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Luc Masson Luc Masson 4 mai 2006 23:04

Et si il fallait avant tout parler de respect de la vie et de la vie humaine en particulier. Explication de texte.

Le respect n’est pas une valeur commune mais une disposition, un comportement, une façon de voir ou de faire qui ne peut se satisfaire d’une quelconque subjectivité, faute de verser rapidement dans l’arbitraire. Demander à quelqu’un s’il est pour ou contre le respect, revient à lui demander si il existe ici bas, une source du respect, un sujet digne d’assentiment. Répondre par la positive n’aurait toutefois pas plus de sens que le contraire. En quoi peut-on de façon catégorique et générale, se positionner pour ou contre le respect. Etre pour le respect reviendrait à admettre qu’il puisse y avoir un choix possible, une sorte de décision partisane, un camp auquel on pourrait adhérer par conviction ou par intérêt. Refuser le respect serait alors l’affirmation de sa propre négation, rien n’est alors respectable, ni autrui, ni moi-même en tant que membre de la même humanité.

Il convient toutefois de s’entendre sur le sens et la portée du mot respect. Il serait possible de lui trouver un nombre incalculable de synonymes, déférence, admiration, renoncement, louange, dévotion etc..............On ne ferait en l’occurrence que caresser du bout de la plume les différentes manifestations du respect.

Le respect est dual, tantôt action, tantôt abstention. Au-delà de cette alternance, le respect trouve sa justification dans des fondements universels, du moins aimerait-on qu’il en soit ainsi.

Croyances, engagement politique, propriété privée, convention, intimité ne sont finalement que les attributs de l’existence, les pans qui composent le cadre de vie, voire la raison d’être des individus. Sont-il pour autant sources de respect, je ne le pense pas.

On ne respecte pas un bien, ni une situation et encore moins une icône, mais la personne à laquelle les biens appartiennent, sa vie privée, sa ténacité à défendre ses idées ou le don d’elle-même.(nos héros modernes)

Seule la personne est digne de respect et bien au-delà de cette personne, ce qui fonde notre humanité, ce qui fait de l’espèce une communauté singulière et éclectique, ce que le genre humain transmet depuis des temps immémoriaux : la vie.

Là où la vie humaine se manifeste le respect s’impose. Là même ou un fragment de vie humaine va se loger, c’est avec la plus grande des attentions qu’il convient de le traiter. Chaque atome de notre corps nous distingue de ce qui nous entoure, la nature, les choses et le règne animal (malgré certains composés chimiques communs).

La vie humaine est intrinsèquement respectable, mais il convient de modérer le propos dès lors que l’on considère ce que la personne fait de sa vie, c’est-à-dire son existence.

Il est libre à chacun de faire « sa vie » comme il l’entend, de construire son existence, d’élaborer son plan de vie, bref chacun est libre de son destin. Pourtant, certains d’entre-nous optent pour une existence calme et rangée, droite dit-on, alors que d’autres se livrent à la débauche, à la luxure, aux vices. Même si de tels comportements peuvent choquer, être en marge de la morale ou de la loi, finalement c’est toujours d’une personne dont il s’agit et quand on aura mis au banc d’infamie cet individu que d’aucuns ne prêtent à considérer, c’est face à l’incompressible, l’incontournable et inextinguible « vie biologique » que doivent s’arrêter nos velléités de purification sociale.

L’inqualifiable ne nous paraît pas pardonnable et l’impardonnable ne peut susciter le respect, mais au seuil du châtiment suprême, de l’épuration salvatrice, la vie humaine doit demeurer une primauté.(qu’il s’agisse de peine de mort de de pratique eugéniques)

Respecter c’est « regarder derrière » au sens étymologique du terme, vivre c’est aller de l’avant, respecter la vie humaine c’est voir dans tout acte le moyen de porter l’humain au-dessus de toute autre considération, de s’affranchir de la pesanteur de la personnalité pour ne retenir que le feu ardent de la vie, celui qui en toute occasion doit guider nos gestes et nos pensées, se rappeler à nous comme une nécessité, comme si nous allions faillir demain.......sûrement.

Pour conclure, je suis papa d’une petite fille de 19 mois, qui est née épileptique, qui est gravement handicapée, et qui est vraisemblablement atteinte d’une maladie génétique du cerveau (domaine peu exploré ou sur lequel il n’y a que peu de découvertes en matière de génétique). Qu’aurais-je fait si je l’avais su avant sa naissance, malgré mes convictions profondes aurais-je hésité ? Qu’il est difficile de répondre à cette question, qu’il est dur de se la poser !!!




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