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Christian Labrune Christian Labrune 11 juin 2012 01:04

DE LA NORMALITE

Louis XVI était au fond un homme fort estimable. Très cultivé, ouvert, curieux des sciences, des techniques et de leurs progrès, très désireux de servir son pays du mieux qu’il le pourrait. Voltaire lui-même, qui n’a connu que les quatre premières années du règne, avait pour lui une certaine sympathie et se montrait plutôt optimiste. Mais Louis XVI est tout à fait « normal », préférant se divertir à des travaux manuels, comme un homme du commun, ou se promener sur les toits de Versailles plutôt que de parader au milieu de sa cour et de trancher avec fermeté au moment de prendre des décisions importantes. Il ne ressemble guère à son très anormal ancêtre, quatorzième du nom, un peu caractériel, terriblement rongé par la folie des grandeurs, se prenant pour le centre d’un monde enfin devenu héliocentrique. Bref, l’anormalité dans tout son lustre paradoxal, et jusqu’à un certain délire. Cette « ’anormalité » de Louis XIV ne l’a quand même pas empêché de savoir très précisément ce qu’il voulait ni de s’y tenir. Sans doute, il s’en faut bien que tous les historiens veuillent en faire un personnage très sympathique, et le bilan du règne est souvent plutôt nuancé, mais il y a là un style qui en impose, même aux détracteurs.

Une vraie politique, en France, depuis Louis XIV, vise nécessairement la « grandeur ». Pour devenir grand quand on ne l’est pas -et les défaitistes de tous bords nous ont assez répété que la France n’était plus grand chose -, il faut d’abord vouloir le paraître et savoir refuser de se laisser conduire par les circonstances jusqu’à devoir dire comme tel ministre (Jospin, je crois) confronté à un problème d’injustice sociale : on n’y peut rien. Voilà où conduit nécessairement la « normalité » de style socialiste, et jusqu’à voter -pour notre honte éternelle- les pleins pouvoirs à un Pétain, et jusqu’à confier beaucoup plus tard la direction du pays à l’un des fils spirituels du Maréchal, estampillé par sa francisque, et qui nous laisserait pour seul héritage un Front national dont nous nous serions bien passés.

Bref, la normalité qui veut se régler au pas du plus grand nombre, se conformer à l’attente des masses, pour la plus grande gloire d’un Conformisme qui est la tyrannie des cons, à quoi conduit-elle ? A la guillotine, aux massacres de septembre ; à la soumission au Reich, à la soumission inconditionnelle, à partir de 84, aux lois d’un libéralisme hors-la-loi.

Ce qui nous attend, je le crains fort, c’est une de ces catastrophes retentissantes dont le cours « normal » de l’histoire paraît avoir le secret.


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