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Roi des flans 14 novembre 2012 09:19

NON, localisme et Europe et même Europe tournée vers la Méditerranée ne sont pas antagonistes.

A l’époque de la guerre de Cent ans, la devise de Louis d’Estouteville disait :
 « Là où est l’honneur, là où est la fidélité, là seulement est ma patrie ».

 « L’idée de nation pousse à penser que tout ce qui est de chez nous a de la valeur.
L’idée d’Empire conduit à affirmer que tout ce qui a de la valeur est de chez nous. ».

Alain de Benoist

Ce qui est essentiel pour l’Europe, c’est la tâche de délinéer un horizon dans lequel le Sud ne se situe pas dans une position résiduelle, en marge d’une UE qui se projette vers l’Atlantique de l’Empire transatlantique, en oubliant la Méditerranée, dont l’espace, l’histoire et la culture ont donné corps au code génétique de la civilisation occidentale.
Et dans ce sens, c’est bien dans la perte de centralité du mare nostrum que l’on pourrait retrouver les racines historiques, culturelles et sociales de la crise et décadence actuelles de l’Europe. Dans l’Histoire, la Méditerranée se constitue comme cet espace où les corps sont marqués, produits et institués selon des asymétries et des rapports de domination, de Rome à la Colonisation, en passant par les conquêtes arabes. Elle devient ainsi souvent l’espace de citoyennetés niées. Le défi de l’Europe est de créer le holisme d’un contre-Empire. Le noyau théorique de notre discours est ethnique. L’humain est produit et institué par des pratiques discursives, régulatrices et des idéaux normatifs qui définissent ce qui est, à chaque fois, admis comme plus ou moins reconnaissable sur la scène publique. En effet, si tout commence dans l’ordre du discours, si certaines vies ne sont pas reconnues comme des vies, elles ne peuvent pas être humanisées, parce qu’elles ne rentrent dans aucun des cadres dominants qui définissent l’humain. Or le libéralisme universaliste a institué de fait, des systèmes de castes raciales, transmission du statut d’immigré, d’étranger se perpétuant de génération en génération. Le pire est que cet indigénat, institution des corps en tant que corps d’exception exclus de la citoyenneté, se diffuse chez les nationaux eux-mêmes, tels des déracinés sur pied. La pratique de la naturalisation est dans l’État actuel, la possibilité d’accéder à la citoyenneté, or cette naturalisation est par définition « naturelle » , dans une origine commune et dans un lien de sang qui finit déjà par exclure tout ce qui lui est étranger. C’est pourquoi la citoyenneté doit être décorellée de la naturalisation, et devenir en quelque sorte une citoyenneté impériale. Sinon les lignes de démarcation se démultiplieront afin de consolider des frontières imperméables, à construire des fortifications afin de s’assurer de la pérennité de l’ordre symbolique de la nation, au sein même de la nation, l’arlequin des ghettos. Le parti socialiste est typique de cette émergence d’une politique de minoritaires, définie en termes de discrimination plutôt que d’identité, donc en termes de dénonciation des inégalités réelles et effectives qui trop souvent se cachaient derrière l’affirmation d’une égalité abstraite et formelle. L’universalisme républicain sans différentialisme communautariste se montre de moins en moins crédible, comme toute construction humaine régie par une intention universalisante. Que penser du terme « immigré de troisième génération » ? Sinon rire de cet universalisme des bobos ? Ce qui est le plus frappant est que le communautarisme, notamment religieux, se renforce de génération en génération, par réaction. La réalité est que les critères de francité excluent, par définition, toute personne d’origine maghrébine ou africaine.
L’échappatoire est de donner à la Méditerranée une sorte de « visage universel de l’Europe », c’est-à-dire le lieu de son héritage classique, euro-méditerranéen justement, qui ferait contre-point au modèle d’une « Europe universaliste », qui risque, en plus dans cette logique, d’être anéantie par le marché et sa globalisation. Notre Empire est la mare nostrum mystique des peuples, pas celle des terres.
L’Europe historiquement a été le lieu où se sont élaborés, développés et affrontés ces deux grands modèles d’unité politique : la nation, précédée par le royaume, et l’Empire. Ce dernier, comme la cité ou la nation, est une forme d’unité politique et non, comme la monarchie ou la république, une forme de gouvernement. Ainsi il est compatible avec des formes de gouvernement différentes. Au Moyen Age, le mot « nation » (de natio, « naissance ») a un sens exclusivement ethnique, avec la révolution il correspond à ce lieu abstrait où le peuple peut concevoir et exercer ses droits, où les individus se muent en citoyens.
Qu’est-ce qui distingue fondamentalement notre Empire de la nation ? C’est d’abord le fait que l’Empire n’est pas avant tout un territoire, mais fondamentalement une vision. « L’empire, au sens vrai, explique Evola, ne peut exister que s’il est animé par une ferveur spirituelle […] Si cela fait défaut, on n’aura jamais qu’une création forgée par la violence — l’impérialisme —, simple superstructure mécanique et sans âme ». L’Empire n’a pas de territoire mais domine spirituellement des suzerains (Saint Empire pour la chrétienté, la force quasi mystique de l’auctoritas de l’imperium romain). L’UE n’a pas d’âme et ne peut donc pas être considéré comme un Empire, à peine une grosse sansue technocratique dévolue aux puissances capitalistes.
Le lien à l’Empire l’emporte sur les liens de caractère national ou confessionnel, c’est sa grande force. La nation, au contraire, ne s’attribuer des prérogatives de souveraineté en les rapportant, non plus à un principe, mais à un territoire. L’État crée la nation, laquelle « produit » à son tour le peuple, par l’ « assimilation », et c’est là sa faiblesse. Des peuples différents culturellement peuvent au contraire créer un Empire, qui alors seulement se dote d’un État impérial, gouvernant ses peuples et non ses territoires.
Une autre différence essentielle tient dans la façon dont l’Empire et la nation conçoivent l’unité politique. L’unité de l’Empire n’est pas une unité mécanique, une « constitution », mais une unité composée, organique, qui excède le contour des États. Il incarne une vision, l’Empire n’envisage d’unité qu’au niveau de cette vision. Alors que la nation engendre sa propre culture ou prend appui sur elle pour se former (mode de vie à la française), entraînant des divisions en cas de multiculturalisme. L’Empire lui englobe des cultures variées. Alors que la nation cherche à faire se correspondre le peuple et l’État (assimilation), L’Empire associe des peuples différents. Sa loi générale est celle de l’autonomie et du respect de la diversité. Il vise à unifier à un niveau supérieur sans supprimer la diversité des cultures, des ethnies et des peuples (C’est d’ailleurs pour ça qu’une révolution impériale s’appuie sur l’exacerbation de ces cultures, sur un ethnocentrisme anarchique). L’Empire constitue un tout dont les parties peuvent être d’autant plus autonomes que ce qui les réunit est plus solide. Ces parties restent organiques et différenciées. L’Empire s’appuie par là beaucoup plus sur les peuples pas sur les États, alors ses peuples peuvent être entrelacés indépendamment des nations sans interférer avec elles ; L’Empire cherche à les associer à une communauté de destin sans les réduire à l’identique. C’est l’image classique de l’universel (ne pas confondre avec l’universalisme bobo), par opposition à la société monolithique uniformisée et centralisée. C’est une anarchie de peuples. Julius Evola définissait l’Empire comme « une organisation supranationale telle que l’unité n’agisse pas dans le sens d’une destruction et d’un nivellement de la multiplicité ethnique et culturelle qu’elle englobe ». Qu’est ce que fût Rome ? Une idée permettant de rassembler des peuples différents sans les convertir ni faire disparaître leur identité. Loin du principe d’ « uniformisation » et de « normalisation » de l’UE ! Ou du formatage républicain ... droit de l’hommiste. L’Empire accepte la diversité des religions er des codes juridiques. Tout peuple est libre d’organiser sa cité territoriale ou virtuelle selon sa conception traditionnelle du droit. Le « jus  » impérial ne prévaut que dans les relations entre individus de peuples différents ou dans les rapports entre les cités. On peut se dire citoyen impérial (civis romanus sum) sans abandonner sa nationalité. En France peut co-éxister un Sultanat, l’Empire gère uniquemment les relations inter-peuples, les principes de subsidiarités, la multi-potence des codes. Ce qui caractérise au contraire la nation, c’est son irrésistible tendance à la centralisation et à l’homogénéisation et à l’omnipotence de son État-Maman. L’UE suit évidemment le même chemin en pire. Tocqueville lorsqu’il écrivait : « La Révolution française a créé une multitude de choses accessoires et secondaires, mais elle n’a fait que développer le germe des choses principales ; celles-là existaient avant elle […] Chez les Français, le pouvoir central s’était déjà emparé, plus qu’en aucun autre pays du monde, de l’administration locale. La Révolution a seulement rendu ce pouvoir plus habile, plus fort, plus entreprenant ». En parallèle le principe de nation scelle son alliance avec la bourgeoisie et le capitalisme, en instaurant le marché, la monnaie, les normes, l’ordre juridique, tous uniques et centralisés (Loi Le Chapelier, fin des corporations, des particularismes, de l’autonomie des villes ou provinces etc ...) L’État-nation et le marché renvoient ainsi à une même forme de socialisation des individus, seuls, autonomes, atomisés, face face à une Entité Centrale. En cela l’UE a évidemment pour finalité un super État-nation. La composante individualiste-libérale-universaliste de l’Etat Nation est capital à comprendre, car évidemment elle s’oppose fondammentalement au holisme-réactionnaire-éthnocentriste de l’Empire où l’individu n’est jamais dissocié de ses appartenances naturelles ou culturelles. La nation, de par sa logique, ne connaît que des individus. On est membre de l’Empire de façon médiate, à travers des structures intermédiaires différenciées ; on appartient au contraire à la nation de façon immédiate, c’est-à-dire sans la médiation des appartenances locales, des corps, des peuples ou des états.
Dans l’Empire, une même citoyenneté associe des nationalités différentes. Dans la nation, les deux termes sont au contraire synonymes : c’est l’appartenance à la nation qui définit la citoyenneté. Pierre Fougeyrollas résume la situation en ces termes : « En rupture avec les sociétés médiévales qui comportaient une identité bipolaire — celles des racines ethniques et celle de la communauté des croyants —, les nations modernes se sont constituées comme des sociétés closes où la seule identité officielle est celle que l’État confère aux citoyens. La nation a donc été, par sa naissance et ses fondements, un anti-Empire. ».
L’Empire ne se présente jamais comme une totalité fermée. Ses frontières sont par nature mouvantes, provisoires. Il vise à fédérer les peuples sur la base d’une organisation politique concrète, en dehors de toute perspective de conversion ou de nivellement. L’Empire, de ce point de vue, se distingue tout à fait d’un hypothétique État mondial ou de l’idée qu’il existerait des principes juridico-politiques universellement valables, en tous temps et en tous lieux, le boboisme-droit-de-l’hommiste héritier de la civilisation supérieure de Jules Ferry. L’universalisme étant directement associé à l’individualisme, c’est bien plutôt à partir de la racine individualiste de l’État-nation qu’il faut penser l’universalisme bobo moderne et sa conséquence, la fin de l’entraide instinctive, remplacé par l’État-Maman et sa diarrhée réglementaite bien-pensante chère aux Bodruchoniens.
Historiquement les seules constructions qui méritent effectivement le nom d’Empire, sont l’empire romain, l’empire byzantin, l’empire romain germanique ou l’empire ottoman. Ne sont certainement pas des empires, l’empire napoléonien, le IIIe Reich, les empires coloniaux français et britanniques, ni les impérialismes modernes de type américain ou soviétique. Si un empire n’est pas un empire sacré, ce n’est pas un empire, mais une sorte de cancer s’attaquant à l’ensemble des fonctions distinctives d’un organisme vivant.
L’État-nation. est écrasé actuellement comme une noix de coco entre deux énormes machoires. Il est pressé par le bas par l’apparition de nouveaux mouvements sociaux , par la persistance des régionalismes et des autonomismes, par des affirmations communautaires inédites, comme si les formes de socialisation intermédiaires qu’il avait naguère brisées renaissaient sous des formes nouvelles. Mais l’Etat-nation est aussi écrasé par le haut. Il est dépossédé de ses pouvoirs par le marché mondial et la concurrence internationale, par la formation d’institutions supranationales ou communautaires, par les bureaucraties intergouvernementales type UE, les appareils technoscientifiques, les messages médiatiques planétaires et les groupes de pression internationaux, la finance des Seigneurs Capitalistes.
L’appel de l’Empire naît de la nécessité. Le libéralisme a tort de n’apercevoir aucune entité politique au-delà de celle des nations. Son internationalisme pèche par le fait de ne voir rien de politiquement viable en deçà de l’humanité entière. L’Empire se fait sur un modèle fédéral porteur d’une vision, d’un projet, d’un principe, c’est-à-dire en dernière analyse selon un modèle impérial. A l’époque de la guerre de Cent ans, la devise de Louis d’Estouteville disait : « Là où est l’honneur, là où est la fidélité, là seulement est ma patrie ». L’idée de nation pousse à penser que tout ce qui est de chez nous a de la valeur. L’idée d’Empire conduit à affirmer que tout ce qui a de la valeur est de chez nous.

Plus basique :
 
Le Grand Remplacement
L’Omerta


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