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Accueil du site > Culture & Loisirs > Sports > Vaincre ou mourir

Vaincre ou mourir

La mort d’un « supporter » du PSG jeudi soir, après une nouvelle débâcle parisienne en UEFA, a provoqué le réveil des antifoot, des donneurs de leçons et de Nicolas Sarkozy, qui veut déboiser le kop de Boulogne. Tous confondent maladie et symptôme.

Vendredi matin, le journal L’Equipe titrait « Paris, la honte », en grosses lettres noires. Cette manchette dure et violente ne concernait pourtant aucunement les incidents de la veille au soir, survenus trop tard dans la soirée pour que le quotidien sportif les relate. « Paris la honte » n’était là que pour illustrer la déroute (une de plus) du PSG, laminé 4 buts à 2 sur sa propre pelouse par une très modeste équipe israélienne. Ne sanctionnant qu’un résultat, on peut juger ce titre un peu excessif, un peu déplacé. De quoi exciter quelques imbéciles, qui peuplent les tribunes du Parc des princes et d’ailleurs. Le lendemain, le même journal couvrait sa une de noir, et titrait « Quand le football tue » avec éditorial pontifiant et moralisateur, et des articles dignes d’un certain catéchisme en pages intérieures.

Pourquoi commencer par évoquer ces titres de journaux ? Parce que ces titres, et certains articles écrits par les journalistes jouent aussi leur rôle dans la montée de certains énervements qui gagnent les travées. La presse n’est pas la dernière à souffler sur les braises, quand il s’agit de mettre un entraîneur sous pression, de critiquer tel ou tel joueur, de raconter quelques bruits de vestiaires souvent invérifiables. Ce qu’on appelle faire monter la pression. Ce qu’on pourrait appeler aussi installer un climat délétère. Les journalistes jouent les pyromanes, et ensuite ils se désolent quand l’incendie éclatent et se transforment en pompiers. Classique.

Si le football aujourd’hui, ou plutôt disons depuis vingt bonnes années au moins, est émaillé de temps à autre par certains évènement sanglants, sordides, ultra violents et totalement condamnables, c’est aussi parce que la presse sportive en a fait un spectacle capital, une sorte de sommet absolu dans l’affrontement d’une ville contre une autre, d’un pays contre un autre, d’individus contre d’autres individus. La presse sportive, et les médias. Les télévisions. Quand une chaîne débourse plus d’un milliard et demi d’euros pour retransmettre une compétition sportive, tout doit être mis en œuvre pour que cette compétition sportive soit la plus excitante, la plus incertaine, la plus émouvante possible. Il faut de la joie, des larmes, et si nécessaire un peu de sang pour que l’ensemble devienne insurpassable. Inoubliable. Rien, dès lors, n’est plus important que le football. Rien ne compte plus.

Parfois au mépris du danger. Au mépris de la prudence.

La plus élémentaire serait de considérer une foule de quelques dizaines de milliers de personnes réunies dans une enceinte sportive comme étant potentiellement un groupe à risque, susceptible de partir en quenouille d’une minute à l’autre, en tout cas fortement incontrôlable.

Qu’est-ce qu’un stade ? Une sorte de petite ville. Des tribunes dites « présidentielles » garnies de gens invités, de sponsors, de familles de joueurs, de people capables de débourser quelques centaines d’euros pour venir voir un match de foot. Et puis, en périphérie, sur les virages, des places très bon marché, où s’installent les plus bruyants et souvent les plus fidèles des supporters, modestes mais acharnés, passionnés et irréductibles. C’est dans ces virages que tout se joue, et souvent le pire. Il y a quelques semaines de cela, un de ces supporters (de l’Olympique de Marseille, en l’occurrence) a jeté sur la pelouse une petite bombe qui en explosant a coûté sa main à un jeune pompier. Le coupable s’est dénoncé, l’OM a été condamné à un match à huis clos, sanction que Pape Diouf, le président marseillais, a jugé « un peu exagérée ». Quelques doigts en moins sur une main, c’est plutôt cela qui est « un peu exagéré » pour un jeune pompier qui n’avait pour simple mission que d’assurer la sécurité dans une rencontre sportive, rien de plus.

Aujourd’hui, la mort du jeune supporter parisien, abattu par un policier reconnu en état de « légitime défense », braque (si j’ose dire) tous les projecteurs sur un des pires virages du championnat le Ligue 1, celui où s’entassent les bas du front (national) du kop of Boulogne. Qu’est-ce donc que ce kop-là, que Sarkozy veut nettoyer, si nécessaire au Kärcher ? Le kop de Boulogne, c’est un peu comme le bois de Boulogne : dans ce dernier on trouve des hommes travestis en femmes, dans le premier on trouve des voyous travestis en supporters. Ce n’est pas la première fois que ces sombres imbéciles se manifestent, on les a déjà vus se battre avec d’autres supporters, parfois entre eux, et souvent savater, en s’y mettant de préférence à dix contre un, quelques CRS d’une manière particulièrement sauvage. On se rappelle aussi certaines de leurs banderoles injurieuses (celle illustrant ce papier et censée « saluer » le départ d’un des plus grands joueurs du club, George Weah) et évidemment racistes, peinturlurées d’insignes nazis, comme ça se fait dans les virages de la Lazio de Rome, en Italie. Le kop of Boulogne, s’il devait disparaître demain, ne trouverait pas grand monde pour le pleurer. Qu’on se débarrasse enfin de cet amas bruyant de crétins avinés ne serait que justice, que raison.

Seulement voilà, ce n’est pas aussi simple que cela. Empêcher les gens de venir au stade, c’est compliqué. On peut multiplier les contrôles, ficher les supporters dits sensibles, ou interdire ceux qualifiés de dangereux, on peut installer des caméras vidéo, tout cela empêchera peut-être certains de pénétrer dans le stade, mais la majorité trouvera toujours un moyen de passer outre les interdictions et de s’asseoir en tribune. Un des mesures les plus radicales est peut-être la plus simple : augmenter fortement le prix des places. A 150 euros les places en virage, on n’aura pas le même public. C’est la politique qui s’est avérée être la plus « payante », c’est le cas de le dire, en Angleterre.

Tout cela considéré, il reste que les évènements qui se sont déroulés jeudi soir ont à la fois tout et rien à voir avec le football. Tout à voir parce que les acteurs de ces incidents étaient des « supporters » parisiens, rien à voir parce que la violence qu’ils ont libérée était le fruit d’une frustration immense, due au résultat pitoyable de leurs protégés, et d’une frustration plus grande encore, qui, elle, a trait à leur vie en général. C’est ce qu’ils sont qui s’est exprimé là, contre les vitres du Mac Donald, et avant contre ce policier qu’ils ignoraient être un policier, puisqu’il ne portait pas de brassard.

Ce qu’ils sont. Les stades de foot ne sont qu’un concentré de la vie de tous les jours, des maux de la société, et on y observe les mêmes excès, les mêmes inégalités, les mêmes « fractures » que dans la vie de tous les jours. Quand lors des manifestations contre le CPE des jeunes bousillent des vitrines, on ne dit pas que le CPE rend violent, mais qu’il y a « un malaise chez les jeunes ». Là, c’est la même chose. Ce n’est pas le football qui est responsable de ce qui s’est passé jeudi soir, mais ce fameux « malaise », ce « mal être » qu’on observe chez les jeunes, régulièrement, lors de certaines manifestations, ou dès qu’un évènement déclencheur (bavure policière, manifestation de masse, match de foot) se produit. Le match de foot est depuis longtemps un potentiel facteur de trouble, en France comme ailleurs, comme partout dans le monde. Le football cristallise tellement de passions, de haines, d’envies, d’espoirs, qu’il est souvent, c’est vrai, l’huile qui s’ajoute au feu.

Mais il n’est pas le feu. Ceux, dans les journaux d’opinion (et L’Equipe, quotidien le plus lu de France, est un vrai faiseur d’opinion) qui prétendent le contraire, qui assurent que c’est bien le football qui « tue », trompent leur monde. Ils font fausse route. Ce n’est pas le football qui tue, ni jeudi à Paris, ni au Heysel, ni ailleurs, ce n’est pas non plus le « pouvoir » comme on pouvait le lire sur une banderole débile brandie par des supporters parisiens lors d’une marche silencieuse, hier à Nantes, non ce qui « tue », c’est la vie de tous les jours, et les manques qu’elle entraîne, et son cortège d’incompétences, d’erreurs, de malveillances ou de négligences. C’est la société qui est ainsi imparfaite, le football n’est qu’un des symptôme, un des symptômes les plus voyants, bien sûr, toujours dans la lumière, toujours sous le feu des projecteurs.

Le football n’est pas la guerre, et les supporters ne sont pas des barbares. Les stades ne sont pas de gigantesques coupe-gorges où aucun enfant n’oserait s’aventurer désormais, ou alors sous escorte. Le PSG n’a pas le monopole de la violence. On en observe aussi des manifestations à Marseille, Nice, et potentiellement dans tout club qui, du jour au lendemain, enchaîne les mauvais résultats. Car c’est bien là qu’est le nœud du problème : les mauvais résultats. La défaite, ou plutôt les défaites accumulées. Tout est là. Quelques buts en plus, en moins, un entraîneur qui maîtrise mieux son discours, un meilleur recrutement, pas grand-chose en fait, des futilités, me direz-vous ? Peut-être. Mais si le PSG avait battu l’Hapoel Tel Aviv 4 buts à 0, Julien Quemener, vingt-cinq ans, serait aujourd’hui en vie. Tout simplement.

Un meilleur Landreau, un Pauleta avec quelques années en moins, un Sylvain Armand avec d’autres jambes, voilà ce qui aurait permis d’éviter tout cela : des vitrines brisées, un mort et un blessé grave. Le sport n’est pas la guerre, non, c’est la vie en short, la vie et son obligation de résultats. Comme on peut le lire sur certaines banderoles en tribune (ou dans certains journaux) c’est « vaincre ou mourir ». Littéralement.


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17 réactions à cet article    


  • Johan Johan 27 novembre 2006 14:36

    Nous vivons une époque extrèmement violente. Pas uniquement physiquement mais également économiquement et psychologiquement. La peur de l’autre est omniprésente dans une dégradation généralisée du lien social.

    En Angleterre, ce n’est pas en augmentant le prix des places qu’on a rendu les passants respectueux envers les joueurs, qui se déclarent d’avantage en tranquilité qu’en France (à l’exception des vomissures récurrentes des tabloïds).

    Dans un monde qui marche sur la tête, les réactions émotionelles dérapent dans des psychoses collectives, accentuées par les effets de foule. Le même phénomène conduit à la banalisation de la barbarie ailleurs.

    Ce n’est pas une question sportive. On ne va pas laisser gagner l’équipe qui accueille les imbéciles les plus fous, comme tu le laisse suggérer.


    • reinette (---.---.133.76) 27 novembre 2006 16:42

      Les batailles du football - matches décisifs, matches à hauts risques, matches intenses, matches engagés... - sont des machines « désirantes » perverses où se distillent les émotions belliqueuses, les passions mégalomaniaques, les excitations haineuses, la volonté d’écraser, d’humilier, de corriger les équipes concurrentes. Le football avec son culte de la force physique, de la brutalité, de la cogne est une forme d’idolâtrie que génère une société ravagée par la violence.

      Loin de constituer par conséquent une « contre-société » pacificatrice, animée par la « passion de l’égalité » et la démocratie « méritocratique », le football est l’école de la guerre : guerres des quartiers, des cités et des nations, guerres des maillots, des sponsors et des télévisions, guerres ethniques (racistes), guerres des supporters, et guerres civiles.

      Comme l’avouait Michel PLATINI, en réponse à une question concernant la promotion du fair-play : « C’est démagogique, mais c’est normal d’essayer. Comme il est normal que cela ne marche pas. Le football est un sport de contact, de vice, ce n’est pas du tennis. De toute façon, on n’est plus dans une optique de beau jeu. La défaite est devenue un drame financier plus qu’un drame sportif » (Le Monde, 5/10/2002).


      • reinette (---.---.133.76) 27 novembre 2006 16:43

        LES MORDUS DU FOOT - des couches populaires aux intellectuels en passant par les chômeurs, les présidents-directeurs généraux ou les cadres dynamiques -, tétanisés par la manie des scores, fascinés par le vide abyssal des commentaires radiotélévisés, rongés par les regrets des « occasions manquées », obnubilés par la composition de leur équipe, chavirés de bonheur par la victoire ou déprimés par la défaite, appartiennent corps et âme à une entité mythique qui les possède, guide leurs réactions et leurs conduites, trouble leur esprit et les entraîne périodiquement dans divers « délires collectifs » (beuveries de groupe, vandalismes, manifestations intempestives, hystéries collectives, affrontements avec les forces de l’ordre).

        ELIMINER, DOMINER, RECTIFIER, ECRASER L’AUTRE - ostracisé, rejeté, haï, diabolisé.


      • reinette (---.---.133.76) 27 novembre 2006 16:43

        Le football est un véritable opium du peuple distillé à longueur d’année par toutes les officines de propagande du football : télé, presse, agence de pub, de consulting et de marketing, sponsors et annonceurs, entreprises publiques et privées, municipalités (de gauche comme de droite), associations diverses, organismes sociaux,et formations politiques quasi unanimes.

        la dictature du foot, la tyrannie du ballon rond ont à ce point envahi l’espace public et intoxiqué les consciences depuis 1998 que même les intellectuels supposés être attentifs aux « faits de société » se sont laissé étourdir par les fumées opiacées et les langoureux vertiges de l’allégeance à l’ainsi dite « culture foot » : mystification, aliénation, régression et manipulation, d’un côté, crétinisation, frustration et agression de l’autre.

        IL N’Y A PAS PIRE ALIENATION QUE L’ABSENCE DE CONSCIENCE DE L’ALIENATION.


      • reinette (---.---.133.76) 27 novembre 2006 16:44

        « Tous ensemble, tous ensemble » évadons-nous dans les paradis artificiels.

        1) « Que représente le foot au Portugal ? » Carneiro JACINTO, porte-parole de l’ambassade du Portugal : « Beaucoup trop. Il peut parfois être anesthésiant et cacher les vrais problèmes. Les personnes ne sont pas concernées par la politique. Quand il y a du foot, la politique s’arrête. Tout le monde va assister aux matches, toutes tendances confondues » (France Soir, 23/06/2004)

        2) « L’Iran bat la Syrie au son des armes. D’intenses tirs d’armes automatiques ont salué samedi soir à Bagdad la victoire (aux tirs au but 4/3) de l’équipe d’Irak contre la Syrie en finale du tournoi des Jeux de l’Ouest asiatique à Doha (Qatar). Les tirs ont résonné pendant 20 minutes dans une capitale plongée dans le noir en raison des coupures d’électricité et du couvre-feu. Les tirs ont salué chaque but irakien et chaque penalty transformé à la fin du temps réglementaire » (Libération, 12/12/2005).


      • reinette (---.---.133.76) 27 novembre 2006 16:44

        LE SOMMEIL DE LA RAISON ENGENDRE TOUJOURS DES MONSTRES...

        LE FOOTBALL SPECTACLE PLANETAIRE N’EST QUE LA FACE VISIBLE DE L’EMPIRE FOOTBALL. Pour comprendre ce « milieu », ses règles opaques, ses trafics, ses magouilles et tripatouillages, sa corruption endémique, ses « affaires », il faut évidemment l’inscrire dans son environnement réel, presque toujours occulté par les zélateurs du ballon rond : l’affairisme capitaliste. Le football est en effet l’un des dispositifs les plus puissants et les plus universels de la logique du profit.

        L’EMPIRE FOOTBALL est une vaste multinationale bureaucratique gérant un énorme marché international où circulent des masses considérables d’argent et où s’opposent sans interruption de grandes fédérations dominantes avec leurs championnats réputés (Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne, France, Brésil, Argentine), des clubs d’élite (Real Madrid, Juventus de Turin, Manchester, Barcelone, Chelsea, Liverpool, Inter de Milan, Bayern de Munich, Milan AC, Ajax d’Amsterdam, Arsenal, Benfica, Eindhoven, CSKA Moscou) et des groupes capitalistes qui se disputent férocement l’hégémonie sur ce « marché porteur ».

        Pour comprendre le fonctionnement de cet univers mercantile complexe qui organise une débauche de compétitions, de rencontres et de « fêtes » (championnats nationaux, régionaux et locaux - Coupes du monde - Coupes de l’UEFA - Super Coupes d’Europe - Coupes intercontinentales - Coupes d’Afrique - Jeux olympiques - Jeux méditerranéens), il ne faut jamais perdre de vue qu’il repose totalement sur une infrastructure capitaliste et que ses modes d’organisation peuvent, SUIVANT LES LIEUX ET LES EPOQUES, COMBINER QUELQUES FORMES POLITIQUES ET IDEOLOGIQUES : le fascisme, le stalinisme, le libéralisme, le travaillisme, la mafia, le poujadisme, le régionalisme, l’islamisme, etc - ce qui lui donne cette apparence bigarrée de diversité dans l’unité.

        LA PIEUVRE (FIFA) a étendu ses tentacules sur tous les continents, des grandes métropoles aux plus petits villages : après l’Europe, l’Amérique latine, la Russie, l’Afrique, le Proche et le Moyen-Orient, les Etats-Unis, le Canada, la Chine, l’Australie, le Japon, l’Asie du Sud-Est, l’Océanie.


      • reinette (---.---.133.76) 27 novembre 2006 16:45

        A SA MANIERE, LE FOOTBALL EST L’EXPRESSION DE LA COLONISATION CAPITALISTE DU MONDE, ET SON EXPORTATION AUX QUATRE COINS DE LA PLANETE TRADUIT L’EXTENSION DU PROCESSUS IMPERIALISTE, SA PENETRATION DANS DES ZONES ENCORE VIERGES, SON INSATIABLE APPETIT DE CONQUETES ET DE SURPROFITS : INDUSTRIE DE L’ABRUTISSEMENT. « La structure et l’idéologie de la société du troisième âge du capitalisme créent des modes de comportements reposant sur la contrainte de performance menant au stress et à la névrose et sur la soumission à l’autorité technologique. De tels modes de comportement limitent systématiquement le développement de la pensée et de la conscience critique, mènent au conformisme et à l’obéissance aveugle. » Ernest Mandel.

        DES MATCHES, DES BUTS, DES ANECDOTES, DES OLAS, DES HURLEMENTS, DES INSULTES, TOUTE LA PANOPLIE DE L’INFANTILISATION ET DE LA REGRESSION AU SERVICE D’UNE ENTREPRISE DE DECERVELAGE.

        Le football : organisation spécifique du capitalisme avancé - à la fois pour sa vitrine populaire privilégiée (un fantastique marché de consommateurs/spectateurs), son terrain d’expérimentation capitalistique (montages financiers inédits qui flirtent avec la légalité) et l’une de ses plus efficaces agences idéologiques de légitimation (un opium pour le peuple, une publicité permanente pour le culte de la « réussite »).


      • reinette (---.---.133.76) 27 novembre 2006 16:48

        [PDF] Les arrière-pensées réactionnaires du Sport Format de fichier : PDF/Adobe Acrobat - Version HTML Frédéric Baillette. Février 1996. 1 - Parler de compétition sportive, de sport de compétition est une tautologie, puisque, par ... infokiosques.net/IMG/pdf/Baillette-ArrSport.pdf -


        • (---.---.210.9) 27 novembre 2006 18:17

          « La plus élémentaire serait de considérer une foule de quelques dizaines de milliers de personnes réunies dans une enceinte sportive comme étant potentiellement un groupe à risque, susceptible de partir en quenouille d’une minute à l’autre, en tout cas fortement incontrôlable. »

          Faudra donc m’expliquer pourquoi le rugby, qui a amené au SDF plus de monde que n’importe quel match de foot, n’entraine aucune violence particulière ?

          La réponse est dans la question. Le foot est un sport d’incultes.


          • FzV (---.---.160.234) 27 novembre 2006 18:54

            Tu as tout à fait raison de préciser que ce n’est pas le football qui est violent, mais la société elle même.

            A la suite de ce drame qu’est la mort d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, j’ai pu entendre toutes sortes d’analyses mettant directement en cause le football et les excès qu’il suscite, alors que ce n’est à mon sens que son statut de jeu le + populaire qui l’expose ainsi - si la planète entière vibrait pour le volley ball il pourrait malheureusement y avoir également des morts en tribune - et cette grossière erreur équivaut comme tu le dis à confondre cause et conséquence : La société française va mal, donc le football français va mal.

            Les médias français vont très mal aussi. Il est impératif pour le lecteur, l’auditeur, le téléspectateur, de comprendre que l’exigence n’est pas dans la qualité de l’information mais dans le tirage ou l’audience. A ce titre, la responsabilité de l’Equipe, puisque tu en parles, est grande dans le déroulement de divers incidents (affrontements entre « supporters », caillassages...) lors des PSG-OM ou OM-PSG par exemple. Ces matchs sont volontairement présentés comme une opposition exacerbée dans le but de faire grimper les ventes, et une fois le mal fait on nous ressort les complaintes humanistes. Ou quand le ridicule ne tue pas, lui.

            Le football est devenu un business spectacle ou les enjeux ont depuis longtemps dépassés le jeu (certains remplissent leurs caisses, d’autres achètent une paix sociale) et ce qui s’exprime dans sa sphère n’est malheureusement que la conséquence de l’état de notre société.

            ps : VOTEZ !!!


            • FzV (---.---.160.234) 27 novembre 2006 18:58

              Pour le Mr juste au dessus...je t’explique...

              Quand le rugby drainera autant de M€ que le foot on en reparlera. Merci et au revoir.

              L’inculte.


            • selim (---.---.98.98) 27 novembre 2006 21:33

              Le KOP de Boulogne

              Judicieux commentaires sur le foot-ball comme paradigme du capitalisme contemporain : l’omniprésence dans les médias, les salaires démentiels, le respect obligé et sans nuance pour les « grands de ce « sport » (par ex à l’égard de M. Zizou, après que son coup de folie ait coûté à la France - probablement - la dernière coupe du monde), les matchs arrangés, etc.

              Que le « sport » le plus populaire attire une bande de minables ne voyant d’autres exutoires à leurs frustrations ou à leur bêtise que la violence, c’est - pourrait-on dire - logique.

              Ce qui paraît plus intéressant, c’est la question de savoir pourquoi c’est le foot - et pas un autre sport - qui est le plus populaire. A première vue le foot n’est pas un spectacle excitant. La plupart des actions avortent ; les joueurs, même au plus haut niveau, sont souvent maladroits ; on peut passer un match entier sans voir un seul but ; les commentateurs sportifs tiennent tout au long des matchs des propos indigents, etc. Certes beaucoup de jeunes hommes ont tapé dans un ballon (rond), mais de là à s’asseoir pendant des heures devant un poste de télé ou une pelouse pour regarder courir les pros...

              On peut imaginer que le succès populaire du foot a été entièrement fabriqué. Le foot serait alors non seulement le paradigme du capitalisme mais également celui de la démocratie. De même que nous sommes - par exemple en France en ce moment - enfermés dans une alternative « Sarko-Ségo » dont nous savons tous pertinemment qu’elle n’est pas pertinente, que ni l’un ni l’autre ne sortiront la France et les Français de l’ornière dans laquelle elle s’est enlisée. De même, nous serions en quelque sorte collectivement obligés de nous intéresser à un sport foncièrement inintéressant. Si cette interprétation s’avérait juste, il faudrait sérieusement questionner certains des postulats fondamentaux sur lesquels nous persistons à baser notre confiance dans la société sociale-libérale. A commencer par la rationalité des acteurs (chacun est capable d’identifier et de poursuivre les buts qui le mènent à une utilisation optimale de ses capacités) et la souveraineté du consommateur (les entreprises produisent pour les consommateurs, et non : les consommateurs consomment pour les entreprises et leurs actionnaires). Ces doutes sont anciens. Ils ont été quelque peu mis en sommeil récemment...


              • seb59 (---.---.180.194) 28 novembre 2006 10:26

                Il n’y a pas de « matchs decisifs », rien ne justifie une telle agressivité, de telles folies dans et à l’exterieur du stade.

                Le foot c’est : un sport ludique, avec 22 types qui tapent dans une balle pour la mettre dans des filets.

                Et c’est tout !

                C’est aux supporters, dirigeants de club, sponsorts, joueurs, d’en prendre conscience.

                Et c’est à partir de ce moment là que le football pourra redevenir quelques choses de festif.

                Pour l’instant, ca n’est qu’un affrontement de 2 equipes ( x contre Y) alors que cela devrait etre une rencontre ( x avec Y). Tout est là...


                • paul (---.---.76.128) 28 novembre 2006 10:45

                  les jeux du cirque sont de retour, nous ne sommes qu’au début du film.


                  • Gio (---.---.91.178) 1er décembre 2006 21:23

                    Cent fois d’accord, les jeux du cirque et la décadence du haut empire romain sont de retour.

                    Ce n’est pas le sport qui rend con, mais le spectacle du sport.

                    Et puis ... alors que les belles âmes s’indignent de certains salaires dans l’industrie, le commerce etc ... ils la ferme dès que l’on parle de sport ! Etrange non alors que les sommes en jeu sont le plus souvent plus que très lourdement en « faveur » des acteurs de spectacles à caractères physiques dits « sports ».


                  • FzV (---.---.160.234) 28 novembre 2006 12:52

                    Pour Selim...

                    Tout à fait d’accord sur le parallèle entre foot et capitalisme efrenné. Juste une remarque personnelle à propos du spectacle proposé : le foot passionne également de part l’identification qu’il suscite. Même si le match se termine par 0-0, chaque spectateur ou téléspectateur aura passé 1h30 à « être dans la peau » des joueurs, félicitant ou critiquant leurs choix de passes, tirs, etc... De là provient sans doute l’admiration que portent les gens à certains joueurs capables d’inventer un geste qu’aucun observateur n’aura imaginé à ce moment.


                    • (---.---.12.126) 28 novembre 2006 13:12

                      Nous sommes dans une societe qui vehicule le message que c est la majorité qui a raison et parcequ on est en bande on se sent tres fort alors que seul on est rien.

                      Nous sommes dans une société ou quand on triche on est rarement sanctionné (foot,politique,dopage etc...). L’argent fait que les joueurs jouent uniquement pour gagner et qu une victoire peut se negocier. Le foot est un excellent moyen de diviser pour mieux reigner. Le probleme est toujours le meme : le fanatisme qu il soit religieux ou sportif ou meme culinaire,c est notre principal ennemi.Il y a quand meme des gens qui preferent leur club de foot ou leur bagnole a leur femme... Je regrette que l on confonde une personne morte en faisant partie des agresseurs, et de vraies victimes que le flic et le jeune supporter de tel aviv ont failli devenir. Si le gars avait pas tiré y aurait eu une boucherie a 300 contre 2.

                      Y a toujours eu des histoires dans le foot et des morts avec le psg aussi mais on a jamais trop mediatisé ca. Des coups de couteaux entre supporter de marseille et du psg et plus recemment le conflit entre supporters eux meme du psg.

                      C est vrai que les soirs de gros match, le parc est en etat de siege et non en etat de fete. De toutes manieres c est a force de montrer des images qui incitent les jeunes a faire pareil, comme de bruler des bus. C est la jeunesse qui a de mauvais points de repere... Mais c est le monde qui dicte ses lois, toujours s attaquer au plus faible.

                      C est peut etre ce tragique evenement qui fera reflechir a 2 fois les supporters fachistes. La prochaine fois ils ne se diront plus tous « chic une ratonade on va tous se defouler » mais les plus intelligent d entre eux se diront « sans moi,j ai envie de renter en vie chez moi ce soir ».

                      C est le meme principe avec les accidents de la route, on fait le malin en voiture jusqu a temps de perdre un proche et la on comprend.

                      Le foot est un sport et non un defouloir pour gens frustrés de leur situation sociale.

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