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easy easy 11 novembre 2011 14:00

Il me semble que c’est au XIX ème siècle que nous avons commencé à nous intéresser à l’absurde en tant que tel, en tant qu’hyper absurde et sans viser à le rendre moins absurde.

Avant ce moment, il y avait eu bien des synodes pour discuter du sexe des anges mais on cherchait alors à résoudre ces absurdes qui émergeaient du raisonnisme.

Au XIX ème, au moment où le métaphysique était marginalisé et la raison était devenue reine, sont apparus des milliers de dessins représentant des escaliers qui ne montaient qu’à leur bas et des marteaux à deux têtes. Le XXème ayant pris la suite avec l’écriture automatique, Duchamp, César Baldaccini, le sur réalisme à la Dali, Averty et les Shadocks. Tout cela associé au foisonnement des démonstrations d’illusions d’optique, au cinéma où le héros survit à cent tirs croisés, aux BD où le héros ne mange ni ne vieillit, à l’armement atomique qui nuit autant à son expéditeur qu’à son expédié, etc.

A ce moment où l’absurde était devenu un fait à prendre tel quel, je considère que son exposé éclairait nos esprits. « OK, nous prétendons être de raison mais nous sommes effectivement absurdes, et drôles alors. Point »

Ce moment me semble être passé. Je ne vois plus de gens se régalant d’absurdes à la Devos. Fini les Monty Python, Colluche et autres Woody Allen
Ouille alors.
Car la relégation de l’absurde (qui existe forcément quand on prétend au sens unique) ou son déni risque de nous renvoyer à de nouvelles certitudes.
Certes, nous ne sommes pas fiers en ce moment que tout notre Système ressort en faillite, mais au lieu de bien voir que nous avons tous pratiqué l’absurde (parce que nous prétendions au bon sens -unique alors-) nous sommes en train de devenirs très accusateurs en désignant de notre index des chef ou bandits qui seraient les seuls à pratiquer l’absurde. Nous devenons convaincus que si l’absurde existe il ne provient que de méchants (qui faut alors pendre ou enfermer 136 ans).$
Nous qui avions pratiqué émerveillés La chaîne ou l’avion, ces pyramides alakon où il fallait envoyer cent balles à celui qui était en haut de la liste, nous qui faisions le stock de cigarettes à Andore, nous devenons maintenant convaincus que seuls les pontes de la finance la pratiquent. Nous nous voulons innocents et nous tenons donc à écarteler des boucs émissaires.

(J’en suis à me demander si les séniors actuels racontent vraiment leur passé aux ados)

Ce qu’il y avait d’intellectuellement sain à l’époque des trente glorieuses où nous fumions tout en protestant contre le cancer, où nous roulions à 200 à l’heure sans casque ni ceinture tout en nous offusquant des milliers de morts, c’est que cet absurde, nous l’assumions collectivement et individuellement.

Mais depuis 40 ans, le souci de sécurité individuelle est devenu prépondérant (ma sécurité d’abord = Source d’individualisme s’il en est), nous nous appliquons donc à préserver notre santé-sécurité de manière dite rationnelle et nous découvrons que nous subissons un empoisonnement passif contre lequel nous ne pouvons plus rien sinon à protester contre les Mac Do, Monsanto et autres Goldman Sachs.
Nous avons maintenant l’impression qu’il y a certes toujours un absurde mais que cette fois il n’est plus de notre fait, il nous est strictement imposé par des méchants.

Désormais nous détestons l’absurde alors qu’il y a 60 ans nous nous trouvions très drôles et charmants de le produire.

Et dabs ce mouvement, je fais remarquer que les comiques de scène ne sont plus des souchiens mais des descendants d’immigrés du début XIXème.
Les Beurs (Dany Boon en fait partie) sont aujourd’hui les seuls d’entre nous à admettre produire, générer et incarner de l’absurde. Inutile d’expliciter pourquoi


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