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Thierry SALADIN Thierry SALADIN 23 mai 2013 02:31

Asp Explorer, qui depuis des années n’en manque jamais une pour dire des sottises dès que le mot « espéranto » figure dans un article ou un commentaire sur AgoraVox, vient une nouvelle fois de la ramener.

C’est son droit.

Il parle du Rapport Grin, qu’il n’a pas lu, évidemment, prétendant qu’un rapport doit nécessairement être rédigé de manière collègiale. 

Fantaisie que tout cela ! Je ne prendrais qu’un exemple : le Rapport Gallois  remis à François Hollande a été rédigé par Louis Gallois en personne.

Et d’une !

Ensuite, ce cher Asp Explorer parle d’adultes qui seraient plus ou moins motivés pour apprendre l’espéranto et blablabla, et blablabla.

Hors sujet !

En effet, le Haut Conseil de l’Évaluation de l’École, donc un organisme de l’Éducation Nationale, a bien missionné une personne et une seule, probablement sur ses titres universitaires, c’est-à-dire le professeur François Grin, pour remettre un rapport sur un sujet précis : L’enseignement des langues étrangères comme politique linguistique.

Or, dès le début, le rapporteur indique les questions auxquelles on lui a demandé de répondre dans le cadre de la mission qui lui a été confiée :

Voici des extraits :

(…) Quelles langues étrangères enseigner, pour quelles raisons, et compte tenu de quel contexte ? Telles sont les questions que cette étude aborde, en s’appuyant principalement sur l’économie des langues et sur l’évaluation des politiques linguistiques. (…) (p.3)

 C’est clair. Même pour Asp.

Le professeur Grin étudie pour cela trois scénarios qu’il compare sur le plan de l’efficience, de l’équité et du coût.

Scénario 1 : le Tout-à-l’anglais

Scénario 2 : le plurilinguisme

Scénario 3 : l’espéranto

 Et voici qu’il annonce en introduction ce qu’il va prouver au fil des cent vingt pages qui suivent :

L’accent est mis non pas sur les implications de la mise en œuvre de ces scénarios, mais sur leur comparaison en termes d’efficience, d’équité.  (…) C’est toutefois, à ma connaissance, la première fois que l’on tente de chiffrer les transferts nets dont bénéficient les pays anglophones du fait de la préséance de l’anglais, et les économies qui seraient réalisées en cas de passage à un autre scénario. (p.6)

 (…) Il va de soi que ce n’est pas la langue anglaise en tant que telle qui est en cause, mais l’hégémonie linguistique, quel que soit le pays ou le groupe de pays qui en bénéficie. (…)  (pp.6-7)

Et il affirme :

1) Le Royaume-Uni gagne, à titre net, au minimum 10 milliards d’euros par année du fait de la dominance actuelle de l’anglais ; (p.7)

 

2) Si l’on tient compte de l’effet multiplicateur de certaines composantes de cette somme, ainsi que du rendement des fonds que les pays anglophones peuvent, du fait de la position privilégiée de leur langue, investir ailleurs, ce total est de 17 à 18 milliards d’euros par année ; (p.7)

 

3) Ce chiffre serait certainement plus élevé si l’hégémonie de cette langue venait à être renforcée par une priorité que lui concèderaient d’autres États, notamment dans le cadre de leurs politiques éducatives respectives ; (p.7)

 

4) Ce chiffre ne tient pas compte de différents effets symboliques (comme l’avantage dont jouissent les locuteurs natifs de la langue hégémonique dans toute situation de négociation ou de conflit se déroulant dans leur langue) ; cependant, ces effets ont sans doute des répercussions matérielles et financières ; (p.7)

 

5) Le scénario « plurilingue » (qui peut, en pratique, revêtir des formes très différentes, dont une est analysée ici) ne réduit pas les coûts, mais les inégalités entre locuteurs ; toutefois, étant donné les forces à l’œuvre dans la dynamique des langues, il présente un risque certain d’instabilité, et exige tout un train de mesures d’accompagnement pour être viable ; (p.7)


6) Le scénario « espéranto » apparaît comme le plus avantageux, car il se traduirait par une économie nette, pour la France, de près de 5,4 milliards d’euros par année et, à titre net pour l’Europe entière (Royaume-Uni et Irlande compris) d’environ 25 milliards d’euros annuellement. (p.7)

Les fréquentes réactions de rejet à l’égard de l’espéranto rendent impraticables la mise en œuvre à court terme du scénario 3.

 Il peut par contre être recommandé dans le cadre d’une stratégie à long terme à mettre en place sur une génération. (p.7)

 Deux conditions sont toutefois critiques pour son succès : premièrement un très gros effort d’information afin de surmonter les préventions qui entourent cette langue — et qui sont en général basées sur la simple ignorance — et d’aider les mentalités à évoluer ; deuxièmement une véritable coordination entre États en vue de la mise en œuvre commune d’un tel scénario. (p.7)

Quatre-vingt cinq pour cent de la population de l’Europe des 25 y a un intérêt direct et évident, indépendamment des risques politiques et culturels que comporte l’hégémonie linguistique. (p.7)

En conclusion, la République Française a payé avec nos impôts un rapporteur pour une mission bien précise, et elle n’en tient aucun compte. 

La dette de la France serait inférieure de 45 milliards d’euros à ce jour, si ce rapport avait été suivi. Cherchez l’erreur.


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