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ibraluz 13 septembre 2006 14:32

à Wrisya

Bonjour et paix. Qui commande les choix d’une démocratie ? En théorie, son peuple ; le plus souvent, sa seule majorité ; en pratique, ses élus, variablement manipulés par divers intérêts, diversement travestis sous de toujours beaux concepts...

Cette petite définition, très générale, n’a pas d’autre prétention que de rappeler les bornes du présent débat. La démocratie « à la française » est née d’une histoire, souvent douloureuse, en particulier sur le plan religieux. La laïcité de l’ETAT s’y est révélée la seule solution politique, à ce jour, susceptible de garantir la paix sociale. Chez nous, en France, pas au Bangla Desh.

Permettez-moi de citer ce passage de ma dernière réponse à Sylvain Reboul. « FONCTIONNAIRES soumis, dans l’exercice de leurs fonctions, à une réserve absolue en matière religieuse, politique et philosophique : OUI ! Et même, ce devoir devrait faire l’objet d’un contrat écrit initial, juridiquement opposable à son signataire, lors de la titularisation du moindre fonctionnaire, du balayeur au président de la république ! Mais de grâce ! Laissez les NON-FONCTIONNAIRES en paix ! La république à la française, c’est le lieu de l’agora, du forum, de l’expression la plus libre possible des forces de notre nation, et fassions, tous ensemble, que cette vision politique s’épanouisse à la face du monde ! » La viabilité du modèle, son éventuelle exportabilité, se joue en notre capacité, non pas à assimiler, mais cultiver et faire fructifier les richesses de nos minorités.

Le malheureux, probablement, en notre époque, est cette tendance à qualifier constitutionnellement une république, figeant ainsi « la chose publique », « l’opinion majoritaire », le débat citoyen : laïque, islamique, mormone, que sais-je encore ? Du coup, les minorités souffrent. En France, de la notion d’ETAT laïc, on est passé, avec la constitution de la 5ème république, à celle de REPUBLIQUE laïque ; aujourd’hui, sous l’influence de médias qui distillent, depuis de longues années, le concept, on parle communément de PAYS laïc : la dérive, paradoxalement, rejoint celle d’un nombre grandissant de pays musulmans, où les minorités non-musulmanes s’étiolent, dépérissent, variablement, au vent sec des lectures sans âme - cf. monsieur Padam - de nos références sociétales. La laïcité à la française, originellement mouvement de LIBERATION des minorités, tend à y devenir INSTRUMENT D’OPPRESSION : un comble, assurément.

Mais je ne crois pas que le présent article invite à un débat sur une quelconque dialectique laïcité-islam, en dépit des provocations induites par certains. Soyons tous patients à ce sujet : nous en découdrons une autre fois, encore et toujours, puisque c’est le dada préféré de pas mal des intervenants. La question que je pose se situe en amont de cette dialectique.

Ma petite famille de six personnes, vit, en Afrique, avec moins d’un euro par jour et par individu. Comme plus de 60 % d’humains à la surface de la planète. Nous mangeons, nous habillons, mais demeurons à la grâce de Dieu et de nos liens sociaux pour tout ce qui concerne nos éventuels soins médicaux. Mon discours ne repose pas sur des « fiches de lecture », mais sur du vécu, j’aimerais que les plus humains de mes contradicteurs en prennent conscience. Vous l’avez bien remarqué, Wrisya : la plupart des musulmans « de souche » vivent et font vivre les aspects les plus « extérieurs », sociaux, de notre religion. Au mieux, la solidarité, éventuellement intéressée ; au pire, la paille dans l’oeil du voisin. Certains crient ici à « l’hypocrisie »,au « formalisme », à « l’archaïsme », etc. Mais c’est pourtant cette ambiance générale qui assure, ici et là, suffisamment de générosité pour assurer au plus grand nombre, à ma petite famille notamment, l’accès aux soins de santé.

Le succès populaire et électoral, du Hamas et du Hezbollah, tient à cette trivialité. Avant de devenir des gros mots, la politique, c’est des petites gestes quotidiens. Y a-t-il alternative CONCRETE à cette organisation sociale ? C’est à cette question, messieurs les penseurs d’une laïcité universelle, qu’il convient de répondre. Avec urgence, posément, lucidement : c’est le fond humaniste de mon article...

Enfin, Wrisya, quoique je ne doute pas, un instant, de la profondeur de votre foi, je vous prie de bien méditer la constance avec laquelle certains, « experts dans l’art du double-langage » (selon notre bon Marsu de service), s’acharnent ici à nous séparer en « bons » et « méchants » musulmans, en utilisant, notamment, l’argument de votre féminité. Nous partageons un même bonheur, où se retrouvent, également, Ka la douce, Aisha la combattante, et tant d’autres, variablement pourvus du point de vue argumentaire et littéraire. Ne l’oublions jamais et Dieu, certes, est Miséricordieux envers les miséricordieux...


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