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Soi même Soi même 12 juillet 2012 18:44

Un grand moment de honte national

<De son côté, l’Europe a vu la quantité et le niveau des armements implantés sur son sol ou pointés vers elle s’élever. La supériorité conventionnelle soviétique et l’implantation, déjà ancienne, de missiles nucléaires à moyenne portée avaient entrainé le perfectionnement d’avions américains stationnés en Europe, appelés pour cette raison « systèmes avancés ». L’Union soviétique en a pris argument pour installer de nouveaux missiles mobiles à trois têtes ’missiles SS 20’, avec 5000 km de portée et une précision accrue. 5000 km de portée, assez pour atteindre l’Europe, pas assez pour atteindre le continent américain.
- Les pays membres du commandement militaire intégré de l’OTAN, ont alors répondu par ce que l’on appelle communément la "double décision" qui prévoyait d’entamer une négociation sur les armes nucléaires à moyenne portée sur le continent européen, négociation dont dépendra le niveau de déploiement des nouveaux missiles américains à partir de décembre 1983 ’fusées Pershing II’. Je rappelle ces faits, vous les connaissez, mais nous nous adressons à nos peuples et il convient de connaître le cheminement de ces actes pour tenter d’approcher les solutions d’aujourd’hui.
 Mesdames et messieurs, nos peuples haïssent la guerre, ils en ont trop souffert et les autres peuples d’Europe avec eux. Une idée simple gouverne la pensée de la France : il faut que la guerre demeure impossible et que ceux qui y songeraient en soient dissuadés.
- Notre analyse et notre conviction, celle de la France, sont que l’arme nucléaire, instrument de dissuasion, qu’on le souhaite ou qu’on le déplore, demeure la garantie de la paix, des lors qu’il existe l’équilibre des forces. Seul cet équilibre, au demeurant, peut conduire à de bonnes relations avec les pays de l’Est, nos voisins et partenaires historiques. Il a été la base saine de ce que l’on a appelé la détente. Il vous a permis de mettre en oeuvre votre « ost-politik ». Il a rendu possible les accords d’Helsinki.
- Mais le maintien de cet équilibre implique à mes yeux que des régions entières d’Europe ne soient pas dépourvues de parade fâce à des armes nucléaires spécifiquement dirigées contre elles. Quiconque ferait le pari sue le « découplage » entre le continent européen et le continent américain méttrait, selon nous, en cause l’équilibre des forces et donc le maintien de la paix. Je pense et je le dis que ce « découplage » est en soi dangereux et je souhaite ardemment que les négociations de Genève permettent d’écarter un danger qui pèse singulièrement sur les partenaires européens non détenteurs de l’arme nucléaire.
- C’est pourquoi la détermination commune des membres de l’Alliance atlantique et leur solidarité doivent être clairement confirmées pour que la négociation aboutisse - aboutisse, condition nécessaire à la non installation des armes prévues par la « double décision » de décembre 1979 ’fusées Pershing II’.
- ... Ce que nous voulons d’abord, mais vous aussi, c’est la paix. La paix n’est possible que par la négociation. Il dépend de ceux qui négocient de préparer les chemins de l’harmonie indispensable. Il suffit que l’un des partenaires, quand ils ne sont pas deux, s’y refuse pour que l’accord ne puisse se faire. Il faut donc que demeurent les conditions de l’équilibre nécessaire dans l’assurance, pour les peuples intéressés, qu’ils ne seront pas sous le poids d’une éventuelle domination extérieure. De cette solidarité, la France est, croyez-moi, consciente lorsqu’elle maintient en République fédérale allemande une part importante de la première armée française dont elle étudie précisément l’accroîssement de la mobilité et de la puissance de feu. Et, à Berlin en particulier, la France confirme qu’elle assume et assumera toutes ses responsabilités. Ainsi concevons-nous la défense de notre territoire et de nos intérêts vitaux, tout en nous affirmant le partenaire loyal de l’Alliance atlantique et l’ami fidèle, connaissant ses obligations, de la République fédérale d’Allemagne.
Mais que l’on me comprenne bien, et c’est là l’expression de nos situations différentes qui découlent de l’histoire, dont nous ne sommes pas les auteurs. La France, qui ne participe pas et ne participera pas aux discussions de Genève, entend laisser les négociateurs libres de leur conduite. A chacun de discerner ce qu’il y a de bon ou d’insuffisant dans les dernières propositions émises. Intéressée comme vous-mêmes par l’aboutissement des négociations, la France se réfère pour en juger à quelques données simples que je me permettrai de rappeler ici brievement.
- Primo, on ne peut comparer que ce qui est comparable : types d’armements, puissance de feu, précision, portée. Secundo, entre deux pays qui ont la possibilité de se détruire, si j’ose dire, plusieurs fois, ce qui est le cas des Etats-Unis d’Amérique et de l’Union soviétique, des pays comme le mien, dont la possibilité majeure est d’interdire à un agresseur éventuel d’espérer tirer avantage d’une guerre, la marge est immense : il y a une différence de -nature... J’exprimerai cela plus concrétement en disant que si l’une des deux plus grandes puissances détruisait tous ses missiles à moyennes portée, il lui resterait encore des milliers de fusées, alors que la France y perdrait un élément déterminant de sa capacité dissuasive, et donc la garantie de sa sécurité qui n’existerait plus au-dessous d’un certain seuil. Tercio, la force nucléaire française est et demeurera indépendante. Cette indépendance, avec tout ce qui en découle, n’est pas seulement un principe essentiel de notre souveraineté - c’est sur le Président de la République française, et sur lui seul, que repose la responsabilité de la décision - elle accroît également, je vous demande d’y réfléchir, elle accroît également l’incertitude pour un agresseur éventuel et seulement pour lui. Elle rend du coup plus effective la dissuasion t par la même, je le répète l’impossibilité de la guerre. >

http://discours.vie-publique.fr/notices/847900500.html


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