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En réponse à :


volt volt 25 mai 2013 22:26

Bonjour Philippe, si vous ne m’aviez pas croisé ailleurs, les choses allant parfois si vite sur l’agora, je n’aurais pu me douter que nous en étions déjà là à plus de 60 commentaires, il faut dire que les agoravoxiens comportent plusieurs races, hâtons-nous d’user de ce mot bientôt intoléré...


vous avez raison, les analystes ne s’attardent pas trop sur la question du double-bind, une fois tenue pour vraie, cette théorie leur semble secondaire et ils ont tendance d’abord à raisonner en termes de structures (de personnalité), ensuite surtout à bien distinguer deux temps dans le processus psychotique : 
le temps infantile préoedipien de préparation du terrain schizophrène, 
et le temps adolescent du déclenchement. 

dans ces deux temps bien sûr le double-bind intervient, mais les analystes le tiennent alors pour une manifestation externe du double-binder, dont seule finalement la personnalité les intéresse. 
qu’il soit pervers ou borderline, comme ils disent, les intéresse même pas beaucoup, car ici en général ils font entrer en compte le raisonnement intergénérationnel, le généalogique : qu’est-ce qui fait qu’une mère se met à fabriquer un schizo, à part qu’elle ne sait pas trop que dans cette mise à plat du père, elle rejoue quelque chose de son propre roman familial ? 
à cette échelle, le « détail » technique du double-bind compte alors peu, sinon au niveau de la symptomatique.

sur la question de la tolérance, je me demande ce qu’en dit Voltaire, ça m’étonnerait qu’il ait esquivé ; personnellement j’aime bien la réponse d’Hervé, mais comme c’est une réponse logique elle résout la forme et laisse un peu de côté le fond.

j’essaie de penser à des expériences, car je ne suis pas une référence, j’ai dans mon histoire les deux extrêmes... il y a la guerre, mais il me semble que l’exemple de l’école est très parlant.
de quoi souffre l’éducation nationale en France et qui se manifeste par tant de symptômes différents dans une médiocrité et une nullité galopante ? 
c’est le fait que la tolérance peut être pensée bêtement, c’est-à-dire en temres de laxisme.

pourquoi en est-on arrivé là ? 
non seulement à cause d’un déclin généralisé de la fonction paternelle qui peut avoir du bon, mais à cause d’une histoire.
l’école a toujours et souvent abrité de véritables, vastes, perversions, de grandes pratiques sadiques, détaillées ; cet exercice immodére et pervers de la violence a engendré en réaction une tolérance niaise, limite idiote, qui fait que le lion a cédé la place au loup, le premier tue pour manger, le second souvent pour rien...

la tolérance sans violence est un suicide, il ne faut pas oublier l’étymologie :
violence et biologie ont la même origine, en grec biè c’est à la fois la force violente et la vie même, bya est même employé dans les psaumes comme nom divin, toujours dans les psaumes, autre nom divin : « je suis la force des champs ».
je cherche à ne pas poser le problème en termes philosophiques, mais par une série d’exemples. si pourtant je devais philosopher, nul doute que la psycha serait au rendez-vous.

exemple : 
comment peut-on démontrer que le très-tolérant est en fait très intolérant ?
riez sous cape je vous entends...
qu’est-ce qu’un trop tolérant ? 
c’est quelqu’un qui s’arrange sans problème au fond de l’injustice flagrante, 
car... il y trouve un plaisir, il y a là un certain masochisme, qui ne peut aller sans un moi prenant son pied dans la domination d’un surmoi trop fort...

or quel est la caractéristique même du « très intolérant » ? 
c’est bien la prédominance d’un discours surmoïque sans concession.
la psycha distingue deux formes du surmoi ; ici la différenciation freudienne entre Ideal-Ich et Ich-Ideal, « moi idéal » et « idéal du moi » ; la première forme est celle du surmoi archaïque préoedipien, qui relève de l’imaginaire, on en retrouve des traces très archaïques et violentes dans les rêves, par exemple une araignée c’est le surmoi archaïque ; la deuxième, c’est le surmoi élaboré à l’oedipe, après travail de l’ambivalence amour-haine, elle relève de la loi et du symbole en partage, elle est beaucoup plus contenante.

comment les distinguer ? c’est pas évident...
mais dès que dans l’exercice de la loi ou du pouvoir je peux reconnaître que mon plaisir est fortement engagé, alors c’est que l’archaïque prend le dessus sur le symbolique.

venons-en à certaines batailles propres au milieu psy agoravoxien, combats de titans sur des mouches, parfois hautement comique, de quoi s’agit-il ? rien ! l’objet n’est que prétexte, l’on se bat au miroir, et l’on n’y prendrait jamais part au fond sans le bénéfice d’un plaisir ; non pas seulement que narcissice soit ici en jeu, il ne suffirait pas, mais c’est un jeu où le plaisir de l’imaginaire ne peut l’emporter sur le recul du symbolique, qui cède, que parce que tel est le bon vouloir de l’artiste par don, des artistes.

de même dans un couple, le vrai rapport sexuel (s’il en est) est toujours au bord du lit, entre le lit et l’extérieur du lit : on va d’abord se battre sur n’importe quoi, machine à laver, gosses, etc., puis régler ça au lit ; la bataille au lit ne sera jamais la même selon la guerre hors du lit ; ma compagne me dira toujours dans la qualité de ses invectives externes la manière exacte dont elle entend être traitée une fois les mots cédant la place aux gestes. ne pas savoir l’entendre, et c’est le dysfonctionnement assuré.

c’est cela que lacan entend aussi lorsqu’il définit l’analyste comme ce non-naïf qui reconnait immédiatement la « fécondité de l’érotique dans l’éthique » : 
le tolérant ou l’intolérant baisent ou se baisent chacun à sa manière, ne pas en tenir compte et rester sur le pur plan philo est ici naïveté, en ce sens l’analyse de Hervé aboutit beaucoup mieux, car s’en tenir à une logique des signifiants et de la forme est plus rémunérateur que se plonger dans les méandres fort piégés du sens.

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