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Pierre Régnier Pierre Régnier 17 février 2013 22:10


Bonjour franc

 

Vous évoquez Simone Weil. Ce qui m’intéresse ici chez elle c’est justement pourquoi elle considère qu’elle ne peut rejoindre le christianisme. Sa recherche spirituelle n’est pas seulement une démarche philosophique, elle s’apparente à la religiosité, à la spiritualité religieuse. Mais, très soucieuse de l’existence d’un monde non-violent, elle constate que l’Eglise, parce qu’elle ne veut pas de la réflexion philosophique dans la liberté, dans l’indépendance de tout dogme, ne peut pas comprendre réellement, en tous cas pas admettre, ce qui est indispensable à la non-violence.

 

D’une certaine manière je suis sorti de l’église catholique pour les mêmes raisons qui ont retenu Simone Weil d’y entrer : la recherche spirituelle y bute sur le dogmatisme, pas même sur le dogme au sens propre. Regarder Dieu comme n’étant pas l’auteur des ordres de massacrer donnés en son nom n’oblige pas vraiment à rejeter des vrais dogmes, seulement l’attitude dogmatique, que je peux qualifier aussi comme ce que Jean-Claude Michéa dans son plus récent livre nomme le « mentir à soi-même ».

 

Il me paraît évident qu’aujourd’hui, avec la menace islamique omniprésente et le sort fait aux chrétiens (entre autres) dans les pays islamisés les plus violents, les théologiens de l’école Ratzinger / Benoît XVI ne peuvent plus ignorer d’où vient cette violence hors christianisme, ni la responsabilité - ancienne mais maintenue - du christianisme dans ses origines.

 

Quand je vois à quelles « horreurs logiques » ont abouti, en certaines pages, les rédacteurs des annotations de la Bible annotée de Jérusalem - en 2000, alors que le besoin de non-violence religieuse n’a jamais été aussi évident ! - j’imagine combien ils ont dû se mentir à eux-mêmes pour ne pas conclure à la nécessité d’abandonner leur fausse route et choisir plutôt de rejeter fermement la partie criminogène de leur théologie.

Je l’ai dit plus haut, je crois que la part morale de la fatigue de Benoît XVI vient principalement de ce mauvais choix : continuer de se mentir à lui-même et de mentir aux croyants chrétiens quand la nécessité de prendre impérativement l’autre route était devenue manifeste. Pour sa défense, il faut reconnaître au moins à ce mauvais pape que la plupart de ceux qui l’accusent, notamment les athées superficiels que je qualifie de « bouffeurs de curés », lui reprochent précisément le peu des efforts qu’il a réellement faits pour redresser la barre : ils lui ont reproché son discours de Ratisbonne parce qu’il y critiquait l’islam. S’ils n’étaient eux-mêmes des complices des islamistes ils lui auraient reproché de ne pas avoir
assez, et pas assez directement, montré la violence islamique et sa source théologique.

 

Celle-ci ayant pour origine le mauvais choix des Pères de l’Eglise catholique, et sa pérennisation par les responsables de cette Eglise jusquà nos jours, il ne pouvait guère aller plus loin et plus directement.

 

C’est pourquoi je dis dans cet article que ce sera la tâche la plus importante et la plus urgente de son remplaçant que de le faire, de rejeter très explicitement la théologie criminogène, fut-elle devenue depuis longtemps seulement indirecte dans toutes les composantes du christianisme. Encore faut-il le lui demander.

 

Contrairement à ce que croient beaucoup de ceux qui me reprochent ma démarche, me voyant comme "un ancien catho brûlant ce qu’il a adoré" je compte beaucoup plus, pour le faire, sur les catholiques restés dans l’Eglise que sur ses adversaires athées sans objectif réel de permettre la réalisation d’un monde non-violent.



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