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Accueil du site > Culture & Loisirs > Sports > Le dopage sportif : en finir avec l’hypocrisie

Le dopage sportif : en finir avec l’hypocrisie

N’ayons pas peur de le dire et de l’écrire : certains sports professionnels riment bien avec dopage, et ceci depuis fort longtemps. Tous les sportifs le savent, les dirigeants s’en accomodent et les instances fédérales en profitent. Ne nous y trompons pas : ce beau monde, dans une ambiance feutrée d’omerta, a fermé les yeux parce qu’il y trouvait son compte. Quand l’ancien sprinter canadien déchu, Ben Johnson, annonce : « sur une ligne de départ de finale du 100 m, il n’y a pas un athlète qui soit propre », on peut croire qu’il connaît son sujet. D’ailleurs le problème n’est plus de savoir qui se dope ou pas, mais qui se fait pincer ou pas. Et ceux qui se font prendre sont l’arbre qui cache la forêt. On connaît en effet très bien les temps nécessaires pour que les produits dopants ne laissent plus de traces sur les analyses. Les contrôles positifs pendant les compétitions sont des accidents, provenant d’athlètes peu respectueux des consignes médicales. Pas de quoi se féliciter en ne décelant que 2% de contrôles positifs sur une compétition. Et pourtant, cette fourberie générale qui a régné jusqu’à présent commence à s’effriter. Pourquoi ?

D’abord, qu’est-ce qu’un produit dopant ? C’est un produit, vendu dans le commerce, donc utilisable par chacun de nous, généralement avec ordonnance, mais qui se trouve sur la liste de produits interdits par une instance sportive internationale ou nationale (CIO, UCI, FFA, FFC). Cette liste de produits est souvent modifiée et n’est pas la même selon les instances et les pays. La frontière licite-illicite est donc assez floue, en tout cas fluctuante et relative aux découvertes pharmaceutiques du moment. On n’accusera pas un politicien en campagne de se doper s’il prend les mêmes produits qu’un athlète.

Le phénomène du dopage resterait un non-dit s’il ne faisait pas tant de ravages chez les athlètes. On peut presque parler de comportements suicidaires chez ceux qui acceptent d’entrer dans certains sports professionnels. Le constat est dramatique pour les champions cyclistes  : Coppi mort à 41 ans, Anquetil 53 ans, Bobet 58 ans. Sans oublier les disparus dans l’exercice de leurs fonctions : Simpson 30 ans, Pantani 34 ans, les suicidés : Koblet 39 ans, Ocana 49 ans. Ainsi que tous ceux qui versent dans la lourde toxicomanie, accoutumés qu’ils sont aux injections et aux psychotropes.

Ces dernières années, un revirement tardif tente d’éradiquer le phénomène parce que le dopage touche maintenant largement le monde amateur avec des sportifs de plus en plus jeunes. Si l’on a pu sacrifier, par le passé, les héros des stades, on ne peut se résoudre à mettre en péril toute la jeunesse sportive. Le sport, dont on a tant vanté les effets bénéfiques, se révèle aujourd’hui dangereux. C’est toute une image qui bascule avec des conséquences désastreuses, pas seulement d’un point de vue éthique mais surtout financier et donc aujourd’hui vital. Les fédérations se nourissent d’une image de marque et de sponsoring privé. Si les héros se transforment en parias, c’est tout un business juteux dont beaucoup de gens vivent qui disparaît, c’est tout le système de financement du sport de compétition qui est touché. La soi-disant lutte contre le dopage fut longtemps un jeu de dupes qui dénonçait quelques moutons noirs (Virenque) pour absoudre tous les autres. Les investisseurs sont confrontés aujourd’hui à cette impossibilité : donner du sport une image valorisante, c’est-à-dire performante et propre, sans que la notion d’exploit soit remise en question. Imaginez une étape du Tour de France avec une seule ascension de col ? Les héros redescendus simples mortels. Comment idéaliser monsieur Tout-le-Monde ? Pourtant, les coureurs du Tour de France, malgré les contrôles, roulent un peu plus vite chaque année avec des performances que tous les spécialistes mesurent comme « surhumaines ». L’athlétisme, à défaut de trouver des sprinters exemplaires, peine à redistribuer des médailles rendues par les vainqueurs condamnés (Marion Jones). On entend alors : « Le mal est plus profond qu’on ne le pensait. » A qui veut-on faire croire que les responsables de l’athlétisme et du cyclisme (pour ne citer qu’eux) ignoraient les pratiques obscures de leur sport ?

Les solutions existent et on les connaît fort bien : des contrôles inopinés, à tout moment de l’année, répétés et sanctionnés sévèrement, sans échappatoire possible, sans exil temporaire à l’étranger. Des contrôleurs au fait de l’évolution de la pharmacopée. Des suivis médicaux réguliers de tous les champions référencés. Ces mesures ne sont pas appliquées de façon rigoureuse parce que admettre l’ampleur du dopage c’est reconnaître l’absurdité des valeurs sur lesquelles le sport professionnel s’est construit.

On a vite compris, dès les années 1930, que les vainqueurs des stades pouvaient jouer le rôle de héros potentiels. L’héroïsme n’est pas un phénomène nouveau mais il se logeait jusqu’au XXe siècle dans la proximité et l’imaginaire. La proximité de son champ d’action et de sa reconnaissance (village, région), l’imaginaire des légendes, des fables et des contes, bref, situé dans d’autres sphères que celles de la réalité.

Dans le monde scientifique du direct télévisé où nous vivons, le vainqueur doit faire face à deux phénomènes nouveaux  : le chronomètre et la mondialisation. Ce n’est pas tout de courir vite, il faut courir le plus vite de tous mais aussi de tous les temps. On connaît l’ensemble des sportifs de haut niveau ainsi que les performances du passé. Le héros, pour conserver son statut dans notre cœur, doit les dépasser et de façon durable. Or le genre humain possède des limites physiques qu’on ne réussit pas à repousser éternellement. Une fois les techniques d’entraînement optimisées, le matériel (chaussures, vêtements, vélos) maximalisé, il devient naturel de recourir à d’autres moyens, chimiques cette fois. La médecine, le vent en poupe, devenue capable de maîtriser et donc de survaloriser certaines fonctions physiologiques devient le compagnon idéal. Le sport ne pouvait pas passer à côté. Les héros resteront sur un nuage, les sponsors investiront, tout le monde (admirateurs et admirés) trouvera sa place. Ajoutons qu’un athlète de 18 ans, à qui on promet monts et merveilles, se moque pas mal de ce qu’il sera à 50 ans. Un sondage effectué sur des adolescents demandant s’ils choisiraient de rester sportif moyen en vivant vieux, ou devenir « star » en mourant à 45 ans est très révélateur : plus de 80% optent pour la célébrité. Doit-on les tenir responsables de cette évolution vers une culture de la gagne, de l’adulation du vainqueur, de la honte au vaincu, de l’anxiété de l’échec ? Pense-t-on vraiment que le jeune sportif se procure ses médicaments à la pharmacie du coin de la rue ?

Est-il sérieux de stigmatiser les sportifs que l’on a propulsés héros en les rendant coupables de tromperies ? Le dopage est le résultat d’un état d’esprit de société qui n’admet pas la récession. Les records sont faits pour être battus comme l’économie ne peut que croître. Comment veut-on ensuite qu’une jeunesse pour qui on a érigé la réussite comme seul objectif de vie ne se donne pas tous les moyens d’y parvenir ? « Se dépasser », l’expression maîtresse de notre temps, fait pourtant des ravages, mais n’oublions pas que nous en sommes les uniques responsables et que nous n’avons cessé d’encourager ces valeurs-là. Abstenons-nous de huer les héros qu’on adulait quand ils sont pris en faute, de les taxer de « tricheurs » en les enfonçant dans le désespoir et la toxicomanie. Ils ne sont que les victimes logiques d’un processus infernal. Grisés par la notoriété de leurs succès, nous avons feint trop longtemps de l’ignorer.
C’est toute notre société qui triche avec eux. Nous réclamons des héros pour alimenter nos fantasmes mais refusons qu’ils utilisent les procédés techniques leur permettant d’assumer leur statut de surhommes. Nous voulons en même temps que nos champions transgressent les limites physiologiques mais renonçons à excuser leur moindre défaillance quand ils forcent le destin pour rester à la place où on les a hissés. Etrange attitude que celle d’un public assoiffé de victoires qui ne pardonne jamais la défaite, qui demande à ses favoris une perfection éthique en exigeant des performances inhumaines. Voilà quelques éléments qui donnent à réfléchir avant de condamner à l’emporte-pièce les athlètes médiatisés.

Illustration : Marion Jones, JO de Sydney 2000 ; Justin Gatlin, 100m, JO Athènes 2004, tous deux convaincus de dopage.

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Le dopage sportif : en finir avec l'hypocrisie

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20 réactions à cet article    


  • WOMBAT 2 novembre 2007 10:42

    Z’avez vu la tête de citrouille gonflée à 15 bars qu’elle se paye la tenniswoman Inglis ? L’ex frêle jeune fille ultramédiatisée de la presse Barbie vient d’annoncer l’arrêt de sa carrière. Les forts soupçons de dopage qui pèsent sur elle ne doivent pas demeurer étrangers à cette décision. A moins qu’il ne s’agisse de surdoses de Fendant et de fondue, si elle vit en Suisse. Le jour où on nous prouvera qu’un sportif de haut niveau n’a jamais touché, de toute sa carrière, à aucun produit dopant, je veux bien mettre mes c......s sur une enclume et attendre la masse du maréchal ferrand !


    • Adama Adama 2 novembre 2007 11:06

      Très bon article, sa conclusion est juste : « C’est toute notre société qui triche avec eux. Nous réclamons des héros pour alimenter nos fantasmes mais refusons qu’ils utilisent les procédés techniques leur permettant d’assumer leur statut de surhommes »

      On ne peut mieux dire.


      • krachunka 2 novembre 2007 11:23

        Tout a fait d’accord. L’hypocrisie est d’autant plus grande que la société elle même passe son temps a valoriser le dopage. Tu as des problèmes pour honorer bobone, prend une pillule bleue, tu manques d’énergie, prend une pillule de vitamine, tu veux que ton enfant soit bien eveillé, nourrit le avec tel marque de yahourt etc...

        Ainsi on demande aux sportifs d’être des surhommes en leur niant le droit d’utiliser ce qu’on prend tout les jours !!


      • bulu 2 novembre 2007 11:11

        L’expérience a montré que même sachant que les sportifs sont dôpés, le public suit, car c’est bien plus captivant même quand on y connait rien de suivre une retransmission sportive que de regarder une Nieme série policière, pour peu qu’il ait un représentant national ou une pseudo-star.

        C’est un peu la même chose avec la politique lors des élections, on sait en son for intérieur que c’est bidon, mais on s’y laisse prendre au débat droite-gauche. Show must go on.


        • Asp Explorer Asp Explorer 2 novembre 2007 12:15

          J’ai toujours eu l’impression que le « scandale du dopage » scandalisait surtout les journalistes bien-pensants, et indifférait souverainement le public. D’où on peut en déduire que le meilleur moyen de combattre le fléau du dopage qui gangrène le sport, ce serait d’interdire aux journaux d’en parler. Après tout, le sport est un spectacle, on ne révèle pas les secrets d’un prestidigitateur ni les moyens mnémotechniques d’un comédien qui répète sa pièce.


          • Philippakos Philippakos 2 novembre 2007 12:25

            Il existe en effet chez les journalistes un culte de l’événement (scoop) et dénoncer un athlète dopé en est un... même si on sait (y compris les journalistes) que tous les athlètes, dans certaines disciplines, le sont. Il y a aussi un problème de société devant la culpabilité, la tricherie. Pourquoi le public est-il tellement intéressé de savoir que XXX a été pris en faute pour dopage ? La morale débarque alors, avec un jugement, un verdict, une punition qui mettent le sujet à l’écart de la société. On l’a clairement vu avec Marion Jones, ses excuses pathétiques et ses pleurs.


          • L'enfoiré L’enfoiré 2 novembre 2007 15:02

            Bonjour Philippakos,

            T’es-tu déjà demandé si derrière les articles d’AV, s’il n’y avait quelques commentateurs qui se choutaient ? Je suis tout bonnement ébloui de lire des commentaires qui se prêtent au jeu dans les petites heures très matinales. Bien sûr, il n’y a pas les mêmes heures sur toutes les longitudes, mais cela laisse rêveur.

            Constatation dramatique au sujet de l’âge de « fermeture des stands » chez les champions cyclistes. Cela donne froid de faire du sport. Martina Hingis qui consommait de cocaïne. Aille, voilà qu’on change de crèmerie et que la crème n’est plus ce qu’elle était. Vive l’amateurisme vrai. Celui qui sait s’arrêter en chemin. Le joggitourisme, je conseille. Au moins, on sait à qui cela profite. smiley


            • Philippakos Philippakos 2 novembre 2007 17:57

              Oui l’amateurisme c’est bien, surtout pour celui qui pratique. Le problème reste qu’il ne fait pas recette et que le sport est devenu un sacré commerce. Il n’y a qu’à voir le rugby dernièrement... qui sortait de l’amateurisme il n’y a pas si longtemps.


            • jakback jakback 2 novembre 2007 15:40

              laissons les sportifs se doper, soumettons nous les politiques, artsistes, intellectuels, cadres sup et autres décideurs a des contrôle anti-drogue ( dont l’alcool) non, pourtant leur responsabilité sociétale est de bien plus grande importance, qu’un sportif, champion ou pas


              • Philippakos Philippakos 2 novembre 2007 18:00

                Le problème c’est que les champions en meurent, faute de savoir se limiter. Difficile de donner tort à des gamins de vingt ans. Si le dopage était inoffensif il n’aurait jamais posé problème et tout le monde s’en serait arrangé.


              • Georges 5 novembre 2007 09:22

                Ouai enfin c’est pas non plus une hécatombe. Dans toutes les catégories sociales il y a des morts précoces, est-ce que vous avez des statistiques fiables sur la mortalité des sportifs de haut niveau ou avez vous juste l’impression qu’ils meurent tôt à cause de quelques exemples malheureux ?

                Ensuite le dopage ne me semble pas plus dangereux que la malbouffe ou la cigarette, chacun son vice à la limite.

                Le seul problème selon moi est que le dopage peut fausser les résultats (même si on ne devient pas un champion par le dopage), il faut donc appliquer un règlement très sévère pour les triches avérés (suspension à vie) et beaucoup de contrôles inopinés (comme dans le vélo actuellement où les coureurs doivent être localisables 365 jours par an sous peine de constat de carence). Par contre cette lutte anti-dopage doit se faire dans la sérénité. Malheureusement les journalistes parasitent cette lutte avec leurs commentaires (lui est dopé ça se voit, lui non car c’est un français il a une bonne tête etc). Donc condamnons les reconnus coupables sans stigmatiser celui qui aurait le malheur de paraître trop fort sans se faire prendre, sinon on ne s’en sort plus. En gros présomption d’innocence même en cas de gros gros doutes et acharnement médiatique seulement sur les contrôlés positifs.


              • Philippakos Philippakos 5 novembre 2007 10:28

                Pour Georges. Des statistiques ont été faites sur le football professionnel italien. Les résultats sont accablants. Les taux de certains cancers sont dix fois supérieurs à la normale. Vous semblez ignorer ce qui se passe dans le sport pro. « Le seul problème selon moi est que le dopage peut fausser les résultats » est une réaction qui est certes sympathique mais tout le monde sait que tous les coureurs se dopent dans certains sports (essayez de parler avec des gens qui évoluent dans le cyclisme, par exemple...). Expérience personnelle : il ya déjà plus de trente ans des camarades amateurs ont arrêté la compétition, écoeurés par la pression des entraîneurs dans leurs clubs pour leur faire prendre n’importe quoi. Ils avaient 17 ans. Les sportifs sont tous coupables, mais les entraineurs aussi et le public devient complice. Ce que vous proposez est la situation actuelle : « condamnons les reconnus coupables sans stigmatiser celui qui aurait le malheur de paraître trop fort sans se faire prendre, sinon on ne s’en sort plus. En gros présomption d’innocence même en cas de gros gros doutes et acharnement médiatique seulement sur les contrôlés positifs ». Personne ne paraît s’en satisfaire et les résultats de cette méthode laissent franchement à désirer, pour ne pas dire plus : aucune évolution dans le Tour de France. Pire même, ils vont de plus en plus vite (consultez les moyennes). Chaque année on nous parle de tour exemplaire, chaque année des scandales explosent. N’avez-vous pas la sensation qu’on se moque de nous ? La seule solution qui vient à l’esprit serait un dopage contrôlé médicalement pour éviter que les jeunes sportifs n’y laissent trop de plumes. Pour le reste, je crois que le dopage est inévitable à cause de l’hypermédiatisation du sport et des fortunes qu’il brasse. Mais autant être francs et ne pas en condamner certains quand tout le monde trempe dans le même bain. Les sportifs ne s’y trompent pas, eux, quand ils accueillent Virenque dans le peloton, à la suite de ses condamnations, avec des applaudissements. Ils savent très bien qu’ils auraient pu être à sa place. L’athlétisme verse dans Guignol’s band. Tous les sprinters sont, tôt ou tard, convaincus de dopage l’un après l’autre (Greene, Gatlin, Jones, Thanou, Kendéris, Keita). La plupart nient farouchement. Que peuvent-ils faire d’autre ? Cela devrait donner à penser tout de même !!!


              • Georges 5 novembre 2007 10:52

                «  »« Des statistiques ont été faites sur le football professionnel italien. Les résultats sont accablants. Les taux de certains cancers sont dix fois supérieurs à la normale. »«  »

                Est-ce que vous avez une source pour ces statistiques ? Ce n’est pas que je ne vous crois pas mais j’ai aussi entendu parler de cette histoire dans le Calcio mais sans jamais voir de résultats chiffrés, je m’étais alors demandé si ce n’étais pas juste une rumeur.

                «  »« Vous semblez ignorer ce qui se passe dans le sport pro.... tout le monde sait que tous les coureurs se dopent dans certains sports (essayez de parler avec des gens qui évoluent dans le cyclisme, par exemple...). Expérience personnelle : il ya déjà plus de trente ans des camarades amateurs ont arrêté la compétition, écoeurés par la pression des entraîneurs dans leurs clubs pour leur faire prendre n’importe quoi. Ils avaient 17 ans. Les sportifs sont tous coupables, mais les entraineurs aussi et le public devient complice. »«  »

                Je me suis sans doute mal exprimé car j’ai moi même pratiqué le cyclisme à un assez bon niveau amateur et donc fréquenté beaucoup d’ex et actuel pro. De mon expérience je retiens que : .le dopage est très répandu même (et surtout) chez ceux qui s’en défendent. .le dopage n’améliore pas incroyablement les capacités (j’ai testé tout ce qui existe sauf EPO, manip sanguine et amphetamines), j’ai même fait mes meilleurs perf à l’eau. .les ex-pro, même après une nuit blanche et deux semaines sans s’entraîner ont une jambe de plus que les coureurs normaux comme moi. .j’ai eu plus l’impression que le dopage est comme une tradition, un mode de vie, les coureurs se foutent des risques pour la santé et de la morale.

                «  »«  »Ce que vous proposez est la situation actuelle : « condamnons les reconnus coupables sans stigmatiser celui qui aurait le malheur de paraître trop fort sans se faire prendre, sinon on ne s’en sort plus. En gros présomption d’innocence même en cas de gros gros doutes et acharnement médiatique seulement sur les contrôlés positifs ». Personne ne paraît s’en satisfaire et les résultats de cette méthode laissent franchement à désirer, pour ne pas dire plus : aucune évolution dans le Tour de France. Pire même, ils vont de plus en plus vite (consultez les moyennes). Chaque année on nous parle de tour exemplaire, chaque année des scandales explosent.«  »«  »

                Mes contacts actuellement pro sont quasiment à zéro dopage. Entre les contrôles inopinés et le risque de licenciment c’est dur de prendre des risques. Le dopage (efficace) dans le cyclisme est devenu un dopage de riches grâce aux développement de la lutte anti-doping qui emp^éche le bricolage. Quand au scandale durant le Tour, je le prend plus comme une preuve de l’efficacité des contrôles. Pas de scandale pendant la coupe du monde de rugby c’est plus suspect pour moi.

                «  »«  »« N’avez-vous pas la sensation qu’on se moque de nous ? La seule solution qui vient à l’esprit serait un dopage contrôlé médicalement pour éviter que les jeunes sportifs n’y laissent trop de plumes. »«  »«  »"

                Il suffit de continuer sur la voie que prend le cyclisme, des contrôles efficaces.

                «  »«  »«  »«  »Pour le reste, je crois que le dopage est inévitable à cause de l’hypermédiatisation du sport et des fortunes qu’il brasse.«  »«  »«  »"

                Tant qu’il restera la sensation de gagner (même sans argent ou médiatisation) la tentation de dopage restera.

                «  »«  »« Mais autant être francs et ne pas en condamner certains quand tout le monde trempe dans le même bain. Les sportifs ne s’y trompent pas, eux, quand ils accueillent Virenque dans le peloton, à la suite de ses condamnations, avec des applaudissements. Ils savent très bien qu’ils auraient pu être à sa place. L’athlétisme verse dans Guignol’s band. Tous les sprinters sont, tôt ou tard, convaincus de dopage l’un après l’autre (Greene, Gatlin, Jones, Thanou, Kendéris, Keita). La plupart nient farouchement. Que peuvent-ils faire d’autre ? Cela devrait donner à penser tout de même !!! »«  »«  »«  »«  »«  »

                C’est effectivement triste, on s’aperçoit que tous sont impliqués, mais gardons à l’esprit que dopage ou pas les qualités naturelles restent largement primordiales.


              • Philippakos Philippakos 5 novembre 2007 11:02

                Article pour Libération de David Bême, 6 jan 2003. Avis de l’Afssa du 23 jan 2001 lié à l’évaluation des risques présentés par la créatine :

                « Débutée à la fin des années 1990, l’affaire de dopage dans le football italien dite »affaire des veuves du Calcio« vient de connaître un nouveau tournant. Un rapport commandé par le procureur italien Raffaele Guariniello dresse un tableau pour le moins alarmant. Cancer du colon, du foie, de la thyroïde, leucémie, sclérose... les anciens footballeurs professionnels italiens sont deux à dix fois plus fréquemment malades que le reste de la population. Le procureur turinois a pu rassembler des informations sur plus de 24 000 footballeurs de première ou deuxième division depuis le début des années 1960 jusqu’à 1996. Les carences de la fédération italienne de football l’ont amené à utiliser pour son enquête les célèbres figurines Panini de notre enfance... En 1998, l’entraîneur tchèque Zdenek Zeman déclarait »Il faut que le football sorte des pharmacies« , accusant certains joueurs de la Juventus d’utiliser des produits dopants. Des perquisitions dans certains clubs italiens révèlent des stocks impressionnants de médicaments. En janvier 2002, Zinedine Zidane reconnaissait avoir pris de la créatine à la Juventus (produit non interdit en Italie). En février 2002, deux cadres dirigeant du célèbre club de Turin s’étaient retrouvés devant les tribunaux, accusés d’avoir administré des médicaments dangereux pour la santé. Saisie par la Direction Générale de la Consommation (DGCCRF), l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) a estimé en janvier 2001 que »la supplémentation en créatine constitue un risque actuellement insuffisamment évalué, en particulier à long terme, pour la santé du consommateur avec un risque carcinogène potentiel« . En France, si les résultats des contrôles antidopages ne montrent en moyenne que 2 % de prélèvements positifs par an, les conduites dopantes ne concernent pas uniquement les athlètes de haut niveau et/ou les professionnels ».


              • Philippakos Philippakos 5 novembre 2007 11:06

                Article de David Bême pour « Libération » du 6 jan. 2003. Avis de l’Afssa du 23 jan 2001 lié à l’évaluation des risques présentés par la créatine :

                Débutée à la fin des années 1990, l’affaire de dopage dans le football italien dite « affaire des veuves du Calcio » vient de connaître un nouveau tournant. Un rapport commandé par le procureur italien Raffaele Guariniello dresse un tableau pour le moins alarmant. Cancer du colon, du foie, de la thyroïde, leucémie, sclérose... les anciens footballeurs professionnels italiens sont deux à dix fois plus fréquemment malades que le reste de la population. Le procureur turinois a pu rassembler des informations sur plus de 24 000 footballeurs de première ou deuxième division depuis le début des années 1960 jusqu’à 1996. Les carences de la fédération italienne de football l’ont amené à utiliser pour son enquête les célèbres figurines Panini de notre enfance... En 1998, l’entraîneur tchèque Zdenek Zeman déclarait « Il faut que le football sorte des pharmacies », accusant certains joueurs de la Juventus d’utiliser des produits dopants. Des perquisitions dans certains clubs italiens révèlent des stocks impressionnants de médicaments. En janvier 2002, Zinedine Zidane reconnaissait avoir pris de la créatine à la Juventus (produit non interdit en Italie). En février 2002, deux cadres dirigeant du célèbre club de Turin s’étaient retrouvés devant les tribunaux, accusés d’avoir administré des médicaments dangereux pour la santé. Saisie par la Direction Générale de la Consommation (DGCCRF), l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) a estimé en janvier 2001 que « la supplémentation en créatine constitue un risque actuellement insuffisamment évalué, en particulier à long terme, pour la santé du consommateur avec un risque carcinogène potentiel ». En France, si les résultats des contrôles antidopages ne montrent en moyenne que 2 % de prélèvements positifs par an, les conduites dopantes ne concernent pas uniquement les athlètes de haut niveau et/ou les professionnels.


              • Philippakos Philippakos 5 novembre 2007 11:10

                Je ne comprends pas c’est la troisième fois que je tente de faire passer ce commentaire qui refuse de s’afficher : je vais donc essayer cette fois de mettre le lien et pas l’article en copier coller. L’article s’intitule les veuves du calcio :

                http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/drogues/mildt/conduites-dopantes-substances-02.htm


              • Aspiral Aspiral 2 novembre 2007 21:18

                Je pense que nous en sommes tous à devoir nous doper à quelque chose. C’est la manière de penser la vie qui est malade. La causalité est l’épidémie de peste de notre temps. On peut en général dire que lorsqu’un groupe se cherche un bouc-émissaire, c’est toujours en croyant qu’on peut supprimer un iceberg en se contentant de le décapiter


                • pixel pixel 4 novembre 2007 00:14

                  L’humanité a les moyens de se dépasser.Peut elle resister a cette possibilité. A mon avis non, puisque cette possibilité indique qu’elle est est programmé pour ça. Nous sommes un instrument de l’évolution.


                • Bigre Bigre 5 novembre 2007 03:47

                  Expérience personnelle : les clubs de Water polo. Le Water polo n’est pas encore un sport médiatisé, ouf.

                  Puis une saine activité en piscine, que rêver de mieux pour ses enfants. Alors l’enfant passe de « canards » à « benjamins », puis « juniors » ... et l’esprit de jeu disparaît, la beauté du match s’efface devant la score et la nervosité des entraîneurs, qui n’hésitent pas à distribuer des boissons fortifiantes dans les vestiaires (cadeaux des sponsors ?) ... histoire de bien habituer les enfants au futur dopage ?

                  Et dans le bus de retour vers Montpellier, les commentaires sur cette équipe de Nice, très forte, dans les vestiaires, ils recevaient chacun une bouteille de XXX, ce club est riche, ils gagnent ....

                  Ambiance de club de sport que j’ai été content de quitter quand mon gamin de 14 - 15 ans devait aller nager 3 fois par semaine en soirée, faire de longs trajets pour des compétitions où l’enjeu n’est plus le plaisir, lorsque je me suis rendu compte de la dérive vers le dopage, j’ai dit stop !


                  • Krokodilo Krokodilo 5 novembre 2007 11:36

                    Bon article, et sur un sujet sur lequel il faudrait sens cesse revenir. Car, comme l’a dit Bigre, l’ambiance malsaine commence dès les clubs amateurs... et ce sont non seulement les sportifs pro qu’il faut protéger contre eux-même, mais aussi nos propres enfants, qui seront exposés à la tentation et aux pressions, quel que soit leur niveau.

                    Nous avons tous une part de responsabilité, plus ou moins grande, mais les seuls en mesure de prendre des décisions efficaces sont les dirigeants politique set sportifs.. ; Malheureusement, comme vous l’avez dit, la mesure la plus efficace, les contrôles les inopinés dans n’importe quel pays, est fermement refusée par certains pays laxistes, et quel intérêt de faire des compétitions sportives si certains pays sont largement avantagés par le dopage ?

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