Bonjour à tous,
Deux trois réflexions…
1) Ce
qui est proprement hallucinant, c’est qu’on en soient réduits à se crêper le chignon sur ce
forum pour connaître la vérité sur la société vénézuélienne. On a l’air aussi
bien informés du Venezuela contemporain que ne l’étaient les érudits du XVIème
siècle sur L’Afrique ou le Japon. A la limite, on en sait plus sur Mars. Comment
en est on arrivé là ? A totalement méconnaître ce qui est à portée de main ?
Est-ce si compliqué d’envoyer des journalistes faire leur boulot ?
Y-a-t-il là bas un nouveau rideau de fer qui empêche d’aller prendre des
photos, tourner des films, faire des interviews ? Et même s’il y a des
réticence officielles pour leur tenir la main, comment empêcher des
journalistes, sous couvert de tourisme, de s’y rendre et de faire leur travail ?
Comment notre presse, dont certains ici semblent encore si fiers, est-elle
arrivée à un tel degré d’indigence professionnelle ?
2) Des
tonnes de commentaires sont donc consacrés uniquement à se lancer des arguments
à l’emporte pièce. Je constate une tendance pas systématique à placer le débat
sur le terrain strictement idéologique. Une partie des intervenants soutient
Chavez non pas tant pour ses réussites effectives que pour ses prises de
position anti-mondialistes et sa résistance à l’hégémonie américaine (ce que
personnellement je trouve très louable), tandis que l’autre camps fustige l’échec
inéluctable du socialisme/communisme sous toutes ses formes en soulignant la « misère
noire » et la criminalité qui règnent au Venezuela comme autant de
stigmates inévitables du « socialisme ». Force m’est de constater que
le terme Facho utilisé pour flétrir l’adversaire
est plutôt rare, mais que les termes Coco,
Bobo, Khmers Verts, etc. ont repris de la vigueur pour ne pas dire de l’exubérance dans le camps « de droite ». Résultats
des courses, ce ne sont plus des débats auxquels on assiste ici, ce sont de querelles
de bistrots entre les supporters de l’équipe des Lendemains qui Chantent et
celle de la Free Enterprise.
3) Personnellement,
je me sens assez grand pour me faire mon opinion sur la base de faits réels, avérés,
objectifs. Il n’y a que ça qui m’intéresse, ainsi que les analyses honnêtes qui
peuvent en découler. Les plaidoiries biaisées, les slogans, les professions de
foi ne m’intéressent pas. Je surfe sur la toile pour récolter de temps à autres
un témoignage authentique, une analyse pertinente, plutôt que cette soupe de
lieux communs qu’on nous sert journellement dans les médias. La mort de Chavez
ne me touche pas personnellement. C’était un homme de pouvoir, avec ce que ça
implique de qualités et de défauts. Il a fait son chemin dans un pays qui avait
déjà une histoire et une culture propres, inséré dans un continent aux
relations complexes, et il n’est pas venu le transformer magiquement en pur
paradis « socialiste » par la vertu de son charisme. Mais il a fait
le choix de combattre la pauvreté et de combattre la colonisation économique
américaine. L’avenir jugera de la portée de son action. Mais en un temps où
nous sommes tous devenus les otages de la main invisible des marchés, et où
ceux que nous désignons pour nous organiser et nous défendre préfèrent passer à
l’ennemi, il est clair que Chavez est un personnage a priori plutôt
sympathique.