• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Fred59 13 août 2012 12:54

Votre introduction mérite déjà l’attention :
« On travaillait souvent mal (sinon comment expliquer notre perte de compétitivité et les récurrents déficits du commerce extérieur ?) »

Votre prémisce oublie que c’est l’association du capital et du travail qui crée la richesse, et oublie sciemment les faiblesses dûe à la gestion du capital.
Or, depuis 1975, les gains de productivité n’ont pas été récompensés par des augmentations de salaire, la richesse marginale (=supplémentaire) étant reversée au couple investissement/actionnaire...

Le commerce extérieur n’est pas déficitaire depuis 1945, il l’est depuis les années 2000.
Les raisons sont multiples, mais c’est bien le comportement du capital qu’il faut regarder :
-Arbitrages entre l’investissement ou la redistribution aux actionnaires
-Absence de soutien massif à la création et à la consolidation d’entreprises coopératives et autogérées ; création des dispositifs de « participations » sans droit de vote aux AG pour détourner les gens du système coopératifs (on a vu une passe d’armes aux primaires socialistes, ou Montebourg parlait des scops et Hollande répondait par les participations sans droits de vote)
-Internationalisation massive du capital des grandes entreprises françaises, les livrant à des intérêts adverses (dernier exemple en date, l’arrivée de GM dans le capital de Peugeot)
-Baisse de la R&D
-Acceptation par les pouvoirs publics, depuis les années 70, de la division internationale du travail et choix stratégiques désastreux
-Interdiction par les commissaires européens à la concurrence, de la création de champions européens. Cette facétie a conduit systématiquement les constructeurs européens à solliciter des partenariats à l’extérieur de la zone, qui ont décuplé les phénomènes de transferts de technologies.
-Privatisations désastreuses des entreprises internationales (à défaut d’être européennes) telles qu’EADS...
-Absence de politique de taux de change de la part de la BCE

Monsieur, vous faites porter le chapeau de la perte de la compétitivité aux seuls qui n’en peuvent mais !
La part de richesse allouée par le travail a baissé en 20 ans de 10 points au profit du capital (l’actionnaire, pas l’investissement amortissable ou la R&D). Le même temps de travail rapporte donc plus qu’avant à l’actionnaire. En outre, n’oublions pas que les 35 heures se sont assorties de négociations dont le point névralgique était :« vous accepterez de faire en 35 heures le travail que vous faisiez en 39 »

Partant sur d’aussi questionnables auspices, vous ne pouviez pas développer une pensée sereine : je vous propose de redécouvrir cette conférence de Franck Lepage (Scop le Pavé)

Passons à vos solutions :
a) Limiter fortement le montant des retraites
Ne fait qu’accentuer la spirale récessionniste, puisqu’elle baisse le pouvoir d’achat.

b) Harmoniser tous les systèmes de retraites (tout le monde aux mêmes conditions)
Souhaitons que vous ne soyiez jamais chef d’orchestre ! Comme dans le ’quator en détresse’ de Gotainer, tous les instrumentistes seront bloqués sur un éternel et insupportable ’Fa’
L’harmonisation, c’est précisément l’art de différencier...

c) Reculer l’âge de la retraite pour tous
Après création de 4 à 5 millions d’emplois corrects, on pourra y réfléchir. Mais gare aux problèmes d’approvisionnements de matière première (inflation importée, raréfaction des ressources, le concept de croissance illimitée dans un monde limité, tout ça...)... Au plaisir de vous lire !

d) Améliorer le travail et les qualifications
Ceci n’est pas une solution mais juste un prérequis indispensable.

e) Ne plus considérer que le bonheur et le bien social tiennent dans une prise de retraite anticipée
On souhaite à chacun d’avoir ce ressenti ; mais en fonction des carrières, ce n’est pas toujours possible. Etre caissière ou équarisseur, on peut s’en lasser...

Notons l’interaction avec votre solution a : on constate alors que ce que vous nommez pudiquement ’le bonheur et le bien social’, en fait, c’est le besoin de bouffer...
Vous proposez gentiment à notre population vieillissante, de retomber au tout premier étage de la pyramide de Maslow, puisque la faim peut faire comprendre à ces vieux feignants que bosser, ça fait bouillir la marmite et que quand il y a quelque chose dedans, on est heureux...

Pourtant, je sens confusément que votre pensée profonde est plus orientée vers un désir d’une société homogène et durable, que le package néo-libéral enrobé d’une couche de sucre, que vous nous avez servi cette fois-ci...


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès