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Accueil du site > Culture & Loisirs > Parodie > Petit nez crottin

Petit nez crottin

Loup y es-tu ?

Il était une fois un petit garçon qui se distinguait de ses camarades à la crèche. Quand les uns suçaient leur pouce, les autres suçaient goulûment une tétine. Lui n’avait nul besoin de ce substitut affectif, en la matière il avait tout son content de câlins quand il était avec les siens. Il vivait dans une famille aimante qui n’aurait jamais songé qu’un bout de plastique pût les remplacer.

Il avait l’âme aventureuse. Pour s’initier aux grandes expéditions qu’il ne manquerait pas de conduire quand il serait plus grand, il avait décidé de mener une investigation permanente de ces cavités personnelles. La chose eut pu sembler naturelle si le bambin avait vécu dans une maison troglodyte. Il n’en était rien puisque sa demeure était l’un de ces pavillons sans âme que les bâtisseurs dressent à la hâte.

C’est peut-être ce qui lui mit la puce à l’oreille puisque c’est par là qu’il débuta son initiation aux métiers de l’aventure. Il avait mis le doigt dans l'engrenage et l’auriculaire là où l'étymologie supposait qu’il y régnât en maître. Il fit ainsi belle collecte de cire jusqu’à ce qu’il en éprouvât des bourdonnements qui le contraignirent à changer d’objet de recherches.

La bouche, si elle ne lui permettait pas de mettre les pouces, histoire de ne pas singer ses collègues, fut alors un sujet d’investigation approfondie jusqu’à ce qu’il rendît son goûter. Il comprit alors que son futur métier ne serait pas sans risque et qu’il risquait de ne pas toujours nourrir son homme.

Il eut alors une curieuse envie, si pressante du reste qu’il lui fallut sur le champ se trouver un cabinet de curiosités pour la satisfaire. Il approfondit quelque temps ses recherches pour le plus grand déplaisir de son entourage. Bientôt, il ne fut plus en odeur de sainteté. Seul le psychologue de son établissement scolaire se réjouissait d’un comportement qui selon lui, démontrait une maturité certaine.

Il cessa rapidement ce qui irritait autant ses proches que ses muqueuses. Ses parents avaient même émis l’idée de lui remettre une couche s’il persistait dans une telle déviance. Il était temps pour lui de reprendre de la hauteur. C’est justement vers ses fosses nasales que ses doigts se portèrent, ravis qu’ils étaient de se retrouver en pleine lumière. Le majeur se porta volontaire, il lui semblait qu’il y avait là, cavité à sa mesure.

Après quelques périples anodins, il s’aperçut qu’il convenait là aussi de faire la lumière sur les éléments qui peuplaient l’endroit. Il voulut mettre une mèche afin d’éclairer son propos, la chose tourna au drame. Un rhume carabiné vint récompenser cette initiative aussi malheureuse que déplacée. Elle allait faire couler non seulement le nez mais encore les promesses d’études ultérieures. Le majeur fut mis à l’index et son voisin le suppléa.

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Ce dernier, plus sensible aux contes de fées et autres balivernes de la petite enfance, se fit par opposition à son devancier, mineur, excavateur de fond. Loups et grottes eurent sa préférence. Il leur faisait une traque terrible, cherchant la petite bête dans tous les recoins des grottes, allant indifféremment de l’une à l’autre sans jamais parvenir à joindre les deux bouts.

Ses pairs le surnommèrent bien vite : Petit Nez crottin, sobriquet certes peu glorieux mais qu’il portait fièrement comme un trophée, un blason dont il se montrait particulièrement fier. Il fut d’ailleurs durablement marqué par cet épisode de sa petite enfance et c’est ainsi que la littérature nationale s’enorgueillit par la suite de l’une de ses plus belles pages. La réputation de Petit Nez crottin arriva jusqu’à vous sous la signature d' Edmond Rostand. Voilà ce que cela donne parfois de mettre son nez partout.

Nasillardement sien

 

 

Cyrano.

 

Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…
En variant le ton, – par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »
Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »
Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort elle du nez
Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampéléphantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral,
T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « C’est la Mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique : « Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain !
C’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! »
Militaire : « Pointez contre cavalerie ! »
Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
– Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit
Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n’en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d’une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.


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4 réactions à cet article    


  • juluch juluch 21 décembre 2019 16:59

    Cyrano.....sortez de ce corps !!!

     smiley


    • C'est Nabum C’est Nabum 22 décembre 2019 18:49

      @juluch

      Nous sommes de mèche


    • Jjanloup Jjanloup 22 décembre 2019 17:04

      Normalement ce n’est qu’à la fin de l’envoi qu’il touche... smiley

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