Retentissement et conséquences jusqu’à notre époque !
Turenne va frapper les esprits, mais pas de la façon escomptée. Dans
toute l’Europe, ce n’est qu’un cri d’horreur indigné. Ces pratiques
d’une cruauté que l’on croyait l’apanage de l’armée ottomane11, exercées dans un « pays uni et fertile, couvert de villes et de bourgs opulents12 », au lieu d’effrayer les princes vont les dresser plus encore contre la France.
Jean Bérenger voit dans cet épisode l’origine du lourd contentieux franco-allemand, qui ne sera réglé qu’avec la construction européenne, après la Seconde Guerre mondiale13.
La réputation de Turenne, en France, n’en souffre pas14.
On préfère voir en lui le stratège de la campagne d’Alsace qui suivit
(conclue de façon extraordinaire, en décembre 1674 et janvier 1675.
Les deux sacs du Palatinat ont un retentissement d’autant plus grand
qu’ils surviennent dans une période de relatif adoucissement des
conflits. Les pillages et saccages de la Guerre de Trente Ans
s’expliquaient par l’épuisement financier des États, l’impossibilité de
payer les troupes, et par la haine religieuse (catholiques contre
protestants). Les exactions françaises en Palatinat, comme le bombardement de Gênes
en 1684, sont des actes de terreur délibérés d’un État qui dispose de
finances saines et de troupes disciplinées. L’opinion du temps les juge
d’autant moins excusables.
Ce premier ravage, occulté par le second, peu détaillé par les
historiens français, est de nos jours mal connu. Une source de confusion
est constituée par la belle marche Les Dragons de Noailles. Elle associe en effet Turenne à quelque incendie de Coblence, à un pillage du Palatinat non précisé, ainsi qu’au régiment Noailles-Dragons qui n’est pas contemporain des ravages.
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