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Accueil du site > Culture & Loisirs > People > Anecdote hôtelière par Guy Savoy

Anecdote hôtelière par Guy Savoy

Je me propose de vous partager une nouvelle anecdote hôtelière rédigée par le chef étoilé Guy Savoy pour le compte de mon blog le rendez-vous du Mathurin. Sa première arrivée à Las Vegas au Caesar's Palace ne manque pas de piquant et mérite d'être contée. 

Biographie : Guy Savoy est un célèbre chef cuisinier français, 3 étoiles au Guide Michelin. En 2015, il implante son restaurant « Guy Savoy » au cœur de l’édifice historique de la Monnaie de Paris, un monument classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO [voir notre article à ce sujet]. Véritable ambassadeur de la gastronomie française, il exporte ses talents culinaires à travers le monde.

"En 2003, le mythique hôtel Casino de Las Vegas le Caesar ‘s palace, me fait l’honneur de m’inviter pour ouvrir un restaurant dans une de ses tours.

La première fois que j’arrive à Las Vegas par la voie des airs, mon regard englobe ses extravagances et sa démesure, je suis sidéré par ce foisonnement et ce côté spectaculaire. La ville est définitivement à la hauteur de sa réputation et je n’ai encore rien vu. Le véhicule venu me chercher à l’aéroport se fraie difficilement un chemin dans le trafic dense. Tant mieux, c’est l’occasion pour moi d’appréhender progressivement ce nouveau décor. Enfin, me voilà au pied du mythique Caesars Palace.

On m’accueille à la réception à 16h avec cette cordialité américaine que j’apprécie tant. Un mélange de courtoisie et de spontanéité qui vous fait tout de suite vous sentir à l’aise. Mon comité d’accueil me guide à travers le labyrinthe des machines à sous, des roulettes, des tables de poker. Les toilettes des femmes sont toutes plus extravagantes les unes que les autres. L’œil n’a pas de repos. Les croupiers vous font un sourire avenant pour que veniez tenter votre chance. Pas le temps !

Nous voilà dans les locaux de l’hôtel, je pensais avoir tout vu, je me trompais. Je suis impressionné. Les longues galeries à colonnes, les œuvres d’art, les cours intérieurs qui se succèdent, les patios qui invitent à la méditation, les escaliers en marbre qui montent aux cieux et toujours ce foisonnement des foules qui semble presque dérisoire au vu des dimensions. De retour de ma rapide ellipse spatio-temporelle, me voici dans un ascenseur qui nous mène vers une destination inconnue.

Nous arrivons à un étage, difficile de dire lequel, et encore plus de tâcher de me repérer dans l’édifice. On m’introduit dans un nouveau lieu, et je pense enfin savoir où cette folle cavalcade m’a mené : un restaurant. J’avoue être un peu surpris par la rapidité avec laquelle mes hôtes m’introduisent dans le vif du sujet. Pas même le temps de récupérer quelque peu de toutes mes émotions, me voilà déjà sur le terrain. Serait-ce là le pragmatisme anglo-saxon ?

Sans laisser soupçonner mon étonnement, je commence à détailler d’un œil que je veux professionnel ce que j’imagine être mon futur cadre de travail. La salle d’accueil est grande, trop peut être, un comptoir doré vous accueille, classique, voire un peu cérémonieux, manque peut-être un peu de fantaisie. Nous passons dans la salle suivante, première surprise, un putting green est là. N’étant pas grand praticien de golf, et étant très surpris en mon for intérieur, je présume qu’il s’agit là d’une des facéties du bon peuple américain. Ils jouent au golf dans le désert, alors quoi de plus normal que de jouer en intérieur ? Mais dans un restaurant, quand même. Je poursuis mon exploration visuelle. Quelques mètres plus loin, un remarquable piano à double queue invite le visiteur à s’en servir. A quelques mètres de là, une terrasse s’ouvre avec une vue sur la métropole hyperactive tandis que le désert se dessine au loin. Je continue mon exploration de salle en salle, et je commence à comprendre que j’ai pu commettre une erreur.

Mon guide qui est resté imperturbable jusque là me glisse :

- Well Sir, I hope you will find your room convenient !
Ça y’est la lumière s’est faite, on ne m’a pas mené dans mon futur restaurant mais bien dans ma future suite ! J’évalue par la suite sa surface à 1200 m2 avec pas moins de quatre chambres !"

Guy Savoy 


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