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sisyphe sisyphe 23 avril 2012 15:02

Ca y est nous y sommes ! Le peuple a voté, et la déception doit être grande ce soir chez les Français : le coup de théâtre n’a pas eu lieu. Les résultats d’aujourd’hui, même s’ils sont dans l’ensemble conformes aux prévisions (les deux favoris sont au deuxième tour), montrent que le « vote utile », ce concept anti-démocratique qui fausse les élections, a permis une fois de plus le « sabotage » de la volonté du peuple.

Qu’est-ce que c’est que ce charabia avec de vrais morceaux d’oxymores dedans ?
« Le peuple a voté » et « la déception serait grande chez les Français » ?
La déception peut atteindre chacun par rapport à ses propres espérances, mais le vote d’un peuple est pluriel, par définition, et exprime des tendances diverses. Heureusement, il n’y a que dans les dictatures que le choix n’existe pas.

Le« coup de théâtre n’a pas eu lieu » ?
Ben non : et c’était totalement prévisible ; un coup de théâtre, c’est un coup d’état, ou un fait parallèle venant modifier la donne : là, il s’agit d’élections normales, et le peuple s’est exprimé selon ses choix.

Que l’élection présidentielle soit un simulacre de démocratie, ça, certes, on l’a déjà largement et longuement signalé ; rien de nouveau. Mais, à partir du moment où elle est inscrite dans la Constitution, et où elle se déroule, pas de « coup de théâtre à en attendre ». Juste le spectacle de marionnettes habituel.

Maintenant, l’histoire du « vote utile » qui serait un « concept anti-démocratique qui fausse les élections », ça ne veut strictement rien dire.
Les Français sont assez grands pour savoir pour quoi et pour qui ils votent : ils votent pour les raisons et les personnalités qu’ils choisissent, et personne n’a de leçons à donner aux autres.

Et où y aurait-il « sabotage de la volonté du peuple » ?
Vous êtes qui, vous représentez quoi pour en juger ? Quel sabotage ? Quel « peuple » ?
Vous pensez représenter le peuple ? Vous en avez reçu mandat ?

Les Français ont voté. Ils ont placé en tête de leurs votes le représentant de la gauche « officielle », parlementaire, classique. Oh certes rien de radical ou de révolutionnaire, rien qui soit susceptible de changer réellement la donne, mais c’est comme ça.
Ils ont mis en seconde position le représentant sortant de la droit classique ; piteux résultat pour un président sortant ; le pire de toute la Vème République ; de quoi signifier clairement que seule une toute petite minorité veut encore de lui.

Ensuite, vient la représentante d’un parti gobe-toutes les colères, les angoisses, les frustrations, les divisions, et prenant l’apparence d’un parti en lutte contre le système globalisant oppressif (ce qui lui a attiré beaucoup de voix, même s’il n’en a que l’apparence, puisqu’il refuse de dénoncer les véritables causes de l’oppression ; le système capitaliste lui-même).

Puis vient, avec moins de voix qu’on ne pouvait l’espérer, le représentant d’un véritable programme de vrai changement, de vraie dénonciation des vraies causes de l’exploitation : manifestement, prônant un changement trop radical pour ne pas effrayer une bonne partie des votants. C’est dommage, il y a de quoi le regretter, mais c’est comme ça.

Mais il n’y a pas à accuser le peuple ou qui ou quoi que ce soit si ce vote ne répond pas à ses propres attentes ; c’est une radioscopie d’un peuple en attente, en demande même de changement ; mais pas assez encore rendu aux extrêmes pour envisager ce changement d’une manière radicale.
Cela tient évidemment beaucoup, pour ne pas dire essentiellement aux institutions et à la constitution d’une Vème République caduque ; véritable leurre démocratique, régime bonapartiste institué pour le Général de Gaulle, et jamais remis en question depuis.
Ça, les analystes un peu informés le savent ; mais le peuple, lui, dans sa grande majorité, n’en a pas forcément conscience, et, surtout, n’est pas prêt à lâcher la proie (si minime et illusoire est-elle), pour l’ombre (surtout quand ceux qui sont au pouvoir agitent, dans cette ombre, tous les spectres de la peur, de la haine, de la division, du danger, histoire de se maintenir à leur poste).

Le peuple n’est pas non plus stupide ; à 73% il s’est exprimé pour le rejet de l’équipe, du parti, et de la personne au pouvoir, tenus légitimement pour responsables de la conduite catastrophique du pays ; ceci est le fait majeur de cette élection.

Puisse-t-il maintenir cette conscience et cette logique jusqu’au second tour, et contribuer à leur départ tant espéré.
Pour la suite, on jugera sur pièces de la nouvelle équipe, en tentant de continuer à faire progresser la conscience de la nécessité d’un changement réel, radical, du système global, par des actions, des mouvements, des groupements, de résistance active et passive, de révolte légitime entretenue et accompagnée.

Ce sera le rôle des partis et mouvements radicaux ; encore faudra-t-il savoir démontrer ceux qui oeuvrent pour le bien public, et savoir les faire distinguer de ceux qui ne feraient qu’entraîner le pays dans une situation encore pire.

C’est un travail de pédagogie, de conscientisation, de militantisme sur le terrain, qui a toujours été nécessaire aux avancées des droits, et toujours l’oeuvre de minorités éclairées.

Le score acquis aujourd’hui par le Front de gauche, s’il peut sembler décevant à beaucoup, mais surtout à ceux qui transformaient la réalité au prisme de leurs fantasmes, est, néanmoins un bel espoir de progresser dans ce domaine de conscientisation, parce que, contrairement au FN, ’il s’appuie sur des éléments constitutifs perçus par tout le monde comme fondamentaux et positifs , tels que la solidarité, l’égalité, la justice, la fraternité, la saine révolte. A tous ceux qui s’y reconnaissent de faire progresser ces idées et ces idéaux, de les faire peser de tout leur poids sur la prochaine équipe au pouvoir ; ce sera plus facile qu’avec l’ancienne ; c’est pourquoi l’urgence absolue est de se débarrasser de la droite sarkozyenne.

Pour cela, derrière la déception, légitime ou non, l’essentiel est maintenant d’unir toute la gauche ; parlementaire et révolutionnaire, plus tous les hommes de bonne volonté tendus vers la justice et la nécessaire révolte contre le système global, pour arriver au pouvoir.

Pas une voix pour réussir à évincer le petit autocrate, sa clique, son parti, ses sbires, ne doit manquer au prochain tour.

C’est au peuple d’écrire lui-même son destin : saisissons en l’occasion, de peur d’avoir à s’en mordre les doigts jusqu’au sang pendant encore des années.

Un « vote utile », ce n’est pas péjoratif, quand, justement, ça sert à progresser, à sortir, ne serait-ce qu’un petit peu, la tête de l’étau. Il n’y a pas de petit progrès, mais il y a de grandes régressions, sur lesquelles on ne peut jamais revenir.

Oui, soyons UTILES à notre propre destin, et également à nos rêves  : le 6 Mai, VOTONS.


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