Ta citation de Rousseau est erronée et non sourcée.
« S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait
démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes. » (Du Contrat Social, Livre III, Chapitre IV).
Ainsi, dans la première phrase, il affirme que c’est le
gouvernement idéal (il ne voit aucune absurdité au concept d’ailleurs,
contrairement à toi). Dans la seconde, il affirme que les humains sont trop
imparfaits pour ce gouvernement parfait lui.
Mais de quoi s’agit-il ? Sans doute d’un problème
d’omnipotence. Car deux paragraphes plus haut, il écrit : « On ne
peut imaginer que le peuple reste incessamment assemblé pour vaquer aux
affaires publiques ». C’est évident, il faudrait être omnipotent, avoir le
don d’ubiquité, pour que tous gouvernent tout le temps tout en vaquant à leurs
autres occupations.
C’est justement pour cela que la démocratie a été définie par
Aristote, Spinoza et Montesquieu comme devant tirer au sort des délégués aux
tâches politiques qui prennent du temps, et ceci pour des mandats brefs (un an
pour Montesquieu). Étrangement, Rousseau semble avoir oublié la pratique
fondamentale du tirage au sort en démocratie et c’est ce qui le met dans l’impasse
pratique. Les mathématiques montrent qu’avec un millier de personnes, on a
statistiquement une représentation du peuple. Et ce que compileraient et
proposeraient ces députés serait accepté ou refusé par le peuple décisionnaire
dans trois journées référendaires par an (qui seraient aussi les journées de
tirage au sort du tiers des remplaçants des assemblées).
Ensuite, je suis en désaccord avec ta distinction entre
régime et institution, car dans ce que tu appelles régime, on comprend dans l’exemple
que tu donnes qu’il s’agit du mensonge des gouvernants au reste de la
population. Staline était de fait monarchiste, autocrate, et pas communiste. De
la même façon, la RDA n’était pas démocratique, ni républicaine.
Si tu exclus du peuple toute personne qui gouverne, le
président élu ne fait plus partie du peuple, ni les 577 députés, ni les 343
sénateurs, ni les 72 députés français au Parlement européen, ni les 4000 conseillers
généraux, ni les 36.000 maires (en gros les 42.000 aristocrates qui peuvent
parrainer les candidats à l’élection présidentielle). Pourquoi pas ? Si tu
tiens à cette distinction, pour s’accorder, dans ce cas, on pourrait définir le
peuple comme l’ensemble des personnes qui ne gouvernent pas dans un régime où
une très petite partie de la population gouverne (c’est-à-dire lorsqu’on n’est
pas en démocratie, où à l’opposé c’est la grande majorité de la population qui gouverne
(mais pas les bébés)).
Ton inférence est un sophisme peu sophistiqué : en
aucun cas, un régime où une personne unique gouverne ne saurait être une
démocratie. Tu sais que tu racontes n’importe quoi là.
Tu n’as trouvé aucun embrouillement dans ce que j’écris, ainsi
tu ne peux en mentionner aucun.
Ce qui définit le fait de se socialiser, c’est de s’imiter.
Ainsi le grégarisme est un fait social : l’imitation quand au fait d’aller
sur le même espace que les autres sociétaires. Par imitation, on peut avoir la
même volonté que les autres, on va voter le même jour, partager les mêmes
règles, le même langage, devenir démocrates, ou royalistes, ou aristocrates.
Il n’y a rien d’impropre dans l’expression « le peuple
gouverne » si toutes les lois d’une société sont soumises au référendum et
que le vote majoritaire est respecté et exécuté.
Avec toi, il n’y a qu’un régime réel et possible, la
monarchie, puisque tu crois « que seule une personne peut gouverner en
pratique ». Tu te construis cette étrange idée solipsiste peut-être en ne
fréquentant qu’une communauté royaliste où un chef décide de tout, mais ça ne
se passe pas toujours comme ça dans un groupe.
Tu donnes une position, mais tu en restes à la position :
elle n’est pas argumentée, et ne correspond pas aux cas où plusieurs personnes
prennent une décision après des discussions et un vote (surtout à bulletin
secret).