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citoyen citoyen 26 mai 2013 13:41

Non Malthus, tu ne comprends pas,


d’abord ton projet m’apparait inintéressant, car c’est encore une fois le symbole plutôt que l’efficacité que tu recherches.
Or précisément, la conversion fixe et qui plus est 1 pour 1, c’est du foutage de gueule à la Le Pen. En gros elle préconise comme Généreux que la BdF émette des Euros, à la différence qu’elle va les appeler « Francs », mais ses francs seront en faits des euros déguisés.

la monnaie locale n’a pas à être adossé sur une monnaie-dette sinon son effet subversif est très limité, il faut par exemple s’inspirer de la théorie créditiste (https://fr.wikipedia.org/wiki/Cr%C3%A9dit_social) pour instituer et garantir par une « autorité » un mécanisme de création monétaire déconcentré (si tu préfères) en fonction des besoins locaux, pour un développement endogène équilibré. 

la monnaie actuelle n’est basée sur rien, ou presque, une monnaie locale efficace est basée sur la production, par exemple si les bordelais veulent une nouvelle ligne de tramway, j’émets la quantité nécessaire de monnaie et je la détruit à mesure que le tramway s’use.

ça ne t’aura pas échappé qu’il y a des grandes disparités entre territoires, dont certains vivent d’ailleurs au crochet de fonds structurels européens ; qu’il y a une hypertrophie de certaines ville et une surconcentration urbaine, avec le terrible phénomène des « banlieues », etc.

donc il me semble qu’il y a un défi à relever en terme de rééquilibrage, de maillage plus dense en services publics, de reconstructions de filières locales et courtes, en production énergétique, agricole, industrielle, etc., si cela c’est attenter à l’unité de la France...laisser des territoires se mourir et dépendre du bon vouloir de Paris...

et pire, si l’unité de la France ne tenait que par l’argent...ma foi, c’est que nous serions tombés bien bas.

maintenant, puisque tu es « bien renseigné » ou ton pote asselineau-dépendant, tu vas me dire de quoi le Franc est-il le symbole, en te penchant sur une époque où la CIA n’avait pas encore d’existence mais où il s’agissait déjà d’établir l’Etat comme le moyen de faire travailler un peuple au bénéfice des grands argentiers. Par le même raisonnement qui conduit Asselinea à rejeter l’Euro, l’Histoire de la Banque de France, devrait logiquement te conduire à rejeter ce symbole comme celui d’une « souveraineté » quelconque du seul « souverain » que je connaisse : le Peuple. 

Je t’invite aussi à te pencher sur le fameux « tournant de la rigueur » de 83, histoire de bien être au clair sur le degré de « souveraineté » que permettait le Franc des banquiers pour appliquer un programme qui ne leur plaisait pas. 30 ans ont passé, mais il n’y a pas beaucoup d’incertitudes sur ce qui peut être fait en termes de politique monétaire dans un régime de changes devenus flottants depuis 1971 et sans contrepartie-or pour le dollar, quand 70% de nos échanges se font avec les pays d’europe et non de la Françafrique...exactement ce qui se passe pour Orban et sa clique, en pire.

maintenant, je veux bien débattre, mais il me faut du solide, c’est à dire une base théorique sérieuse, au delà de la symbolique, parce que de ce que je vois, la politique de passager clandestin menée par l’Allemagne a plongé tous les autres pays dans une crise pourtant facilement soluble par une relance keynésienne à l’échelle européenne, et ce qui va avec, retraites par répartition, salaires minimums, etc..

Pour sortir de la crise dans ce régime capitaliste, il y a cette solution, et elle est européenne (le protectionnisme « intelligent » de Mr Philippot ne changera pas la structure des échanges en un claquement de doigt et il le sait bien, j’en ai déjà parlé avec lui) ou bien la solution « non-coopérative » d’harmonisation par le bas que nous subissons actuellement, avec bien évidemment l’absence de dumping monétaire possible à cause de l’Euro, mais cette solution ne ferait que surajouter un paramètre dans la course à l’échalotte.

Autrement dit, si on sait lire un programme ou un bouquin d’économiste hétérodoxe sérieux, la sortie de crise par une stratégie nationale commence d’abord par de gros coup de poker pour contraindre les pays à stratégie « non-coopérative » de coopérer, des réorientations géopolitiques pour trouver des coopérateurs hors europe et/ou par des mécanismes internes à mettre en place pour opérer une bifurcation radicale mais inévitablement progressive de sortie du capitalisme. Sans cela, on est dans la forfanterie.

Or la forfanterie cocardière ne m’intéresse pas, car justement, mon point prioritaire c’est la démocratie, c’est à dire la souveraineté du peuple en tant que corps constitué de citoyens et la liberté de l’individu dans ses choix de vie. Et qu’il vise à satisfaire des cupidités apatrides ou nationale, le régime capitaliste de la propriété lucrative (le fameux « vol » dont parle Proudhon), le capitalisme est incompatible avec la peine et entière liberté d’un peuple et de ses membres.

Mon préalable n’est donc pas la sortie de l’Euro pour récupérer une très éphémère ou illusoire « souveraineté », mais bien la révolution citoyenne pour une société du bien vivre. D’où il ressort que si untel ou untel ne propose pas un projet de société en dehors du capitalisme et de sa fausse démocratie, je ne saurais lui faire confiance, car sa logique le conduira à capituler tout en faisant semblant.

ce qui pourrait me rendre fier d’être Français c’est précisément cette révolution citoyenne. Je ne veut pas d’un nouvel impérialisme, pas d’un nouveau Vichy, et pas qu’on se serve du drapeau pour bassement mener une politique de « beggar your neighbour » afin de remplir les poches de la classe dominante locale.

et donc pour ceux-là, comme de bien entendu, il faut se glorifier de notre magnifique agro-industrie ultra-subventionnée et boostée aux produits chimiques déversant sur le monde ses produits au détriment des agricultures locales et surtout ne rien attenter contre les oligarchies de nos voisins dont le destin leur appartient et n’a évidemment aucune conséquence sur notre bien-être...ma foi, effectivement, à défaut d’être altermondialiste ou simplement internationaliste, j’ai bien affaire à un nationaliste benêt.

et comme le nationalisme est ton seul logiciel de lecture tu interprètes la volonté de lutter frontalement contre l’hégémonie du néolibéralisme comme une volonté d’une Europe mélenchonienne. Or il ne s’agit pas de cela. Il s’agit bien de faire triompher des idées et des principes pour que les peuples d’Europe puissent enfin prendre leurs destinées en main. En somme, c’est une certaine idée de la France, celle qui transmet ses lumières, et si possible sans missionnaires armés.

Nous avons des liens fort avec des mouvements aux idées similaires, dans le monde entier. Mais pour le moment en France, nous sommes en train de rattrapper le retard sur l’extrême droite, qui a su tirer les enseignements de Gramsci mieux que certains partis pourtant très anciennement implantés, la bataille culturelle se mène à la fois contre la forme néolibérale du capitalisme et contre les réactionnaires (l’UMP-PEN en voie de formation et aux discours fascisants), nous sommes donc dans une guerre de position
http://lectures.revues.org/7700

car, comme disait Jaurès : « Ces grands changements sociaux qu’on nomme des révolutions ne peuvent pas ou ne peuvent plus être l’œuvre d’une minorité. Une minorité révolutionnaire, si intelligente, si énergique qu’elle soit, ne suffit pas, au moins dans les sociétés modernes, à accomplir la révolution. Il y faut le concours, l’adhésion de la majorité, de l’immense majorité. »

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