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Kookaburra Kookaburra 27 mars 2013 11:26

Bonjour Aurélien,
A l’origine, la laïcité était la séparation du temporel (l’Etat) et le spirituel (l’Eglise). Elle visait l’ingérence de l’Eglise dans la politique. Et c’est dans cette définition que vous comprenez la laïcité, ce qui correspond, d’ailleurs, à l’interprétation dans beaucoup d’autres pays. Or, en France, historiquement, la laïcité s’érigea comme l’adversaire de la religion catholique, et de cette opposition naquit l’impression que la laïcité est une alternative à la religion. Depuis que l’Eglise a accepté le principe de la séparation des pouvoirs, la laïcité française se cristallise essentiellement autour de l’islam et des populations musulmanes, mais puisque ce fait est politiquement inavouable, on a préféré l’habiller d’une apparence impartiale en désavouant nos origines chrétiennes et en soumettant toutes les religions aux mêmes restrictions, notamment l’interdiction des signes « ostentatoires ». Sont aussi tombées sous cette interdiction certaines de nos traditions comme l’arbre de Noël et la crèche sur la place du village, ou des illuminations « Joyeux Noël » et autres références bibliques. Interpréter la laïcité comme une prise de distance avec le christianisme, le mettant au même plan que les autres religions, avec ni plus ni moins d’importance que celles-ci, s’apparente à un rejet de notre culture. La laïcité n‘a plus de querelle, aujourd’hui, avec le christianisme, qui, de toute façon, était déjà laïc dès le début - « Rendez à César ce qui est à César …  ». Elle concerne les religions qui ne connaissent ou ne reconnaissent pas la laïcité, et notamment l’islam, qui, pas sa nature même, contrôle le temporel autant que le spirituel. L’Eglise a depuis longtemps accepté la laïcité, mais le principe de la séparation et l’indépendance de l’Etat et la religion est étranger à l’islam.

En théorie, on pourrait justifier un statut particulier pour le christianisme en Europe en tant que héritage culturel et socle commun des peuples européens. La question se posait lors du débat sur la Constitution en 2005. Mais au lieu de choisir la vérité historique et souligner le rôle du christianisme dans l’édification de la civilisation européenne, le gouvernement français a préféré l’ignorer. La réticence à reconnaître l’héritage chrétien de l’Europe est dû à une certaine prudence politique, et des considérations électoralistes ne sont peut-être pas étrangères à cette timidité. L’interprétation de la laïcité comme rejet de la religion ou comme l’athéisme, laisse un vide spirituel, vite rempli par d’autres idéologies. L’islam, la nouvel religion en Europe, s’infiltre tout doucement, tout naturellement dans ce vide, car il est dans la nature de l’homme de chercher un sens à la vie, et cette interrogation, naturelle et incontournable, peut égarer l’individu dans toutes sortes de fanatismes.

L’interprétation française du concept de la laïcité, que vous mettez en question, cherche, effectivement, à confiner la religion à la sphère intime et privée. Vous considérez que c’est une erreur et vous protestez depuis des années contre cette interprétation. Bien que mes propres articles sur le sujet vont un peu dans votre sens, je crains que votre lutte est vouée à l’échec.


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