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Accueil du site > Culture & Loisirs > Parodie > Un cheveu dans la soupe

Un cheveu dans la soupe

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À couper en quatre.

L’art de bien recevoir impose parfois de sortir des sentiers battus et de proposer un repas dans le vent. Je vous invite ici à suivre scrupuleusement les conseils éclairés d’un cordon bleu, travaillant dans une maison étoilée qui fait de la perruque pour améliorer l’ordinaire.

Pour éviter toute confusion, priez un ami chauve de venir préparer ce plat, il en sera récompensé sans qu’il soit besoin de lui crêper le chignon. À ce stade des précautions, repoussez fermement les maîtres queux barbus et plus encore les moustachus, ils ne sont pas fiables et risquent d’introduire de la viande de blaireau dans la préparation. Le chauve glabre, il n’y a pas mieux pour réussir parfaitement votre soirée.

La première mesure à prendre est de bien choisir son contenant. Les vieux pots sont à ce titre les meilleurs pourvu qu’ils soient parfaitement culottés. Le risque serait grand de quelques allusions graveleuses si tel n’était pas le cas surtout si vous conviez à votre table un ancien candidat à la mairie de Paris. Pour repousser toute allusion déplacée, il est recommandé de ne pas ajouter la moindre goutte de crème fraîche au moment de servir.

Mais ne perdons pas le fil de notre préparation. Le pot choisi, il convient désormais de choisir le mode de cuisson. Vous repousserez fermement tous les supports modernes, céramiques ou vitrocéramique. La fonte ne s’y plait guère et le charme en serait perdu. Le gaz n’est pas pourtant la meilleure solution. La bouche peut s’encrasser d’un cheveu sur la langue. C’est donc sur un traditionnel feu de bois que vous pendrez la crémaillère suspendue à un cheveu de Damoclès.

Pour les ingrédients il vous appartient de choisir tout ce qui se présente sous forme de filaments. Vous risquez de vous arracher les cheveux pour trouver sur le marché radicelles de poireaux, spaghetti végétal et cheveux d’ange. Il serait pourtant indispensable de ne pas tergiverser sur ces éléments incontournables. Au risque de vous défriser, il conviendra de commander la semaine précédente pour être convenablement servi.

La cuisson se fera au fil d’une soirée échevelée. Pas n’est besoin d’une étroite surveillante, le cheveu qui cuit n’est pas rebelle. Si vos convives ne sont pas végétariens, la soupe gagnera en fumet en y adjoignant des crêtes de coq ou une aile de raie. Là encore, il est recommandé de se fournir chez un volailler qui n’est pas chaud du bonnet, cette requête risque d’être mal perçue par quelqu’un un peu trop chaud du bonnet.

Pour corser votre mixture des épices assez fortes sont souhaitables. Surtout ne soyez pas chiche sur le piment et le poivre, le gingembre et le paprika quitte à voir les cheveux de vos convives se dresser sur leur tête lors de l’absorption de ce plat. C’est sans doute là que réside le plaisir de cette préparation.

Si vous êtes de mèche avec votre cuistot, pensez à l’équiper d’une toque au moment du service et glissez une boule de billard dans la soupière en guise de fève. Celui qui en hérite aura alors l’obligation de préparer à son tour un plat de nature à s’arracher les cheveux durant de longues heures de réflexion.

Certains gourmets conseillent de préparer un roux pour l’ajouter au dernier moment à votre brouet que vous pourrez accompagner selon vos préférences d’une bière brune ou bien blonde pourvu qu’elle ne vous fasse pas mal à la tête. Pour compléter agréablement ce plat, une salade frisée sera tout indiquée à la condition qu’elle soit agrémentée de noix et de fines lamelles de canard laqué. Le tout assaisonné d’une huile de canola pour éviter les cheveux gras. Évitez le vinaigre blanc surtout si vos amis sont un peu âgés.

Si vous servez la soupe de cheveux à la louche, prenez la précaution de retirer au préalable les yeux du bouillon, inévitables du fait de la présence des crêtes de coq. Vous passerez ainsi une formidable soirée qui se terminera par une partie carrée si naturellement vous avez coupé les cheveux en quatre.

Bouillonnement vôtre.

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4 réactions à cet article    


  • Rantanplan le bulot 29 février 2020 14:03

    Ceux qui ont des chevaux poivre et sel n’ont même pas à se soucier d’accomoder.


    • C'est Nabum C’est Nabum 29 février 2020 14:31

      @le bulot

      C’est bien plus simple même si le risque du régime pointe son nez


    • juluch juluch 29 février 2020 16:04

      la soupe faite sur le feu de cheminée !!!!

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