Que voilà un article sérieux et plein de références.
J’y ajouterai celle de Milan Kundera :
"Si, récemment encore, dans les
livres, le mot merde était remplacé par des pointillés, ce n’était
pas pour des raisons morales. On ne va tout de même pas prétendre
que la merde est immorale ! Le désaccord avec la merde est
métaphysique. L’instant de la défécation est la preuve quotidienne
du caractère inacceptable de la Création. De deux choses l’une : ou
bien la merde est acceptable (alors ne vous enfermez pas à clé dans
les waters !), ou bien la manière dont on nous a créé est
inadmissible.
Il s’ensuit que l’accord catégorique
avec l’être a pour idéal esthétique un monde où la merde est niée
et où chacun se comporte comme si elle n’existait pas. Cet idéal
esthétique s’appelle le kitsch.
C’est un mot allemand qui est apparu au
milieu du XIXe siècle sentimental et qui s’est ensuite répandu dans
toutes les langues. Mais l’utilisation fréquente qui en est faite a
gommé sa valeur métaphysique originelle, à savoir : le kitsch, par
essence, est la négation absolue de la merde ; au sens littéral
comme au sens figuré : le kitsch exclut de son champ de vision tout
ce que l’essence humaine a d’essentiellement inacceptable."