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Accueil du site > RDV de l’Agora > Agatha Christie : une mystérieuse disparition

Agatha Christie : une mystérieuse disparition

Note de la rédaction  : cet été, suivez toutes les semaines la série fiction "complots estivaux". Chaque vendredi nous présentons un romancier qui a participé au recueil de nouvelles : Complots capitaux autour d’une interview vidéo décalée et d’un extrait de sa fiction.

Cette semaine, François Rivière s’est prêté au jeu de cette interview :


François Rivière, grand spécialiste de romans policiers, a reconstitué l’emploi du temps d’Agatha Christie, le célèbre auteur de Dix petits nègres et du Meurtre de Roger Ackroyd. Celle-ci a mystérieusement disparu en 1926. En limier digne de Sherlock Holmes, il a minutieusement analysé les faits relatifs à la disparition d’Agatha Christie qui aurait été prise d’une soudaine crise d’amnésie. Une affaire qui avait mis l’opinion publique et la presse en émoi...

Est-ce un complot de son mari ? Agatha Christie a-t-elle frayé avec les services secrets ou a-t-elle tout simplement organisé avec brio son propre escamotage, à l’instar des héros de ses plus célèbres romans ?


Interview vidéo, par Olivier Bailly


Extrait de L’Enigme Agatha Christie, p
ar François Rivière  :

« Harrogate, Hydro Hotel, le 5 décembre 1926.
Je n’ai plus peur. Depuis mon arrivée ici, les pensées les plus noires qui m’assaillaient, me coupant le souffle et m’empêchant même de lire, se sont dissipées. Les physionomies ouvertes et paisibles du personnel de l’hôtel me rassurent, comme l’attitude débonnaire des clients, pour la plupart des curistes fréquentant l’établissement thermal de la ville.

Un petit garçon, tout à l’heure, s’est approché de moi et m’a demandé mon nom. Stupidement j’ai d’abord hésité puis lui ai dit :
— Je m’appelle Neele. Je suis Mme Teresa Neele. J’arrive du Cap et mes bagages sont encore à Londres.

Le gamin s’est extasié, affirmant qu’il rêvait d’aller visiter l’Afrique du Sud où vivaient ses cousins. Il m’a demandé si j’avais été malade à bord du bateau et je lui ai confessé que j’avais nourri les poissons, ce qui l’a fait rire. Puis, il a détalé, rejoignant sa mère qui, de loin, m’a fait un petit salut très aimable.

Mais tous ces gens ignorent que je ne suis pas Teresa Neele... Personnage imaginaire... J’aurais pu être Angela Markham, jeune peintre new-yorkaise venue découvrir le Yorkshire en compagnie d’une grand-mère restée provisoirement à Londres comme les valises de la pauvre Neele... Ah ! ah ! ah ! Mon pouvoir d’invention est sans fin, et du reste il m’effraie... ;

Ces derniers temps, j’ai beaucoup écrit, trop peut-être, comme me l’a fait remarquer mon amie Nan... mais elle et moi savons pourquoi. C’est pour oublier une créature qui s’est jouée de moi diaboliquement... Tout le monde croit que la désaffection d’Archie est à l’origine de mon comportement étrange, de mes escapades en solitaire sur le continent...

Ou que j’ai mal supporté la disparition de ma mère, ce qui n’est pas vraiment faux. Encore que dans cette affaire, certes douloureuse, j’ai davantage pleuré la vente de ma maison natale — ô Ashfield, mon toit, mon gîte, comme je t’ai aimée ! — que ma chère mère, devenue bien encombrante sur la fin...

Quant à ce traître d’Archie, mon époux naguère très aimé, je n’ignore pas qu’il me trompe depuis des années. Bien sûr, lorsque j’ai appris qu’il me préférait cette petite chipie de Nancy, sa secrétaire, j’ai trouvé la plaisanterie un peu saumâtre, puis je me suis faite à cette situation de vaudeville. Cela m’a même inspiré quelques situations pour mes romans...

Les gens croient toujours que les intrigues sont votre plus grande fierté, alors que ce que j’aime par-dessus tout ce sont les arrière-plans, les personnages secondaires, certains éléments du décor qui, à un moment ou à un autre de ma vie, m’ont bouleversée...

Nan me l’a dit l’autre jour, à sa manière simple et directe :
— Ne me raconte pas que tu aimes ton Hercule Poirot, même si tu l’as affublé d’un cerveau redoutable. Il a vraiment tout d’une vieille fille... Je t’ai toujours dit qu’au lieu de mettre en scène ton ridicule détective belge tu aurais dû poursuivre dans le "thriller"... Tu as des dispositions !  »

Complots capitaux © Néo/Le Cherche Midi

Crédit photo : les dossiers cinéma et cie

 

 

 


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