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Regis Servant 12 janvier 2013 18:39

Adrien, vous avez écrit : "En outre, ma thèse implique que les tenants du libéralisme humaniste, les libéraux humanistes, sont étatistes. Ce qui signifie qu’il y a une contradiction entre leur discours anti-étatiste, et la réalité des implications des fondements de leur idéologie."

Lire une telle conclusion est très surprenant, puisqu’une personne libérale ne fait pas preuve d’incohérence interne en réclamant une présence de l’État dans la société. Seul un anarchiste serait dans cette contradiction (l’idéal d’un anarchiste étant une société sans État, un anarchiste demandant à ce qu’une telle société sans État soit imposée et/ou maintenue par un État formulerait une demande qui va à l’encontre de son idéal même). En revanche, un libéral n’aspirant pas à une société sans État peut souhaiter la présence d’un État dans la société sans que ce souhait ne contredise ses aspirations libérales.

On a un peu l’impression à vous lire que souligner la nécessité d’un État, même dans une communauté libérale, serait révéler un scoop. Pourtant, même si certains penseurs libéraux sont anarchistes, ils ne constituent qu’une minorité ; la plupart des penseurs libéraux, français ou étrangers, admettent que l’État est indispensable, au moins pour assumer un rôle régalien, sinon pour plus. Voici par exemple ce qu’écrit Hayek à ce sujet (dans le 2e chapitre de Law, Legislation and Liberty) :

"Although it is conceivable that the spontaneous order which we call society may exist without government, if the minimum of rules required for the formation of such an order is observed without an organized apparatus for their enforcement, in most circumstances the organization which we call government becomes indispensable in order to assure that those rules are obeyed."

Cette idée s’illustre bien par une analogie sportive. Un libéral non anarchiste affirmera que deux équipes de football doivent être libres d’interagir et qu’un arbitre n’a pas le droit de modifier le résultat de ces interactions (il n’a pas le droit d’empiéter sur la « propriété privée » des équipes, par exemple en modifiant le score du jeu dans un sens plus égalitaire). Pourtant, le libéral reconnaît que la présence d’un arbitre est nécessaire pour, justement, faire respecter ces règles du jeu. Pourtant, vous écrivez dans votre conclusion qu’une telle admission est contradictoire.

Un interventionniste (qu’il soit socialiste, keynésien, rawlsien, etc.) admettra en revanche la légitimité d’intervenir dans le score du jeu pour le modifier (plus ou moins selon le contenu de ses convictions).

Cordialement,
Regis.


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