• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


jack mandon jack mandon 16 juillet 2012 05:19

Bonjour Selena,

En revanche votre message laconique me déconcerte un peu.
Vous m’avez habitué à des développements abondants et tout à coup,
nous voici dans le Péloponnèse.
Spartiate êtes vous devenue ?

A part ça j’ai pris acte d’un projet vous concernant qui me transporte dans une région de France
que je ne connais qu’à travers des écrivains, André Breton et surtout Joseph Delteil, deux surréalistes qui marquèrent leur époque.
C’est le premier qui est connu, c’était le chef d’un groupe de révolutionnaires littéraires,
les surréalistes. C’est Joseph Delteil qui parle à mon coeur..

« J’ai le coeur paysan et l’esprit surréaliste : C’est un bon contrepoids. »

« Le véritable écrivain, c’est l’ignorant de génie, qui ne sait rien mais comprend tout. C’est un grand maladroit, à l’oreille archaïque, à l’oeil phénoménal, qui fourmille de désirs, patauge dans tous les échos, la maladresse des géants. »

« Je suis né d’une femme, on l’oubli toujours. Je suis né dans une forêt, en Avril, mois tempétueux, entre une bourrasque et une soleillée...à Villar-en-val. »

L’essentiel se distille déjà dans la simplicité. La somptuosité naturelle offre son cadre,l’artiste pose paisiblement son chevalet respectueusement, religieusement, amoureusement. L’harmonie s’impose au coeur de la nature, le destin se noue...l’écologie de la vie prend forme dans le ventre de la génitrice qui délivre à la forêt printanière le fruit de son amour.

« Mon plus ancien souvenir : Je joue, enfant, avec d’autres enfants dans une meule de paille à fourménis, nous nous pourchassions à travers la paille tout émoustillés et enmouscaillés, jusqu’à ce qu’enfin je me trouve acculé au fond d’un tunnel avec cette fillette empaillée, une fillette de trois ans aussi, en bas évêque, jupon de pie et yeux de diable, et que j’embrasse éperdument, mon premier baiser... »

Premières images, premières sensations, premiers murmures, premiers émois, rencontres essentielles qui impriment à jamais le coeur et l’esprit de l’homme. Les quatre premières années, ou vient se tarir la mémoire humaine. Les souvenirs les plus structurants pour la psyché...l’alchimie subtile inconsciente qui guidera dans le secret de son âme, l’homme de foi, l’homme confiant, l’homme d’éthique, « l’homme véritable ». L’homme accompli dans son authenticité.

« J’ai voulu tout simplement rejoindre la nature, cette « première nature ». J’ai voulu vivre innocemment, j’ai voulu vivre hors de la société, hors de la civilisation...dépouiller le vieil homme. Faire table rase de toute civilisation...redevenir le premier homme, le paléolithique...la civilisation : ce salmigondis de guerres, de révolutions, de violence, de haine, de mensonge, tortures et camps de concentration...une civilisation industrielle, une société de consommation, affaire de gadgets. Quant à votre condition humaine, cet homme féroce, cruel, absurde, orgueilleux, lâche, injuste, pervers et fou...civilisation et condition humaine toutes relatives....

Son oeuvre compte une quarantaine de livres et lui octroie une place originale et anticonformiste dans la littérature française

Joseph Delteil proclamait volontiers, avec un air amusé et attendri, qu’il n’entendait rien à la psychologie. Comment aurait il pu se torturer l’esprit en vaines interrogations quand dans sa vie il faisait bon, il faisait vrai.

Il cheminait à pas de sénateur par les chemins de son Occitanie natale avec un bonheur toujours renouvelé...mais son inquiétude prophétique de paysan-poète-visionnaire le faisait s’interroger gravement sur l’avenir de la terre et des hommes...et dans le secret de sa vie d’homme au moment du bilan...

« De jour en jour je rejoins papa, l’allongement de la figure, l’allure du béret, l’oeil émerillonné, l’hilarité du rire, le coeur content, et déjà la canne. Jusqu’où, jusqu’où ?... »

« Mon enfant que je n’ai pas eu...jeune je n’y pensais pas, adulte il n’y pensa pas ; vieillard je l’appelle et je l’aime... »

C’est une évocation, l’extrait d’un article consacré à Joseph qui m’a donné envie de mettre un mot après l’autre à travers ce mouvement littéraire qui mêle la pleine conscience à la douce folie de l’imaginaire, qui superpose le temps linéaire de la narration au temps spirituel de la vision dans un concert joyeux, baroque et fantasque...j’entends sa voix sifflante et son accent rocailleux épicé à la Tuilerie de Massane, près de Montpellier, dans le souvenir du couple Delaunay, les peintres, auprès des amis occitans de souche et d’adoption, le peintre Chagall et son épouse, et son copain Henri Miller éternel bourlingueur, comme lui épicurien à coeur..

Tous partis, mon Dieu, j’ai de la peine...

A bientôt Selena

 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès