Dans une optique de meilleure répartition des richesses et de moralisation des affaires, décidons de plafonner les revenus des sportifs et dirigeants employés par les clubs, à partir du moment où ceux-ci bénéficient directement ou indirectement de l’argent public. Et assumons les conséquence d’une telle mesure...
SPORT ET SUBVENTIONS
L’actualité et les médias sont focalisés sur ce problème fondamental de nos sociétés (et du monde entier…) : le partage des richesses, les inégalités et la partie émergée de l’iceberg que constituent les rémunérations scandaleuses et imméritées. Parlons donc des gains exorbitants de certains sportifs, dont une partie est encore théoriquement sous le régime de l’amateurisme…
Pour calquer une mesure actuellement en préparation pour les entreprises, décidons que tout club ou association bénéficiant directement ou indirectement de l’argent public ne peut servir à aucun de ses membres ou dirigeants ou employés de rémunération annuelle supérieure à un certain plafond (dix fois le SMIC ?).
Bien entendu, seraient supprimés tous les incitatifs du genre prime de match ou de victoire ; les sportifs non motivés ou motivés seulement par l’argent ne sont tout simplement pas dignes de pratiquer leur discipline.
On entend d’ici les objections, au moins de trois ordres :
- Le sport serait un maillon de l’économie comme un autre (promotion, illusoire, de l’image d’une ville ou d’un pays, entraînement, contestable, de secteurs économiques connexes) : dans nos économies libérales, laissons au privé la liberté de subventionner ou non ces activités sportives qui sont censées lui profiter in-fine. On allègera d’autant les charges des entrepreneurs qui se plaignent d’être écrasés et la contribution de ces derniers deviendra volontaire et consciente, et non pas noyée dans le magma incontrôlable. Libre à eux de soumettre leurs dons aux mêmes conditions et limites…
- Quid de la fierté nationale (ou simplement communale), puisque les bénéficiaires nous font croire que les hautes rémunérations sont le prix à payer pour obtenir les succès dans le spectacle permanent des coupes de France, d’Europe, du Monde ? La majorité (silencieuse) de la population se moque de ces résultats, d’ailleurs souvent bien décevants. En ce qui concerne les autres, il serait politiquement incorrect de dire que la plupart devraient être désintoxiqués de cette drogue puissamment distillée par les médias qui servent la vieille recette du pain et des jeux…
- Quid également des espoirs de promotion sociale portés par le sport, et de cohésion du style Black-Blancs-Beurs ? Arrêtons de leurrer les populations avec ce grand jeu où les chances de gagner sont du même ordre de grandeur qu’au loto. Et les perdants retournent à leurs frustrations exacerbées…
La crise actuelle aura au moins ceci de bon qu’elle nous amène à réfléchir parfois à contre-courant des idées reçues, et peut-être à changer nos sociétés, en agissant sur les multiples problèmes dont aucun, pris individuellement, n’est véritablement vital.