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BA 9 septembre 2011 23:30
La BCE se déchire sur la stratégie pour sauver l’euro.

Le feu gagne la caserne de pompiers. La Banque centrale européenne (BCE), qui lutte depuis dix-huit mois pour éteindre l’incendie ravageant les pays endettés de la zone euro, se déchire maintenant au grand jour. Le chef économiste de l’institution, Jürgen Stark, a démissionné vendredi avec fracas de son poste… trois ans avant la fin de son mandat ! 

Officiellement pour des raisons personnelles, cette démission marque le spectaculaire désaccord de l’économiste avec la stratégie de la BCE, dont il est un membre influent du directoire. Après le départ retentissant d’Axel Weber en mai dernier, Jürgen Stark est le deuxième Allemand de poids à claquer la porte de la banque basée à Francfort. La réaction des marchés a été à la mesure du choc : l’euro a chuté, atteignant un plus bas depuis février à 1,3650 dollar et les obligations d’État italiennes se sont envolées à 5,37 %.

Cette dernière réaction n’est pas anodine : c’est probablement la décision de voler au secours de l’Italie et l’Espagne, prise le 8 août dernier en pleine tempête financière, qui a achevé de diviser le conseil de la BCE. Jürgen Stark était notoirement opposé à cette action, rejoint en cela par le patron de la Bundesbank, Jens Weidmann, ou encore le Néerlandais Klaas Knot.

« Depuis mai 2010, les Allemands sont contre le rachat de dette souveraine par la BCE », rappelle Bruno Cavalier, économiste chez Oddo Securities. Cette décision de politique non conventionnelle consiste pour la banque centrale à acheter sur le marché des obligations d’État, afin de soutenir leur cours et permettre aux pays attaqués de continuer à emprunter. Mais ce faisant, la BCE rompt avec deux dogmes intangibles aux yeux de l’orthodoxie allemande : elle donne l’impression de cautionner les dérives budgétaires des États et surtout, en monétisant la dette, elle rajoute des liquidités sur le marché, prenant le risque de générer des tensions inflationnistes, alors même que son unique mandat consiste à lutter contre l’inflation.

Conscient des reproches qui lui sont faits, le président de la BCE s’était vivement emporté jeudi : « Nous avons assuré la stabilité des prix de manière impeccable - impeccable ! - et j’aimerais bien entendre des félicitations pour une institution qui a apporté pendant treize ans la stabilité des prix à l’Allemagne », a martelé Jean-Claude Trichet. Un éclat de voix inhabituel qui a peut-être précipité le départ de Jürgen Stark.

Au-delà des querelles internes à la BCE, cette démission est un signe supplémentaire du désarroi des Européens face à la crise de la dette. « L’histoire s’accélère, mais l’Europe n’a toujours pas résolu la question principale : comment couper la contamination qui vient de Grèce et qui gangrène tous les autres pays ? », résume Bruno Cavalier.

Au plan politique, les tensions s’accroissent. Lundi, le président de la Commission, José Manuel Barroso, se rendra à Berlin pour rencontrer la chancelière Angela Merkel. Il s’agit officiellement d’un « échange de points de vue privés ». Mais, selon un sondage de la chaîne de télévision ZDF, trois Allemands sur quatre sont aujourd’hui opposés à un élargissement du plan de sauvetage pour les pays surendettés de la zone euro.

Or ils ne sont pas les seuls. Après les Pays-Bas, qui évoquaient ouvertement jeudi la sortie de la Grèce de l’euro, les Finlandais dénonçaient vendredi le manque de discipline budgétaire dans l’Union. Le premier ministre finlandais, Jyrki Katainen, estime que ses concitoyens sont « troublés par l’injustice provenant du fait que tout le monde dans l’union monétaire n’applique pas les règles du jeu acceptées ». Et le parti des Vrais Finlandais, qui talonne désormais la Coalition nationale pro-européenne, veut aussi qu’Athènes sorte de la zone euro, estimant que ce sont les autres membres de l’Union, aux finances plus saines, qui vont payer les pots cassés. Helsinki a « crevé de faim pour sortir de la crise sans aide », d’où son ressentiment résume un politologue. Mais la Grèce est aussi un obstacle pour l’Irlande, qui s’inquiète par ricochet de ne plus pouvoir revenir sur les marchés à cause d’Athènes.

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/09/09/04016-20110909ARTFIG00668-la-bce-se-dechire-sur-la-strategie-pour-sauver-l-euro.php

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