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Accueil du site > Culture & Loisirs > People > Les espagnolades de l’Elysée

Les espagnolades de l’Elysée

Le mercredi 16 mai, jour de l’investiture officielle de Sarkozy, c’est aussi le compositeur espagnol Isaac Albéniz qui entrait au palais de l’Elysée. L’orchestre de la Garde républicaine jouait « Asturias », une pièce tirée de sa Suite española pour piano, dans un arrangement pour orchestre à cordes. Cécilia Sarkozy est l’arrière-petite-fille du célèbre compositeur Isaac Albéniz (1860-1909) dont le centenaire de la mort sera célébré le 18 mai 2009.

Wolfgang Amadeus... Albéniz  !

Personnage haut en couleur, Isaac Albeniz fut aussi un musicien très précoce, au point que son père voyait en lui un génie comparable à celui de Mozart. Mais contrairemenet à ce dernier, le petit Isaac n’a pas de père musicien. Il ne vient pas au monde non plus dans un pays d’essor musical. Né le 29 mai 1860 à Camprodón, dans la province catalane de Gerona au nord-est de l’Espagne, il naît dans une Espagne où la création authentiquement espagnole se trouve à l’état embryonnaire. Le jeune Isaac se produit en public dès l’âge de quatre ans. Il donne son premier concert à Barcelone au théâtre Romea et suscite une vive admiration.

C’est ensuite que cela se gâte. Après avoir ébloui le jury du Conservatoire de Paris, il s’en voit interdire l’entrée pour avoir fait voler une vitre en éclats. Il part en tournée dans toute l’Espagne d’abord sous la conduite de son père, puis en solitaire, à la suite d’une série de fugues qui vont le conduire jusqu’en Amérique du Sud. Il va ainsi errer en Argentine, au Brésil, en Uruguay, puis aux Etats-Unis avec sa famille. Il a quatorze ans quand il part pour Leipzig afin d’améliorer sa technique pianistique auprès de Carl Reinecke et Salomon Jadassohn. Il passe quelques mois avec Franz Liszt, à Weimar, en 1878. Il a alors 18 ans. Il sera l’élève de Liszt. En 1894, il côtoie Dukas, Debussy, Fauré. De toute son oeuvre, c’est sa "Suite espagnole" qui sera la plus populaire. La suite "Iberia" fut admirée par Debussy et Messiaen : "Jamais l’écriture du clavier n’a été poussée aussi loin", dira ce dernier.

Isaac Albéniz mourra le 18 mai 1909 de la maladie de Bright, une affection rénale, à Cambo-lès-Bains, non sans avoir été honoré de la Grande Croix de la Légion d’honneur.

Renaissance à l’Elysée.

Cécilia Sarkozy est elle-même pianiste. Elle a remporté à quinze ans le premier prix de la Ville de Paris, et continue à jouer sur le piano d’étude de son illustre ancêtre. Des œuvres de Chopin, Fauré, Poulenc mais pas d’Albéniz : « Je l’abîme », avouait-elle en avril 2005 lors d’un entretien au Monde de la Musique. Son fils Louis s’est mis lui aussi au piano. Loin des Doc Gynéco, et autres Johnny, Enrico Macias, Mireille Matthieu et Faudel, c’est un autre style de musique qui se fait entendre à l’Elysée. Comme une renaissance. Rien de plus normal : Albéniz est considéré comme un pionner de la renaissance espagnole.

Ce sont les transcriptions pour guitare par Francisco Tárrega d’un grand nombre de ses pièces qui firent en grande partie la renommée d’Albéniz. Ce qui fait que les guitaristes classiques le fréquentent, en particulier à travers le célèbre "Asturias" dont certains passages techniques sont difficiles à négocier et font souffrir les poignets !

Peut-on dire que l’interprétation d’Asturias par Andrés Ségovia ou Alexande Lagoya s’efface aujourd’hui devant celle des guitaristes contemporains comme John William, Julian Bream ou Emmannuel Rossfelder  ? Pas vraiment, quand on sait qu’Emmannuel Rossfelder, notre ambassadeur français de la guitare, fut l’élève de Lagoya. Prix des Victoires de la musique 2004 (catégorie "révélation soliste instrumental"), il est sans conteste un guitariste français de talent exceptionnel qui a su donner à cette composition une interprétation de virtuose. Mais il y a plusieurs manière de vivre cette oeuvre où la vitesse d’exécution joue une place prépondérante mais pas la seule.

Avec Granados et de Falla, Albéniz est le meilleur représentant de l’âme musicale espagnole, d’une nouvelle façon de sentir, mélodiquement et harmoniquement, l’hispanisme. En mai 2009, la France fêtera-t-elle à sa manière le centenaire de la mort du compositeur faisant ainsi entrer l’âme espagnole à l’Elysée et dans le coeur des Français ?

"Asturias" joué par :

Andrés Segovia

John Willams

Emmanuel Rossfelder


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18 réactions à cet article    


  • morice morice 28 mai 2007 14:09

    Il est rentré aussi à l’Elysée une autre influence espagnole : celle d’un Juan Carlos, choisi par... Franco.


    • CAMBRONNE CAMBRONNE 28 mai 2007 14:34

      Il n’y a que le sectaire Morice pour ne pas reconnaitre le rôle capital joué par juan Carlos dans les débuts de la jeune république espagnole . Il a fait avorter une tentative de coup d’état par les militaires et assuré la paix civile grâce à son charisme .

      L’Espagne n’est pas une république mais c’est une grande démocratie et le roi n’y est pas pour rien .

      Si Franco l’a choisi et formé c’est à mettre au crédit de Franco comme de n’avoir pas participé à la guerre au coté d’hitler et mussolini .

      Vive la république quand même .


    • La Taverne des Poètes 28 mai 2007 14:46

      Allons, messieurs ! Nous ne sommes pas dans la rubrique « politique ».


    • CAMBRONNE CAMBRONNE 28 mai 2007 14:57

      C’est vrai Taverneux mais c’est pas moi qu’a commencé !


    • Y. DESGREES 28 mai 2007 16:17

      Merci à la taverne des poètes pour cet intéressant article qui fera mieux connaître des Français ce grand compositeur espagnol, si bien interprété par Lagoya... Article bien écrit et qui, pour une fois passée la campagne présidentielle, ne fait pas de lien politique, mais seulement familiaux avec Cécilia, aujourd’hui première dame de France, elle-même musicienne diplômée. Il s’agit d’un grand compositeur qui mérite autre chose qu’une admiration partisane ; les éléments concernant sa vie sont intéressants et attachants. YDdL


      • Thucydide Thucydide 28 mai 2007 17:21

        Merci à vous, Taverneux, pour cet article, qui répond à bien des questions que je me posais sur cette filiation de Cécilia Sarkozy avec Albeniz, sans que j’ose en chercher les réponses dans les rubriques « pipole ».

        J’ignorais que notre nouvelle première dame était une pianiste émérite, mais je suis surpris de lire qu’elle évite de jouer son aïeul. Il faut dire que l’oeuvre de celui-ci, relativement réduite et en tous cas très sous-estimée à mon goût, est redoutable à jouer, en particulier les 12 pièces d’Iberia, son chef-d’oeuvre.

        On parlait de la marque qu’imprime Sarkozy sur le protocole, il est clair qu’après l’apparition presque irréelle des différents membres de la famille recomposée, l’exécution d’Asturias le jour de l’investiture sarkozienne avait quelque chose d’une révolution de palais hispano-hongroise.


        • La Taverne des Poètes 28 mai 2007 21:32

          Thucydide, merci de votre commentaire. Je comprends la réticence de Cécilia Sarkozy à jouer des oeuvres d’Albeniz. Moi aussi, je l’abîme. Mais je crois qu’il faut être capable de se décomplexer par rapport à une oeuvre et à son auteur, s’autoriser à recréer en interprétant, à improviser des vairantes en jouant sur le rythme, la tonalité, etc. Cela donne du recul et de l’assurance et ensuite on la joue mieux. Enfin, si j’avais un conseil à lui donner ce serait celui-là. Je me permets de jouer Asturias à la guitare de façon personnelle...genre pitrerie mozartienne.


        • La Taverne des Poètes 28 mai 2007 22:03

          J’essaie le lien :

          http://site.voila.fr/histoires_courtes/Asturias_extrait_perso.wmv

          Commentaires : ici je joue juste le début. Je joue avec un doigt replié et un onglet au pouce. Je m’autorise deux glissés non permis dans l’interpétation classique du morceau. Que les puristes ne regardent pas !


        • Thucydide Thucydide 28 mai 2007 22:19

          C’est sympa de pouvoir échanger ce genre de trucs. Bon, ce n’est pas nouveau, sur internet, mais quand même, ça fait drôle. smiley

          je suis tout à fait de votre avis, les oeuvres, c’est fait pour être joué, tant pis pour les imperfections -jusqu’à un certain point, évidemment. S’il fallait jouer comme les interprètes que nous entendons tous en disque, il n’y aurait pas le choix entre 6-8 heures d’instrument par jour (et encore, à condition d’avoir eu de bonnes bases jeune) et pas d’instrument du tout.

          Au piano, cette oeuvre est relativement facile, sauf les majestueux accords FF, qui sont joués avec un saut important des deux mains. En général, même les bons pianistes ont du mal à toujours tomber juste sans ralentir. Une très bonne interprétation en est évidemment celle d’Alicia de Larrocha, on n’y perçoit pratiquement pas de rupture (ni dans le saut des mains, ni sarkozienne smiley )


        • La Taverne des Poètes 28 mai 2007 22:26

          Le FF est-ce la Fa accord fondamental ? Je n’ai jamais joué le morceau au piano, instrument que j’utilise surtout pour me distraire ou composer.

          A la guitare, le morceau est difficile mais il me plaît bien. Sur cette vidéo, je n’ai pas cherché à jouer parfaitement le début. On sent la crispation au début (je n’aime pas jouer devant la caméra).


        • Thucydide Thucydide 28 mai 2007 22:32

          Non, FF pour fortissimo, souvent utilisé au piano. A partir de certains auteurs (Chopin), il y a inflation dans les F (FFF ou plus). Rachmaninov en utilise souvent 5, ce qui ne veut plus dire grand-chose. Prokofiev, qui écrivait des pièces extrêmement percutantes, se contente de deux F. Mais ceci nous éloigne de notre sujet.


        • La Taverne des Poètes 28 mai 2007 22:47

          Là je suis largué. Le seul classique que j’ai joué au piano c’est « Für Elise » de Beethoven. Les oeuvres de Beethoven au piano sont mes préférées. Il est dommage que cet article soit paru dans la rubrique « people » et non « musique » comme je l’avais demandé. Les musiciens y seraient venus plus nombreux.


        • Thucydide Thucydide 28 mai 2007 23:22

          D’habitude, j’évite soigneusement de transformer Agoravox en « tschatt », mais là, vous soumettez à la tentation. Vade retro, satana ! smiley

          Beethoven est divin, mais à travailler et à interpréter, c’est beaucoup plus dur qu’il n’y paraît. L’atmosphère est créée par des effets techniques (façon hard rock XIXème siècle) et par des développements rythmiques et harmoniques, plus que par des lignes mélodiques. Les difficultés surviennent à l’improviste, et quand on se vautre, le charme est rompu. Même « Für Elise » comporte ces pièges typiquement beethovéniens.

          Par contre, pour se faire plaisir même en déchiffrage, rien ne vaut Bach, que ce soit au clavecin, l’orgue, le piano, le violon, le violoncelle, la guitare ou le luth, ou toutes sortes d’instruments, il y a de quoi y passer des heures sans jamais se lasser.


        • La Taverne des Poètes 28 mai 2007 23:35

          Nous sommes incroyablement d’accord : je pensais justement à Bach en commençant à lire votre commentaire quand je vis que vous le citiez aussi. La musique baroque de Bach me semble indépassable. Bach est pour moi l’exemple même du génie total et je suis toujours surpris, fasciné même, en réécoutant ses compositions. (De lui je joue le prélude en ré mineur à la guitare).


        • Thucydide Thucydide 28 mai 2007 23:44

          Effectivement, nous sommes en harmonie, là-dessus (c’est le cas de le dire). Je vais plus loin, je ne considère pas Bach comme un baroque, même s’il est évident que ses compositions sont imprégnées de style baroque (en particulier ses suites). C’est un génie trop universel pour être réduit à un style. Pour moi, mon Ecstasy, c’est le Clavier bien tempéré et, surtout, l’Art de la Fugue à toutes les sauces instrumentales (le seul ouvrage que Beethoven possédait en double).


        • Plus robert que Redford 28 mai 2007 17:36

          Je croyais que la musique adoucissait les moeurs ?

          Pas les moeurs politiques en tout cas, ou bien Sarkozy n’apprécierait-il pas plutôt Wagner ??


        • Thucydide Thucydide 28 mai 2007 17:48

          Les adversaires de Sarko, qui font souvent parallèle entre lui et Bush, ne manqueront pas de dire qu’avec Cécilia, il tient lui aussi sa « Condie ».

          Kouchner a intérêt à s’accrocher à son siège, après les législatives smiley


          • weevers 28 mai 2007 23:44

            Merci à toi de parler d’Isaac Albeniz ce grand compositeur n’est souvent pas considéré à sa juste valeur. Heureusement que des interprètes comme Andrés Ségovia Alexande Lagoya John William, Julian Bream ou plus ressent Emmannuel Rossfelder lui redonnent vie. Julien Bream à pour son compte participé à faire connaitre le nom moins célèbre mais tout aussi dénigré Heitor Villa-Lobos apprécier des guitaristes. S’est deux grand de la musique se connaissaient et se respectaient. Bon à par sa que fait ton article dans la rubrique people et pourquoi les commentaires sont ils si politique ? La musique est bien au dessus de ça. Et les politiques connaissent aussi la musique, mais pas la même ! Il la joue sur un autre ton. Alors faisons attention à ne pas nous tromper de partition. Merci d’avoir cité Emmannuel Rossfelder. Un future très grand et digne de ses pères.

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