Robe de Saphir.

        Il est partout


      • Sozenz 20 novembre 2017 15:03

        bonjour Nabum

        votre texte me fait penser à une chanson :

        https://www.youtube.com/watch?v=LcLM_B1Z1yw

        si le bonhomme est un amuseur et toujours souriant . il passe toujours . la plus part des gens s’emm. sont aussi triste qu’une pierre tombale ( sans cauvin et hardy bien sure ) , ils sont prets à se pendre , à ginette , à leur bouteille , à n importe quel cul pour vivre à chaque fois leur petite mort . à leurs cachetons pour les plus timides , et à une corde quand il n y a plus rien à attacher sauf eux même .
        Normal que l amuseur soit largement pardonné. qu’il soit adulé . il est même pas cher payé pour encore faire le con parmi tout ça ; faut en avoir du jus ... .


        • C'est Nabum C’est Nabum 20 novembre 2017 15:56

          @Sozenz

          Pourtant c’est un clown triste et pathétique


        • Sozenz 20 novembre 2017 16:22

          @C’est Nabum
          ah ben m..... mnce alors , mauvaise pioche . un clown blanc qui fait rire jaune

          mes condoléances !


        • C'est Nabum C’est Nabum 20 novembre 2017 18:32

          @Sozenz

          C’est à pleurer


        • juluch juluch 20 novembre 2017 16:02

          c’est qui nabum ?


          • C'est Nabum C’est Nabum 20 novembre 2017 18:31

            @juluch

            Ce n’est pas moi fort heureusement


          • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 20 novembre 2017 17:27

            Nicolas et Carla sont assortis comme le vin et le chocolat. Pas de bras, pas de chocolat. Au lit, c’est TINTIN.


            • C'est Nabum C’est Nabum 20 novembre 2017 18:32

              @Mélusine ou la Robe de Saphir.

              Leur sexualité ne nous regarde pas


            • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 20 novembre 2017 18:35

              @C’est Nabum

              Lire Vergnes. L’avenir du monde se décide parfois dans un lit.

            • Henry Canant Henry Canant 20 novembre 2017 18:13

              Nabum,

              ton autoportrait ?

              • C'est Nabum C’est Nabum 20 novembre 2017 18:33

                @Henry Canant

                C’est fort mal me connaître


              • Henry Canant Henry Canant 20 novembre 2017 21:36

                @C’est Nabum


                C’est de la faute de ta modestie maladive, tu ne parles jamais de toi.

              • Jean-Marc B 21 novembre 2017 11:35

                Bonjour C’est Nabum.
                Un beau portrait . Dans lequel on retrouve une inspiration du style de Jean de La Bruyère.
                Elles sont donc légions les fripouilles sublimes. Pour ma part je crois en connaître une ou deux.
                L’expression que vous utilisez en toute fin de texte m’interpelle. Je la prends pour un indice concernant une fripouille sublime particulière . Est-ce que je me trompe ?
                Pourquoi, ce « guinguettement sien » ?


                • C'est Nabum C’est Nabum 21 novembre 2017 14:03

                  @Jean-Marc B

                  Je suis flatté
                  j’ai grandi avec les caractères et voilà référence qui m’honore

                  Quant aux fripouilles elles sont si nombreuses qu’elle doivent se reconnaître

                  La fripouille en question a obtenu que la mairie installe à ses frais une guinguette sur les quais pour son commerce privée


                • Jean-Marc B 21 novembre 2017 14:32

                  @C’est Nabum
                  Voilà donc pourquoi il vous fallait rédiger ce « Caractère » fort réussi de « la fripouille sublime ». Votre sens de l’humour grinçant , et pourtant très bien huilé du point de vue linguistique et poétique, fait mouche . La guinguette prend déjà l’eau et ne tardera pas à sombrer.... On ne voudrait pas être la cible de votre plume Bon courage C’est Nabum. Et au plaisir de vous lire bientôt .


                • C'est Nabum C’est Nabum 21 novembre 2017 17:33

                  @Jean-Marc B

                  La guinguette sera protégée par le Maire et sa clique
                  On ne s’embarrasse pas des règles d’usage dans cette ville


                • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 21 novembre 2017 14:52

                  L’important, n’est pas la manière mais le but poursuivi. Le compromis est souvent nécessaire si notre coeur reste au clair avec l’intention. Surtout quand les dés sont pipés comme en période de guerre.

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