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Accueil du site > Culture & Loisirs > Voyages > Les fontaines de Berne

Les fontaines de Berne

C’est à Berne, capitale de la Confédération helvétique, que le Tour de France a établi ses quartiers pour sa deuxième journée de repos. L’occasion pour les suiveurs de flâner dans la vieille ville, à la découverte des eaux turquoise de l’Aar, des mythiques ours bernois – symbole du canton – et des spectaculaires rues à arcades. Sans oublier les magnifiques fontaines du 16e siècle à découvrir ici et là au gré de la balade...

Lovée dans un méandre de l’Aar, venue charrier là les eaux des glaciers de l’Oberland, la vieille ville de Berne séduit tous ceux qui ont fait le choix de visiter cette capitale aux allures débonnaires et rassurantes. Trapues, massives, imposantes sont, à l’image des bâtiments officiels de la Confédération helvétique, les maisons de cette superbe cité dont la fondation remonte au 12e siècle : serrées les unes contre les autres le long des rues à arcades, elles protègent leurs façades de larges avancées de toit et recèlent, dans le secret des arcades, de charmantes boutiques ou d’accueillantes tavernes où il fait bon déguster une Felsenau*. Ici ou là, des bateleurs ou des musiciens retiennent plus ou moins longuement l’attention des passants, à la mesure de leur talent.

Les pôles d’intérêt ne manquent pas à Berne, entre les monuments historiques (cathédrale, tour de l’Horloge, tour des Prisons, hôtel-de-ville), le palais fédéral (siège du parlement de la Confédération), les nombreux musées, le parc aux ours**, installé depuis 2009 le long de la rive est de l’Aar, et la superbe roseraie qui domine la vieille ville à l’est. Mais l’un des plus grands plaisirs des visiteurs, et notamment des enfants, est de sillonner les rues pour découvrir les nombreuses fontaines colorées qui parsèment la vieille ville. On en compte une douzaine dans le vieux Berne, les unes dédiées à des personnages réels qui ont marqué l’histoire de la ville, les autres à des personnages symboliques ou à des héros de légende, tous juchés au sommet d’une colonne.

À tout seigneur tout honneur, la fontaine de Zähringen (Zähringerbrunnen), rend hommage au fondateur de la ville de Berne, Berchtold V de Zähringen. Érigée en 1535, elle occupe un emplacement de choix sur la Kramgasse en aval de la très belle tour de l’Horloge (Zytgloggeturm). Ce n’est toutefois pas le fondateur de la ville qui est juché sur la colonne, mais un ours en cotte de maille porteur d’une bannière aux couleurs des Zähringen.

Un autre porteur de bannière occupe une place de choix dans la Marktgasse, entre la tour de l’Horloge et la tour des Prisons (Käfigturm). Il ne s’agit pourtant pas d’un personnage célèbre, mais d’un garde de la ville représenté dans sa cuirasse du 16e siècle en hommage aux troupes qui assuraient alors la sécurité de Berne. Cette superbe fontaine date de 1543.

Non loin de là dans la même rue se dresse la fontaine Anna Seiler (Anna-Seiler-brunnen), à proximité de la tour des Prisons. Celle-ci date de 1546, mais contrairement à la légende qui dédie cette fontaine à la femme qui a fait don d’un hôpital à la ville de Berne vers 1530, c’est plus probablement un personnage allégorique qui est représenté.

Un peu plus loin vers l’ouest, passée la tour des Prisons, c’est dans la Spitalgasse que l’on découvre la fontaine du joueur de cornemuse (Pfeifferbrunnen). Juché au sommet d’une spectaculaire colonne rouge, ce musicien a, dit-on, été inspiré en 1546 au créateur du monument par une gravure de Dürer.

De la même année date la fontaine de l’Ogre (Kindlifresserbrunnen). Ce n’est évidemment pas la préférée des enfants, effrayés par l’appétit vorace de cette créature dont la besace déborde d’enfants. Cette fontaine est visible sur la Kornhausplatz, tout près de la tour de l’Horloge. 

Retour dans la Kramgasse pour admirer la fontaine de Samson (Simsonbrunnen) qui aurait été achevée en 1544 et possiblement offerte par la guilde des bouchers, ce qui expliquerait la présence d’outils de la profession à la ceinture du héros biblique en passe d’arracher la mâchoire d’un lion.

Un peu plus bas, dans la Gerechtigkeitgasse s’élève une autre splendide fontaine de 1543, la fontaine de la Justice (Gerechtigkeitbrunnen). Comme il se doit, la Justice a les yeux bandés et porte une épée fièrement dressée dans une main et la balance symbolique dans l’autre. Des accessoires qui ont dû être remplacés après qu’ils aient été dérobés à la fin du 18e siècle. Autre avatar : la fontaine a été fortement endommagée en 1986 par les autonomistes jurassiens réclamant la partition du canton de Berne.

Autre incontournable de la vieille ville, la fontaine du Banneret (Vennerbrunnen). Celle-ci date de 1542 et trône en face de l’Hôtel-de-Ville. Dressé au sommet de sa colonne, le porteur de bannière est vêtu d’une armure et exhibe fièrement le drapeau bernois orné, comme il se doit, d’un nom moins fier ours stylisé.

Tout près de l’Aare, sur la Laüferplatz, c’est la fontaine du Messager (Laüferbrunnen) que l’on peut admirer. Datée de 1545, la colonne de cette fontaine est, comme son nom l’indique, surmontée par un hérault et un ourson, tous deux vêtus du costume et des attributs de la fonction.

D’autres fontaines, la plupart plus récentes que ces magnifiques créations du 16e siècle, existent dans la ville de Berne, et c’est toujours un plaisir de les découvrir an flânant ici et là. Quant aux fontaines du 16e, mis à part celle de Zähringen, due à Hans Hiltbrand, toutes semblent sorties des ateliers de Hans Gieng, célèbre sculpteur fribourgeois spécialisé dans les fontaines. À noter que plusieurs d’entre elles ont été déplacées dans la ville au fil des siècles, parfois pour faciliter la circulation. Cela n’enlève toutefois rien à la fascination qu’elles exercent sur tant de visiteurs.

Marque de bière bernoise

** Présents depuis le 14e siècle, les ours bernois étaient naguère présentés dans une fosse indigne de la condition de ces animaux symboliques

 

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23 réactions à cet article    


  • Taverne Taverne 19 juillet 2016 11:57

    Sans oublier les fontaines de fric qui coulent à flot, notre impôt spolié en fait partie.

    Mais bon, le Beau n’a pas de prix.


    • Fergus Fergus 19 juillet 2016 12:05

      Bonjour, Taverne

      « les fontaines de fric qui coulent à flot »

      En effet, mais pas dans toutes les poches, loin s’en faut.


    • mmbbb 19 juillet 2016 12:31

      @Taverne la Suisse a une excellence economie , une liberte d’entreprendre et une aussi une autre mentalité, j avais renconté lors d’une étape en gite en montagne un francais enseignant dans ce pays, systeme vraiment opposé au notre et deja beaucoup moins politisé. Quant au fric, nous l’etat est une sangsue . les poncifs sont un peu faciles


    • mmbbb 19 juillet 2016 12:25

      Ce qui est agréable dans ce pays la Suisse est la proprete En france nous sommes des porcs et comme le disait Coluche les francais ont choisi le Coq comme emblème parce que c’est les seul oiseau qui chante dans la merde.


      • Fergus Fergus 19 juillet 2016 13:00

        Bonjour, mmbbb

        Pour ce qui est de la « propreté », ça s’est bien arrangé en France. Mais y a 30 ans, le changement était en effet radical entre le Jura suisse et le Jura français sur ce plan.


      • mmbbb 19 juillet 2016 13:36

        @Fergus je doute je viens de faire le tour du Queyras belle region belle montagne et propre En rentrant, la SNCF nous a déroute sur la gare TGV Valence. Gare neuve Les rails etaient jonches de megots et ca et la des bouteilles etaient jetées a même la voie .. Je me mets toujours dans les yeux d’un etranger, et ce genre de spectacle donne toujours une image négative . Je ne peux pas ne pas réagir d’autant plus que nous avons des belles villes . Idem pour ma ville près d’Auchan Caluire, un lot d’immeuble « social » En bas de cette rue des immeubles bourgeois, nous pouvons donc comme en géologie analyser les strates sociales Les pavillons bourgeois propres, les immeubles sociaux bien qu ils ne s ’agissent pas de zones urbaines affreuses, les parkings sont des depotoirs et les acces aux immeubles aussi. Je m oppose donc a vouloir critiquer les etrangers la Suisse en particulier tant que nous aurons cette mentalite de laissez aller . En revanche les francais sont d’eternels gueulards et envieux , la nous sommes tres forts. L’enseignement de la civilite serait une priorite Cordialement


      • Fergus Fergus 19 juillet 2016 17:12

        @ mmbbb

        Je suis d’accord sur le fait que certaines villes sont loin d’être irréprochables. En fait, je faisais allusion aux villages ruraux, principalement agricoles, et le fait est que les progrès y ont été indéniables. Cela vaut pour toutes les régions, y compris l’Auvergne d’où je suis originaire et la Bretagne où je vis. Vous parlez de Caluire : non loin de là, les villages des monts du Beaujolais sont devenus pimpants là où naguère ils étaient plutôt tristounets et pas toujours bien entretenus.

        « L’enseignement de la civilite serait une priorité »

        Entièrement d’accord.

        Bien à vous. 


      • Le p’tit Charles 19 juillet 2016 12:25

        Les « cyclistes-dopés » du tour de France sont en Berne pour se réapprovisionner en cachets pour pédaler sur un nuage en vu des Alpes...C’était un commentaire de la « Mafia du sport de notre beau pays.. »


        • Fergus Fergus 19 juillet 2016 13:01

          Bonjour, Le p’tit Charles

          Ceux qui croient en un Tour de France propre sont effectivement des naïfs.


        • alinea alinea 19 juillet 2016 22:57

          C’est trop propret pour moi la Suisse... souvenir d’enfance !! en revanche j’aime bien les couleurs de leurs figures décoratives, ça me fait penser à l’art indien !
          C’est bon, profiter de tes photos de voyage ! merci Fergus


          • Fergus Fergus 19 juillet 2016 23:20

            Bonjour, alinea

            « trop propret pour moi la Suisse »

            Je ne suis pas trop regardant, mais j’ai du mal à voir cela comme un défaut. Du reste, c’est un trait commun aux peuples germaniques.

            « ça me fait penser à l’art indien » 

            Si l’on considère l’Ogre, le fait est qu’il est assez proche en matière d’inspiration et de couleurs des personnages qui décorent les temples indiens.

            Merci à toi pour le détour sur ces rives de l’Aar où l’on peut déguster d’excellentes fritures de féras et bien sûr l’incontournable fondue bernoise.


          • alinea alinea 20 juillet 2016 00:05

            @Fergus
            je n’aime pas le crade et le pouilleux, mais l’ordre de l’Alsace ou de la Suisse, ou de l’Allemagne même, c’est une volonté de maîtrise, une discipline, allez, une obéissance !!
            Je lui préfère de « désordre » méditerranéen !! smiley
            Pourtant, les villages grecs sont blancs et bleus, nickel ! mais.. c’est plus humble ; il y a longtemps que je ne suis pas allée en Italie, l’architecture est imposante, mais il y a le côté crade, désordonné des rues qui me mettent à l’aise !!


          • Fergus Fergus 20 juillet 2016 08:31

            Bonjour, alinea

            Oui, les villages grecs sont en général irréprochables. En fait, c’est l’ordonnancement de l’urbanisme germanique qui te gêne. Et le fait est que les rues des villes et villages ne sont en général pas aussi tortueuses que dans les pays du sud où les maisons sont serrées les unes contre les autres pour se protéger du soleil, séparées par des ruelles étroites ou des andrones caladés.

            Personnellement, j’aime bien tous les types d’urbanisme dès lors qu’ils sont authentiques, autrement dit pas agressés par des chancres nés souvent de la collusion des maires avec des investisseurs seulement préoccupés par les profits.


          • mmbbb 20 juillet 2016 09:17

            @alinea Je ne me suis jamais accoutumé à la mentalité francaise a savoir que les villes sont sales et que les francais se foutent de tout et aucun respect du bien commun En revanche les francais sont tres fort pour brailler et demander a l’Etat de se substituer a leur manquement . Pour brailleur ce sont des brailleurs impénitents Lorsque j ai rencontre ma compagne il y a quelques annees j’allais a l universite de Bron . des papiers partout et des graffitis De meme actuellement le long du quai du Rhone amenage les pelouses sont des cendriers a ciel ouvert et sont jonchées de capsules. Les francais sont des cons et des porcs Arretez de tourner autour du pot . 


          • jack mandon jack mandon 24 juillet 2016 15:21

            Fergus,

            Guide en l’art diplomatique et politique, guide touristique suisse, ce qui réclame pour l’exercice en cours une excellente connaissance de l’ours, des arcades et des fontaines où Alinéa pourra étancher sa soif francophile. Vous êtes intarissable Fergus. N’oubliez pas de laisser Alinea, en bordure de l’Aar dans la fosse aux ours, pauvres bêtes ils manquent cruellement de friandise burgonde.

            Au plaisir


            • Fergus Fergus 24 juillet 2016 19:06

              Bonsoir, jack

              « intarissable », hélas non ! Mais à coup sûr incomplet : je me suis aperçu que j’avais oublié la Ryfflibrunnen située dans l’Aarbergergasse.Elle fait également partie des fontaines réalisées dans les ateliers de Hans Gieng en 1545.

              Pour ce qui d’Alinea, je ne souhaite de mal ni à elle ni aux ours ! smiley

              Bien à vous.


            • alinea alinea 24 juillet 2016 19:34

              @Fergus
              le hasard fait bien ou mal les choses ! je tombe sur ta réponse en première page !
              je ne suis pas sainte Lucie, mais j’ai le don avec les bêtes, le don de laisser mon « humanité » à la porte ; je ne craindrais pas les ours et, au pire, qu’ils me tuent serait la plus belle mort que je puisse souhaiter ! On ne craint pas ce qu’on aime ; un taureau ( le tao) m’a fait comprendre un jour que j’empiétais sur son territoire ; il m’a soufflé sur les fesses puis est retourné à sa pâture ! j’étais pourtant à sa merci ! smiley


            • Fergus Fergus 24 juillet 2016 20:27

              Salut, alinea

              Tu as eu de la chance avec le taureau, j’en ai connu de plus agressifs et dangereux en Auvergne, et chaque année il y a quelques accidents impliquant le plus souvent les éleveurs eux-mêmes. Il est vrai que tous n’ont pas - loin s’en faut - un comportement irréprochable. Or les animaux ont de la mémoire.

              Bonne soirée.


            • alinea alinea 24 juillet 2016 21:03

              @Fergus
              Non, c’était pas de la chance !! j’étais à quatre pattes quasi entre ses pattes en train de ramasser des bûches ! Il a bien compris que je n’étais pas belliqueuse mais il a trouvé que j’abusais quand même ; le Tao, c’est le Maître ! un autre petit merdeux aurait peut-être été moins conciliant ! c’était l’inconscience de la confiance, de l’amour que je portais à ces bêtes, et ça, ils le sentent !


            • Vipère Vipère 24 juillet 2016 21:43

              @alinea

              Vous vivez dangereusement alinéa ! smiley


            • alinea alinea 24 juillet 2016 22:37

              @Vipère
              Oh !! j’en ai fait un livre !! smiley


            • Vipère Vipère 24 juillet 2016 22:55

              @alinea

              Un petit extrait du récit peut-être avant de tomber dans les bras de Morphée ? smiley


            • alinea alinea 25 juillet 2016 00:37

              @Vipère
               : le premier qui me tombe sous l’œil, pas forcément le meilleur !! -)) !!

              « Un matin où nous les arribions dans le petit parc en pente douce sous ses grands pins et ses chênes, Mambo vint vers moi plusieurs fois en remuant les cornes ; je marchais à ses côtés en sautillant moi aussi tant sa joie était communicative jusqu’à ce que, s’approchant de plus près il me fit dessiller ; ma gaieté se transforma en peur, oui peur, comme si celui qu’on aime soudain devient menaçant. Je n’étais pas une vache, je n’étais pas de taille à satisfaire le jeu de mon bel amoureux. Une seconde stupéfaite je restais sans bouger avant de presser le pas pour trouver abri derrière le tracteur.

              J’avais senti son souffle sur mon épaule « là, doucement » lui avais-je soufflé, ses yeux brillaient comme parfois ceux des chiens quand ils s’excitent...

              Je marchais à côté du tracteur, le cœur battant, mais triste, triste éperdument. J’avais déçu mon amour et nos relations ne devaient plus jamais être tout à fait comme avant, il resta unique pour moi mais ma conscience déniaisée fit désormais obstacle. »

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