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volt volt 30 novembre 2012 13:14

La scène était plus ou moins terrible, selon le point de vue. Ces gens-là avaient été dépossédés de tout ! Ils avaient pourtant, il n’y a si longtemps, gagné le temps d’une révolution, ce qu’on appelait l’Individu – Mais il ne fallait plus désormais prononcer le mot qu’avec distance, en y ajoutant un « isme » de réprobation. Très vite la Terreur, avant d’endosser l’habit flamboyant de l’Empire, allait ramener le Dieu du groupe et de la horde à ses justes dimensions – la sauce y était.

Sauf qu’il faisait très froid dans ce mensonge, une fois l’île d’Elbe les cent jours et Waterloo passés ; alors bien sûr les poilus ont rallumé le poële, puis on a remis ça encore une fois, avant de trouver enfin la solution quant à ckill en était du feu central dans cette grotte bien humide – comment vivre sans foyer ? Alors on a exporté le problème, fixé la greffe en terre ceinte, et surtout soufflé régulièrement dessus, sur des décennies… hystoire que ça s’éteigne jamais.

Bien sûr dans les campagnes (car il n’y avait plus que ça, un seule alinea y suffirait) on grelottait de froid ; les hommes avaient retrouvé une sorte d’étape préhistorique, si tant est que jamais ils fussent réellement entrés en histoire - un très grand Poète nommé guy debord avait même émis l’hypothèse que jamais… Mais bref, dépossédés de tout ils étaient, et d’abord de la terre. Mobilisation totale, avait titré le bosch…

Il  faisait donc grand froid, et les lumières bleues, clignotant partout sur cette pauvre planète très ensommeillée, distribuaient leur vingt heures éternel. En général, précisément là-dessus, ils mangeaient ! Oh sans grognements ni grands slurps peut-être, mais avec des exigences d’abord… Il fallait que le sang coule, qu’il témoignât que là-bas, cyprès d’ici n’est-ce pas, ce feu restait bien allumé...

D’abord il nous épargnait d’avoir à flamboyer ici – et quelle misère ; ensuite, ça réchauffait un peu sur des heures de mensonge ces quelques vérités vieilles comme le monde : crânes d’enfants explosés, seins déchirés, haines délivrées, qui étaient bien toutes les nôtres – et de raison ! – mais comme c’était derrière l’écran, on pouvait encore découper son steak tranquille.

Surtout pas que ça s’arrête !

Surtout pas.

Et dans ce vaste cirque quelle différence entre poujadas, la chabot et ariel sharon ou moshe dayan au fond ? Soyons sérieux : à moins d’être un garagiste de talent, il est bien difficile de distinguer entre deux pièces moteur, quelles que soient les couleurs, sous cette lampe de poche.

En résumé, cet antre, cette grotte… et eux tous dedans, grelottant depuis tant. Parfois quelques gémissements de fond, des accouplements en série, mais jamais au grand jamais ! Loana au plus chaud de sa piscine ne mettrait un terme, ou le moindre entracte à la vaste fornication voulue là, jamais !

Pas d’illusions... on n’éteint pas le grand feu de la misère comme ça.

Il sert d’abord à pas se rallumer ailleurs...

Ces derniers temps cependant, il avait des ratés ce feu, ce feu d’ici mais de là-bas : Il suffisait de mater quelques videos de notre dame d’hellande – l’huile avait coulé jusque là-bas – pour se rendre compte que loin d’être une question d’avions, c’est tout le bled qui était radiographié là, qu’un émétique devenait une urgence, qu’il n’allait pas tarder, que c’est sans doute toute la baraque qui allait flamber.

L’image faisait penser à un gros bonhomme très content de sa cheminée, mais qui avait trop vite oublié que le gaz était ouvert, à fond, dans le grenier ; quelques minutes et tout allait sauter.

Le mazerolles finirait attaché sous un arbre, et nos héros trouveraient bien vite leurs sangliers.


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