Je ne crois pas que Rousseau serait banni aujourd’hui de l’espace public.
Nos démocraties sont des systèmes politiques dans lesquels on peut dire ce que l’on veut pourvu qu’on ne change pas l’essentiel qui reste l’idolatrie du Capital, le plus sauvage possible et le plus irresponsable. Tant que les démocraties le craindront, elles parleront en vain.
Je pense qu’il y a de nombreux Rousseaus à la ronde, mais le pouvoir est ailleurs, dans des majorités ignorantes et bernées. Ajoutons à cela les sommes colossales, mondiales de l’économie anonyme, dont on ne peut pas connaître les propriétaires (à part quelques-uns qui se pavannent), et le tour est joué.
Dans la partie de bras de fer qui oppose la Capital au travail depuis un siècle et demi, le Capital a gagné pour la raison élémentaire qu’il est mobile. Cassez ou restreignez cette mobilité absolue, ralentissez la rapidité des transactions, et il succombera.
De nos jours, le rousseauisme reste une utopie, un horizon, une sorte de terre promise qu’on n’atteindra jamais.