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Accueil du site > Culture & Loisirs > Parodie > Méfiez-vous des imitations

Méfiez-vous des imitations

Élections municipales : laboratoire d'idées rechappées

L'histoire ne se renouvelle pas ainsi …

Je vous parle d'une étrange cité où les batailles municipales sont sans pitié, où les belligérants, ceux qui briguent la première place, installent leurs troupes dans un quartier général de campagne et poussent le détail jusqu'à les équiper d'un uniforme militant. Il est vrai que la confusion des politiques au sommet de l'état exige désormais des repères visuels pour distinguer un social-démocrate d'un démocrate-social.

Ainsi donc, dans cette paisible cité ligérienne, les légions qui souhaitent bouter le tenant se vêtent d'une seyante cape blanche. Le maire actuel avait naguère emporté la ville en laissant circuler dans la cité une armée de supporters, arborant fièrement cet imperméable blanc. Plus de dix années plus tard, ce sont ses opposants qui singent la manière en se convainquant que c'est l'habit qui fait l'élu victorieux, à défaut de moine.

Nous pourrions rire de tout cela. Mais la chose n'est guère prudente. En se couvrant ainsi d'un vêtement de pluie, les deux partis en présence annoncent implicitement qu'ils sont totalement imperméables à l'humour et hermétiques à la moindre critique. Le moqueur s'expose toujours aux rétorsions que le petit pouvoir local permet si facilement d'exercer. Qu'importe, ils sont si ridicules que je ne peux me priver de les moquer.

Lorsqu'il prit la forteresse, le bon Prince avait innové. Une campagne moderne et agressive, des militants ardents et peut-être pas désintéressés, des jeunes gens souvent, pour installer l'idée du renouveau dans les têtes des électeurs. Des poubelles brûlèrent alors opportunément dans les quartiers chauds où les pompiers furent reçus à coups de cailloux et l'heureuse coïncidence permit une victoire qu'on peut qualifier de sans bavure.

Il faut leur reconnaître qu'à l'époque, un maire régnait sans partage, dans l'illusion de sa puissance et de son bilan. Il avait même tourné le dos aux forces d'appoint traditionnelles de ce côté-ci de l'échiquier. Le vieux lion allait succomber à cause de son autisme politique et le jeune loup remporta la bataille, à la stupéfaction des gens en place qui n'avaient, naturellement, rien vu venir.

Cette fois-ci , le jeune loup s'est usé les dents avec des amitiés bien suspectes. Il reste fidèle pourtant à des compagnons encombrants et de mauvaise mine. S'il a fait du bon travail, il porte aussi quelques casseroles qui font grand bruit. C'est la loi de cet exercice difficile qu'est le pouvoir municipal. Son fardeau le plus certain étant sans conteste, son redoutable manque de tolérance. L'homme est impitoyable à ceux qui se dressent devant ses envies …

Une tigresse en a fait les frais et pourtant elle s'obstine à vouloir prendre la place. Ce n'est pas la manière dont elle a supporté sans réagir les humiliations du loup qui peuvent inciter à lui faire confiance. Elle a plié l'échine sans rien dire en bien des occasions. Pour faire oublier ces faiblesses coupables, elle a choisi de reprendre à son compte la stratégie victorieuse de celui qu'elle pourfend maintenant de manière plus véhémente.

Alors, faute d'une nouvelle idée, elle a déguisé ses adorateurs avec ce même petit kway blanc qui vous empêche de passer inaperçu. Pour accentuer l'effet et se démarquer de son adversaire, elle a eu l'idée de placarder une jolie inscription fuchsia dans le dos des militants-sandwichs. Et comme ce parti n'en fait jamais assez dans la nuance, les légionnaires de la bonne parole se sont enveloppés d'une écharpe rose bonbon pour se « parer » du futur courant d'air qu'ils ne manqueront pas de subir.

Vous avez sans doute une petite idée du tableau. La politique spectacle, la politique de l'image et non du fond. Le jeune loup autrefois, la petite tigresse aujourd'hui donnent dans les mêmes poncifs. La dame pourtant ajoute un détail qui renforce encore l'aspect pathétique de la pantomime. C'est son prénom qui est inscrit en grosses lettres dans le dos des distributeurs de tracts et éventuellement d'idées. Ainsi, si jamais elle crée la surprise et obtient le poste qu'elle brigue, ses administrés l'appelleront tous : « Corinne » ; c'est ce qu'on nomme la dignité de la charge.

Cela étant, nous sombrons dans le défaut de ce parti qui n'aime rien tant que de servir du prénom à ceux qui sont de leur clan. J'ai déjà remarqué ce travers qui peut paraître sympathique lors de l'un de leurs meetings mais qui finit par agacer celui qui se sent exclu de la confrérie. C'est d'autant plus facile qu'ils se saluent tous, se tutoient à grands coups d'éloges avant que de finir par saluer le public qui s'est déplacé pour assister à cet admirable entre-soi.

Tout cela constituerait malgré tout des défauts acceptables si un coup de trop n'était sorti de la manche de l'un des colistiers de dame Corinne. J'ai eu l'outrecuidance d'un petit message sur la toile signalant les risques de l'imitation et de cette trop grande familiarité du prénom. Voyant une pointe d'ironie dans mon propos, le militant a censuré mon message afin d'éviter la contagion du sourire. J'ai pu mesurer par ce geste anodin, l'esprit démocratique de l'affaire. Voilà une possibilité de ralliement au second tour définitivement perdue. Le bouffon, c'est à la censure qu'il est imperméable !

Outrecuidancement leur.


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6 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 28 janvier 2014 09:04

    32.000 communes en France je crois.. ?

    Autant de Baronnets qui font notre pays..non sans batailles de clochers (souvent jubilatoire)..si l’on prend un peu de recul...On peut hélas aussi rajouter quelques drames et même quelques morts (les vengeances sont tenaces dans ses petits villages) un ami vient de se faire tuer par son voisin pour une histoire de guirlande de Noël qui restaient allumées trop tard le soir.. ?

    • C'est Nabum C’est Nabum 28 janvier 2014 12:22

      Claude-Michel

      Pourtant, nous ne sommes pas gouvernés par des lumières ...


    • asterix asterix 28 janvier 2014 10:57

      Bonjour Nabum

      Ce mot, je le tiens d’un responsable politique belge qui a régné sans partage depuis trente ans avant d’enfin se faire blackbouler : ne vous trompez pas, l’ennemi politique n’est pas l’adversaire, il est dans vos propres rangs et n’attend qu’une erreur ou une opportunité pour vous piquer la place.
      Donc, pour éviter celà, noyez-le sous des fonctions grassement rémunérées jusqu’à en faire un homme-lige.
      Et les autres, faites-leur miroiter des fonctions, crééz-en si nécessaire.
      CQFD...


      • C'est Nabum C’est Nabum 28 janvier 2014 12:23

        asterix

        Je vais me permettre de le diffuser
        Excellente illustration de leur médiocrité


      • Ruut Ruut 28 janvier 2014 12:56

        Tout ça pour au final disparaître dans des euro régions.

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