@MUSAVULI. Mon cher Musavuli, le Rapport ONU-Rwanda M23 15-11-2012 que vous avez indiqué est très indigeste. Ce rapport ne fait que
recenser la galaxie anarchique formelle et informelle des divers mouvements de
lutte armée dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Ce
rapport apporte très peu d’informations sur l’ampleur des massacres et autres
exactions commis par les groupes armés dans cette région du Congo.
Cette absence d’évocation de l’ampleur des massacres
est très curieuse de la part d’un groupe d’experts de l’ONU qui, apparemment,
doit avoir passé la région méthodiquement au peigne fin pour arriver à déverser
une telle foule de menus détails sur chaque groupe et groupuscule armé. Même
les réseaux nationaux et internationaux de contrebandiers, qui organisent le
pillage des ressources économiques de cette région, sont décortiqués par ce
rapport. Et même le RAPPORT MAPING, plus de 550 pages consacrées aux « violations les plus graves des droits de
l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin
2003 sur le territoire de la République Démocratique du Congo », tourne presqu’en dérision la notion de génocide concernant le chao du
Congo.
Ce vide documentaire sidéral sur le présumé génocide
du Congo actuellement en cours depuis 1996 contraste singulièrement avec le
génocide rwandais auquel le monde entier a assisté en direct à la télévision.
Nous étions alors dans l’âge de l’adolescence. On voyait et entendait
quotidiennement, pendant trois mois, à chaque flash radio ou télévisuel
d’informations, des flots de cadavres boursoufflés et sanguinolents (hommes,
femmes, enfants, bébés) flottants sur tous les lacs et les étangs, entassées
dans des fosses communes, les champs, les édifices éventrés, et charriés en
masse par tous les cours d’eau du Rwanda. On entendait en direct les émissions
radiodiffusées par les génocidaires. Beaucoup de nos parents ont gardé des
documents audio-vidéos des scènes d’horreur apocalyptique du génocide rwandais
qu’ils avaient enregistrées en direct.
Les massacres et exactions rwando-ougandais au Congo
sont bien réels compte tenu du climat d’anarchie totale et de guerre. C’est un
fait. Mais le doute subsiste dans l’opinion quant à leur ampleur qui, en
intensité, serait comparable et dépasserait ceux du génocide rwandais. Le
contraste du vide documentaire total sur les massacres de masse et le présumé
génocide en RDC avec le génocide rwandais est d’autant plus incompréhensible que
le présumé génocide du Congo se passerait sous les yeux de l’ONU et de la Communauté Internationale. Or, depuis le génocide rwandais en 1994,
l’effervescence de la Communauté Internationale au Congo est le facteur dominant de
la scène politique du Congo et même de la région. En effet, l’ONU est
militairement présente en RDC par la MONUC. C’est la MONUC qui coiffe la scène politique congolaise en
organisant notamment les élections présidentielles tandis que les ONG
européennes quadrillent le terrain sur le plan humanitaire. Le sommet de la
francophonie s’est même tenu dernièrement en grande pompes à Kinshasa. Même les
journaux et télévisions en Afrique font très peu état de la guerre du Congo.
C’est très paradoxal.
Or, c’est l’ONU qui, dans la région, pilote la RDC tout en entretenant et en
protégeant les rivalités des pays occidentaux fournisseurs d’armes,
importateurs des minerais et matières premières (Etats-Unis, France,
Angleterre, Belgique...). A ces pays prédateurs coloniaux, il faut ajouter les
autres pays non moins importateurs et organisateurs des trafics contrebandiers
tels que les monarchies pétrodollariennes arabes. Il convient de lever le ton
beaucoup plus envers l’ONU, les pays occidentaux et les monarchies arabes
qu’envers les régimes rwandais et ougandais leurs pantins sans pour autant épargner ces derniers