L’affaire semble presque entendue. Les grands médias ont finalement revu leurs titres : de « la Société Générale renonce à ses stock options » on est passéà « la Société Générale renonce complètement à ses stock options » !
Même la BNP s’y colle. Les propos de Philippe d’Arvisenet soulignant qu’ « il s’agit surtout d’instruments destinés à motiver les dirigeants » et d’une décision avant tout politique ne devrait guère modifier l’opinion qui s’est répandue. A suivre…
Une précision sur les chiffres et une observation sur les retours medias, pour compléter :
- à l’Assemblée Nationale, jeudi après-midi, le Ministre du Budget Eric Woerth, répondant aux assauts de M. Cahusac, a tout d’abord minimisé ces révélations au parfum de scandale. Je cite : " Vous m’avez interrogé, monsieur Cahuzac, au sujet de la Société générale. Est-ce que sa décision est opportune ? La question peut évidemment être posée, et même fortement. Mais je précise que cette banque a décidé d’attribuer des stock-options à 2 500 personnes – pas forcément des cadres d’ailleurs –..."
Dans son second communiqué, la Société Générale précisait : "les plans 2009 ont bénéficié à 4 800 collaborateurs du groupe , cadres et non cadres tant en France qu’à l’étranger. En valeur comptable, la part revenant aux mandataires sociaux représente près de 2% de la valeur totale du plan."
- Sur la marche en arrière de la Société Générale, soulignée par tous les medias vendredi, qui prête à croire que le Groupe a renoncé à son plan, satisfaisant l’opinion, il s’agit d’un authentique leurre.
La Société Générale n’a pas renoncé à son plan de stock options, elle s’est uniquement engagée à renoncer à "lever" ces options tant qu’elle bénéficierait d’un appui en fonds propres de l’Etat !
Que tout le monde comprenne : le plan de distribution n’a pas du tout été infirmé. C’est un renoncement dans la forme. Dans trois ans, quand les droits pourront s’exercer, la banque aura remboursé les fonds prêtés par l’Etat. Des actions pourront alors être souscrites au prix de 24,45 euros. Au pire, si les performances de la banque sont similaires à ses concurrents seules 50% des options seront acquises. Mais quel sera le cours des actions à l’horizon 2013 (date butoir pour vendre la totalité des actions) ? Si le cours remonte au niveau 2008, voire le dépasse pour avoisiner les 90 euros, la plus-value sera très conséquente.
Les mandataires sociaux auraient pu a minima se soustraire de ce plan, pour faire bonne figure...
Mais comment renoncer à si facile fortune, quand, d’un communiqué bien gobé, on peut s’affranchir commodément d’inoffensives accusations ?
@xewow : votre analyse a le mérite d’être directe et rend compte du tragique de la situation. Elle indiquerait que la donne serait faussée dès le départ. Cela ne laisserait aucune place à l’émergence de l’innovation (sous-entendue : la rencontre entre un produit innovant et un marché) destinée à être avalée ou simplement effacée des tablettes. Certes, on pourrait concevoir qu’un chercheur découvrant une nouvelle molécule ne puisse pas réussir seul à pénétrer un marché cannibalisé par des géants de l’industrie. Mais quid de tous les autres ? Et pourquoi d’ailleurs ses chances seraient-elles compromises ? Sinon à convenir que les mécanismes mis en place ne servent que ceux capables d’en tirer les ficelles ? Heureusement, des produits innovants continuent de naître et des fonds investissent pour qu’ils se développent sainement. Avec éthique. Quant aux autres, sans contrôle ni auto-épuration du système, ils continueront de s’épanouir sans jamais être inquiétés... Difficile de s’en satisfaire.