F-H-R : laissez-moi vous raconter une petite histoire. En novembre dernier, alors que le mouvement des Indignés battait son plein, je me suis dit que le mouvement français de la Défense bénéficiait de bien peu de médiatisation. Ayant quelque sympathie pour ce mouvement et en bon agoravoxien, je me suis dit : qu’à cela ne tienne, je vais écrire un article sur le sujet sur Agoravox. Je n’excluais pas d’y prendre part si le mouvement m’enthousiasmait.

Je dois dire, pour avoir vu quelques jours avant une vidéo sur Youtube où deux participantes étaient interrogées sur leur motivation et n’avaient réussi qu’à bafouiller des lieux communs, que je ne savais pas trop à quoi m’attendre.

Je me suis donc rendu sur le parvis de la Défense où se trouvait le « camp », si on peut appeler comme ça décharge qu’était devenu l’endroit.

En effet, les Indignés avaient accepté une condition de la préfecture qui condamnait leur mouvement dès le départ : l’interdiction d’installer des tentes. Forcément, pour le gouvernement, jouer le pourrissement était très facile : en novembre, il suffit d’attendre qu’il fasse froid, et il était clair que les indignés allaient plier leur peu de bagage !

Le camp, donc, qu’on trouvait là depuis environ 2 semaines, ressemblait plus à un amas de détritus bien peu engageant pour la plupart des passants, donc la plupart passaient leur chemin sans demander leur reste. Une trentaine de personnes l’occupaient, en comptant les clochards qui voyaient là un moyen opportun de trouver à manger...

Malheureusement, tout ça n’est qu’anecdote, car le plus grave n’est clairement pas là.

Je suis resté environ 3 heures au camp des indignés de la Défense, et je n’ai pas entendu une seule idée politique !

A mon arrivée, ils étaient en pleine réunion. Discussion politique ? Non, le seul qui a été abordé pendant ces 3 heures, c’est où devait se tenir l’assemblée générale de la semaine suivante, qui devait réunir le camp de la Défense, mais également des indignés de Belleville et de Jussieu (dont je dois reconnaitre que j’ignorais jusqu’à l’existence à ce moment-là). L’atmosphère d’hostilité entre les participants, façon Kol Hanta (j’ai vu une émission chez un ami, une fois. Ca m’a révulsé...), montrait clairement que la rigueur des conditions de vie du camp mettait les participants à rude épreuve.

A aucun moment, je n’ai entendu le moindre débat d’idée, où on aurait discuté par exemple les raisons de ce mouvement ou de revendications à exprimer. A un moment, j’ai même entendu un des types qui parlait le plus dire qu’il craignait toute récupération politique, au point de comparer la politique à la bureaucratie...

Bref, j’ai trouvé ça absolument lamentable, et, écoeuré, mais n’ayant pas envie de tirer sur une ambulance, j’ai décidé de ne pas écrire l’article en question.

Bien évidemment, et comme je l’avais prévu, moins d’un mois après, le mouvement s’était arrêté dans l’indifférence générale, je ne sais même pas exactement à quel moment.

L’indignation, c’est bien et justifié dans les circonstances présentes. Mais faute de revendications précises, de raisonnement construit, un mouvement politique (parce que c’est bien de ça qu’il s’agit, n’en déplaise même à ses participants !) ne peut que s’essouffler et disparaitre, parce que c’est bien la seule chose qu’il peut faire ! Avant toute action politique, il faut se demander : si on me demande ce que je veux exactement, qu’est-ce que je réponds ? Sinon, on est simplement dans la gesticulation !

Bref, le mouvement des Indignés et sa fin piteuse si prévisible, à Paris tout du moins, m’a plus attristé qu’autre chose !

On ne le dira jamais assez : la politique, ce n’est pas sale ! Ca nous appartient. Les politiques sont nos serviteurs, rien de plus. A nous d’exprimer ce que nous voulons !

Il faut se réapproprier la politique !