Leur bonne étoile
L’irrésistible ascension.
Le monde du sport est un fervent adepte des gris-gris, des pratiques incantatoires, des prières et autres évocations ancestrales pour sublimer les joueurs et rassembler leurs supporters derrière cette croyance magique que rien ne peut leur arriver si le rituel est respecté. Il n'est qu'à observer la puissance et la force que tirent les joueurs Néo-zélandais quand ils réalisent leur Haka. Ils ne sont du reste pas les seuls à pratiquer ainsi danses tribales ou agitations délirantes.
C'est bien sûr le rugby, sport de combat collectif de conquête territoriale qui a le plus souvent recours à ces rites d'un autre temps pour transformer l'homme moderne en un terrifiant guerrier, un redoutable mercenaire prêt à offrir son corps pour le succès de son groupe. Il y a là une manière de transcender l'humain, de franchir les limites de la souffrance tout en tissant des liens indéfectibles dans le groupe, prêt ainsi à aller à la guerre.
On peut s'en étonner ou même s'en indigner pour peu qu'on regarde à distance cette pratique d'un autre âge. Qui pourtant a connu ces instants, a réussi à dépasser sa modeste condition humaine pour aller au feu sous le maillot de son club, sait à quel point ces préparations sont essentielles pour la réussite de l'épreuve à franchir. Dans ce même ordre d'idée, le discours d'avant match de l'entraîneur, relève également de ce passage d'un état à un autre, pour sublimer les individus et unir le groupe autour d'un même objectif.
Jusqu'à présent il n'y avait rien de neuf sous le soleil même si on affirme qu'à haut niveau, des pratiques plus discutables viennent apporter ce supplément d'âme que nécessite un jeu qui est de plus en plus une ritualisation de la guerre. Le documentaire de l'Équipe « Rugby la maison brûle ! » évoque ainsi ce qu'il convient de ne pas taire.
Mais gardons de telles outrances lorsqu'il s'agit d'évoquer la pratique magique du Rugby Club Orléans pour retrouver son lustre d'antan. Après une terrible descente aux enfers dont je fus hélas un acteur, ce club retrouve progressivement les sommets grâce à un habile stratagème, une forme élaborée de talisman ou de totem bienfaisant.
En souhaitant retrouver leur bonne étoile, monter toujours plus haut dans la hiérarchie sportive, les dirigeants dans leur immense sagacité ont souhaité prendre au mot leurs désirs exprimés par ces expressions. Bien sûr, ils ont fait comme leurs concurrents ; ils ont renforcé leur équipe, ils sont allés chercher un encadrement technique de qualité, ils se sont donné les moyens de leur réussite.
Tout ceci ne les distingue pas de leurs adversaires. Alors, après une réunion au sommet, ils se sont dit qu'il convenait de rentrer dans un autre monde, celui des croyances occultes et des pouvoirs mystérieux. Ils ont élaboré une stratégie qui a débuté par le déplacement des rencontres, le soir, en nocturne comme on dit dans le monde sportif. Ceci pour réaliser leur coup de génie.
Ils ont saisi cette opportunité pour retirer le toit de leur tribune, les spectateurs affrontant ainsi les éléments pour faire corps avec leurs favoris, parfois eux aussi dans la tempête ou la mêlée. Fort d'un soutien qui est vécu ainsi de manière exceptionnelle, en cas de difficultés, le public peut lever les yeux au ciel et il est toujours des spécialistes des astres qui observent la bonne étoile et permet d'inverser le cours de la rencontre.
Naturellement la municipalité s'est arraché les cheveux en découvrant ainsi le traitement indigne que le club fait subir à des spectateurs qui sont aussi des contribuables. Mais que faire contre la volonté d'apprentis sorciers ? Monsieur le Maire préfère ne plus venir sur ce stade pour essuyer non pas des quolibets mais les assauts du ciel. En tout état de cause, quoique vous en pensiez, cette méthode semble pour l'heure particulièrement efficace. Dois-je pour autant me couvrir en écrivant ici qu'il ne faut pas mettre la charrue avant la grande ourse et qu'il ne faut préjuger de rien avant le résultat final ?
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