Quand Federer fronce les sourcils...
Vendredi 9 juin, il y avait du tennis à la télé. J’ai regardé le match qui opposait Nalbandian à Roger Federer en début d’après-midi, et en ai tiré quelques enseignements, dont je vous fait part.
Pour ceux qui aiment suivre le tennis à la télévision, Roland-Garros, et Monte-Carlo dans une moindre mesure, sont les seuls rendez-vous retransmis par le service public (à des horaires raisonnables s’il s’avère que l’Open d’australie l’est aussi, même sans tricolores dans la dernière ligne droite) qui permettent de suivre un match de tennis dans sa dynamique, ses moments clés... en deux mots, en direct.
Le cas Federer m’a toujours interrogé (Federer, oh oh). En effet, ce chic type aux airs impériaux s’est toujours vu voler la vedette sur terre battue, souvent en finale, souvent par Nadal, à tel point que je me suis demandé en quoi il avait l’ascendant, le reste de la saison. Sans prétendre répondre tout à fait à cette question, je crois avoir vu quelque chose, saisi quelque trait de la personnalité de cet immense champion, vendredi, qui justifie son rang.
L’entame de match est spectaculaire, le Suisse et l’Argentin se jaugent au cours de longs échanges très appliqués, et c’est rapidement l’Argentin qui prend l’ascendant, faisant céder "Rodjeure", qui commet alors beaucoup de fautes "directes", provoquées par l’intensité de jeu de son adversaire. Celui-ci ne se fait pas prier pour empocher la première manche, 6 jeux à 3. On sent l’orgueil du numéro 1 mondial très touché, il se livre à l’agressivité de son adversaire qui continue sur sa lancée pour mener bientôt 3 jeux à rien dans le second set. Federer prive le public, et surtout lui-même, de cette confrontation qui s’annonçait passionnante. Les gens voulaient jauger Federer à l’aune du grand combat prévu dimanche contre Nadal. On ne voit que passivité et orgueil...
Ne rentrons pas dans les détails de ce qui suivit sur un plan comptable, mais notons que dès lors qu’il s’est engagé, investi dans ce match, le Suisse a donné l’impression qu’il était imbattable. De sa colère, de sa frustration, de l’agressivité et de la pugnacité de Nalbandian, des rumeurs dans le public... De tout ça, Federer s’est inspiré pour écraser le jeu de l’adversaire, non pas en changeant de tactique, mais simplement en jouant son jeu. Il a donné l’impression étrange que ce match se déroulait entre lui et ses états d’âme. Une fois domptés, c’est lui qui racontait l’histoire, qui l’écrivait. Nalbandian n’avait plus vraiment son mot à dire.
Aprés avoir perdu la deuxième manche et s’être fait breaker dès l’entame du troisième, l’Argentin fit appel à un médecin du sport, un kiné, pour lui expliquer longuement (les commentateurs de France télévision soulignaient malicieusement le caractère prolyxe de l’Argentin) de quoi il souffrait... Il avait son mot à dire, donc, mais plus sur le terrain. C’est ainsi qu’il abandonna, assez pitoyablement à mon sens, après la perte du troisième set. Roger avait déjà remporté le match psychologiquement, et son ascendant était définitif, visiblement. Je me suis régalé à voir ce combat de coqs remporté par mon favori. Merci Roger, qui, dans ta bulle, derrière ton masque de gravité, a su humilier, le plus sportivement du monde, un grand qui aurait bien vu ta tête de série tomber. Après t’être assuré de son funeste dessein, tu as fait plier le réel par la seule force de ta volonté, et avec la manière.
A noter, une tendance, durant cette quinzaine, à abandonner des matchs, même en fin de tournoi, quand les évènements tournent en faveur de l’adversaire, au mépris des spectateurs, et pour des blessures plutôt morales, à mon sens.
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